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Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 08:39

Les résultats français des élections européennes du 25 mai 2014 marquent une profonde rupture du jeu électoral hexagonal. Jamais les partis de gouvernement (du PCF jusqu'à la droite de l'UMP) n'ont été aussi faibles : ils ne rassemblent que 69,1% des suffrages exprimés, contre 81,9% en 2009 ou encore 81,2% en 1994.

Le Front National est évidemment le principal vainqueur du scrutin ; il recueille près de 25% des suffrages – 4.711.339 voix avec une abstention de 57,57% (contre 6.421.426 voix avec une abstention de 20,5% aux présidentielles) ; le parti d'extrême droite enverra 24 eurodéputés (soit le tiers de la délégation française au parlement européen).

Le Parti socialiste subit sa pire défaite électorale, 13,98% sous le résultat qui avait coûté à Michel Rocard sa "carrière politique" en 1994 (14,49%). Sa délégation au Parlement européen – 13 députés – sera la plus faible jamais envoyé à Bruxelles et Strasbourg (15 en 1994).

Alors que la participation a légèrement progressé depuis 5 ans (+2 points), ce scrutin européen reste complexe et doit s'analyser au niveau européen, comme au niveau national, et au sein de chaque famille politique, pour comprendre notamment d'où vient cette progression de 15 points du vote en faveur du Front National.

La défaite du Parti Socialiste français participe de celle du candidat du PSE à la présidence de la Commission européenne mais elle n'en est pas la seule responsable.

Martin Schulz 2La candidature et la campagne de Martin Schulz, qui marquait le passage du PSE (comme les autres grandes familles politiques européennes) à une volonté de politiser l'élection des députés européens et de faire de la présidence de la Commission un enjeu démocratique, dans une interprétation très optimiste des traités.

Elle marquait un clivage réel et en tout cas plus fort avec la logique de cogestion avec les conservateurs du PPE qui dominait jusqu'ici la vie du Parlement européen. La volonté de mettre en place des eurobonds, de suspendre la négociation sur le traité de libre-échange transatlantique, de relancer l'investissement européen et donc d'en finir avec la logique d'austérité marquait sa campagne plus à gauche malgré la difficulté évidente à construire une coalition avec la Gauche radicale européenne très divisée sur la question.

France_Info_sondage_14-05-2014-copie-1.jpgLe recul attendu des partis conservateurs au pouvoir dans presque tous les pays d'Europe allait évidemment profiter aux partis populistes eurosceptiques ou europhobes, mais les sondages laissaient espérer une nette progression du PSE et de ses alliés au sein du groupe S&D. Les derniers sondages quelques jours avant le vote plaçaient S&D autour de 200 eurodéputés (stabilité), la gauche radicale à 55 eurodéputés (+20), les écologistes à un peu moins de 50 eurodéputés (-7/-10). La légère progression de la gauche européenne toutes sensibilités confondues (insuffisante pour une majorité) contrastait avec les fortes pertes attendues pour le PPE : on lui promettait 205 à 210 eurodéputés (-63/-68) ; le groupe libéral ALDE était également en recul avec 55 eurodéputés espérés contre 83 dans le parlement sortant. Dans cette configuration, une majorité de gauche, même étendue aux Libéraux semblaient plus stables qu'une majorité de droite conservatrice et libéral‪… la première condition était cependant que le PSE arrive en tête, et pour cela, la différence pouvait se faire en France, seul État-membre dont le gouvernement soit à direction socialiste sans coalition avec des forces de droite ou du centre.

Même si les sondages n'étaient pas encourageants, avec 14 députés élus en 2009 toute progression en France permettait de se rapprocher de l'objectif. Martin Schulz a particulièrement labouré notre pays dans cet espoir. Avec 13 eurodéputés, le PS français fait encore moins que ce qui est attendu – les slogans contre l'austérité en Europe ce sont fracassés contre la perception qu'ont les électeurs de la politique gouvernementale – mais l'écart s'est encore plus creusé à l'échelle européenne : le PSE n'atteint que 189 sièges, la gauche radicale progresse moitié moins qu'attendu, les écologistes et les libéraux perdent moins que prévu. La décrue du PPE correspond aux prévisions. C'est donc du côté droit de l'euroscepticisme et de l'europhobie que s'est jouée l'élection européenne.

BokSGmiCQAEIEar.jpgLe PS français n'est pas le seul à avoir fait moins qu'attendu et sa baisse entre deux scrutins européens ou par rapport aux sondages n'est pas la pire subie au sein de la famille socialiste européenne, bien qu'au regard des moyens politiques et institutionnels dont ils disposent nos camarades sociaux-démocrates ont de quoi être étonnés par notre situation.

Plusieurs partis socialistes européens étaient attendus à des niveaux plus importants :

  • - les sociaux-démocrates lituaniens recueillent avec 23% près de 15 points de moins que ce que lui octroyait les enquêtes d'opinion ;

  • - le SMER-SD du gouvernement slovaque -14 points ;

  • - le PS portugais -7 points (essentiellement au profit des communistes de la CDU) ;

  • - le PS bulgare -9 points ;

  • - le PSO luxembourgeois -9 points

  • - le PSOE -6 points (au profit de la gauche communiste, des «indignés» ou des républicains catalans) ;

  • - le SAP suédois -6 points ;

  • - le SDS slovène -2 points ;

  • - le SLD polonais -2 points ;

  • - les SD danois -2 points ;

  • - le Labour britannique -2 points ;

  • - le PS belge et son homologue flamand du sp.a : -2 points ;

  • - le SDE estonien -2 points...

Évidemment, ne pas recueillir les deux points attendus n'a pas les mêmes conséquences entre la Pologne et ses 40 millions d'habitants ou la Slovénie. Ou encore la Grande Bretagne. Idem si on compare la Bulgarie ou le Luxembourg.

exit poll NL Ipsos-NOS 22-05-2014Ces déconvenues ne peuvent pas être compensés par les résultats meilleurs que prévus en Italie (+1), en Roumanie (+3) ou en Croatie (+5). D'une manière générale, la social-démocratie européenne n'est pas en grande forme, si aux Pays-Bas les résultats sont relativement conformes aux sondages et ne relèvent pas de la mauvaise surprise qui nous auraient coûté la présidence de la Commission, le PvdA fait seulement 9,4% ce qui est catastrophique pour un parti gouvernemental qui avait recueilli près de 25% des voix aux législatives de 2012.

D'une manière générale, les partis du PSE paient les politiques libérales qu'ils mènent nationalement de leur propre chef ou en coalition avec des libéraux (France, Pays-Bas, Danemark) ou peinent à retrouver la confiance de leurs électeurs qui ont subi des politiques d'austérité quand ils étaient au pouvoir (Grande-Bretagne, Espagne, Portugal) ou carrément l'échec économique (Pologne, Hongrie) ; ils sont les premières victimes du désintérêt des électeurs pour les élections européennes (80% d'abstention en République tchèque, 87% en Slovaquie, 71% en Hongrie).

Enfin, dans certains pays, la faiblesse relative des partis socialistes ne profitent pas suffisamment à la gauche radicale qui se présentait en listes concurrentes (Portugal) ou "souffre" de la concurrence de petites listes de gauche (Espagne), ou encore fait moins qu'espéré (France, République tchèque, Pays-Bas, Belgique).

En France, un score historiquement bas de toute la gauche

europeennes_1999-2009-2014.jpgLe PS n'est pas la seule victime du scrutin européen. Avec 34% des suffrages, l'ensemble des voix portées sur les partis de gauche (extrême gauche comprise) sont en recul de près de 1,4 million d'électeurs et de 10,9 points par rapport à mai 2009, alors même que la participation a progressé de 2 points et de 1,73 million d'électeurs.

Les élections de 1994, 2009 et 2014 sont les pires années électorales pour le PS et la comparaison est plutôt aisée car le nombre de suffrages exprimés et le nombre de suffrages portés sur le PS sont assez proches.

2014 introduit une nouveauté déplorable ; les deux autres scrutins, le PS avait beau faire de mauvais scores, les autres listes de gauche compensaient la défaite : MRG/Tapie et MDC en 1994, Europe Écologie en 2009.

En 2009, on sait parfaitement qu'une partie des 2 millions de voix perdues par le PS (il avait recueilli 4,96 millions de voix en 2004 – année exceptionnelle) s'étaient portées vers les listes Europe Écologie par dépit et pour sanctionner l'image déplorable que le PS avait donné de lui à l'occasion du congrès de Reims. Si on rapporte à des rapports de force plus classiques que ceux de 2004, en 1999, le PS avait recueilli 3,87 millions de voix et les Verts 1,7 million : on retrouve le système de vase communiquant sur 10 ans le PS perd 1 million de suffrages au profit des écologistes.

De 2009 à 2014, le PS ne perd que 180.000 suffrages, mais il les perd alors que la participation progresse, et que les écologistes tombent à des niveaux bas de représentation classique de leur famille politique aux élections européennes : 1,7 millions de suffrages (-1,1 million), 9% des exprimés. Entre les deux élections, le PS n'a donc pas profité de l'augmentation de la participation ou du retour des écologistes à leur étiage habituel, et loin de récupérer ceux de ses électeurs qui avaient voté écologistes en 2009, il perd encore des voix.

Alors que le Front de Gauche maintient son électorat entre deux scrutins européens (on y reviendra), c'est bien la preuve renouvelée du phénomène qui a frappé la gauche aux élections municipales : les électeurs socialistes ont sanctionné le PS et le gouvernement, non pas en votant pour un de ses partenaires (comme en 2009 lorsque tous étaient dans l'opposition) mais en s'abstenant massivement. Une fois de plus c'est l'électorat de François Hollande au premier tour de la présidentielle qui décroche du parti dont est issu le Président de la République (quel que soit le niveau d'abstention). On verra que sur certains territoires, cela peut être pire encore.

L'électorat d'extrême gauche subit également les "désillusions" de son électorat. Celui-ci semble avoir fait le deuil de l'extrême gauche dans sa capacité actuelle à peser sur le jeu politique traditionnel (les plus « électoralistes » de leurs cadres sont partis au Front de Gauche) et plus encore aux Européennes, perçues par eux comme un scrutin inutile pour une parlement fantoche : l'extrême gauche perd 700.000 voix et passe de 6,1% à 1,6% des suffrages.

Il faut remarquer le score de Nouvelle Donne. Ce parti est sans doute un feu de paille, mais en moins d'un an ce mouvement fondé de bric et de broc rassemble 600.000 voix et plus de 3% des suffrages. Ceux-ci viennent sans doute des 180.000 voix perdues par le PS, du million de voix socialistes perdues par les écologistes entre 2009 et 2014 et peut-être de la hausse de la participation.

Le Front de Gauche est le dindon de la farce des élections européennes. Il paye à la fois la stratégie agressive de Jean-Luc Mélenchon et les effets du découpage régional couplé à la règle de la proportionnelle.

statut_26-05-20104_Pierre_Laurent.pngEn effet, on pouvait imaginer que la présidentielle de 2012 et les 11% de Mélenchon ne soient pas passés par pertes et profits. Avec 6,3% des suffrages, le Front de Gauche fait à peine mieux qu'en 2009 et ne gagne que 160.000 voix en 5 ans. C'est la preuve de la déconnexion complète entre le discours irascible fondé sur la croyance en l'existence de deux gauches irréconciliables de Jean-Luc Mélenchon et la perception de l'unité de la gauche par son électorat. L'effet finit par être démobilisateur sur un électorat qui s'étaient pourtant fortement remobilisés depuis 2009 grâce à la dynamique du Front de Gauche. Celle-ci est en passe d'être gâchée et le co-président du PG fait subir au PCF les conséquences de ses propres turpitudes : le FdG perd un eurodéputé passant de 4 à 3 sièges alors même que la représentation française progresse de 2 sièges. Le recul de la liste de Jacky Hénin dans le Nord-Ouest, l'éparpillement des suffrages et l'écrasement du vote FN dans cette circonscription entraîne la perte d'un eurodéputé communiste.

Sans doute faut-il voir ici l'une des raisons pour lesquelles Pierre Laurent a lancé le lundi 26 mai après-midi un appel au nom du PCF à dépasser le Front de Gauche pour créer un nouveau Front populaire, avec tous ceux qui sont «malheureux à gauche» que la gauche se soit «trop éloignée de ses valeurs».

La droite républicaine s'effondre également

Le soir des résultats, responsables de l'UMP expliquait que les 20,8% réalisés par leur parti étaient certes un mauvais résultats mais qu'il fallait y ajouter les 9,93% des listes UDI-MODEM pour le comparer aux résultats des listes de la majorité présidentielle UMP-NC en 2009 (27,88%).

Cette analyse ne tient puisqu'en 2009 on comptait des listes MODEM qui ont rassemblé 8,46% des suffrages exprimés et 1,45 millions de voix. Les résultats du centre se projettent donc d'un scrutin à l'autre avec une progression de 430.000 voix (que l'on peut attribuer effectivement à celles des centristes qui avaient voté majorité présidentielle en 2009). On est loin des 850.000 perdus par l'UMP de 2009 à 2014. Ces suffrages perdus ne se retrouvent pas dans les listes divers droite qui perdent elles-mêmes 30.000 voix.

C'est une véritable défaite pour l'UMP qui n'apparaît pas aux yeux des Français comme une alternative crédible à la gauche pour gouverner et invalide un peu plus la fable de la «vague bleue» perçue par Jean-François Copé au sortir des élections municipales.

Vague blanche croisée et vague brune, les véritables enseignements du scrutin de mai 2014

Le FN passe de 1,09 million de voix en 2009 (année basse – 2004 : 1,7 million ; 9,8%) et 6,3% à 4,7 millions de voix en 2014 (24,85%).

Si l'on considère que les 1,2 millions de voix issues de la participation supplémentaire entre 2009 et 2014 ou les 450.000 perdues par la droite républicaine sont toutes passées au FN, il reste encore 1,9 millions de suffrages à trouver pour expliquer le score du parti d'extrême droite en 2014. La gauche a perdu 1,35 million de voix entre 2009 et 2014, si toutes sont passées au FN, il faudra encore plus de 550.000 voix pour faire le compte.

France_2009.jpgIl est peu probable que toutes les voix perdues par la droite républicaine et la gauche soient passées au FN directement. Cela signifie qu'il y a eu un mouvement croisé d'électeurs de gauche et de la droite républicaine choisissant de s'abstenir et que le nombre d'abstentionnistes de 2009 venus voter en 2014 est largement supérieur au chiffre de 1,2 million que nous offre la lecture brute de la participation lors de ces deux scrutins. C'est donc en nombre important que ce sont déplacés en 2014 pour voter FN des électeurs qui avaient choisi de s'abstenir en 2009.

Il paraît cependant indéniable que de nombreux électeurs de gauche ait sauté le pas de voter FN en mai 2014.

La comparaison des cartes de 2009 et 2014 est éclairante même si on regarde uniquement les listes arrivées en tête du scrutin par commune. La comparaison des deux cartes montre des phénomènes de basculement très clair de gauche à l'extrême droite dans des régions du nord, de l'est et du centre de la France avec parfois également des effet dans le sud-ouest.

France_2014.jpgDans le Nord, la gauche perd 84.293 voix quand le FN en gagne 150.000 et multiplie son score par 3,5 ; une telle progression ne s'explique pas sans que la majorité des voix perdues par la gauche et notamment le PS (-52.400) se soient portées sur le FN.

  • - Idem dans le Pas-de-Calais : -48.000 à gauche, + 120.000 au FN score x 3,5.

  • - Idem dans la Moselle -25.000 à gauche, +64.000 au FN score x 4,2

  • - en Meurthe-et-Moselle cependant une partie des voix de gauche perdues par le PS et EELV (-17.400) a pu se retrouver sur le Front de Gauche (+4.200), le FN +45.500 score x 5

  • - idem dans la Nièvre : FdG (+850), PS-EELV -8.200, FN +15.000 score x 5

  • - Allier : -7.000 à gauche, + 12.300 au FN score x 4,7

  • - dans l'Aude phénomène comparable à la Meurthe-et-Moselle et à la Nièvre : +2.200 FdG, -6.600 PS-EELV, + 30.900 FN score x 4,6

A contrario dans le Lot, les pertes et les gains à gauche s'équilibrent : +850 FdG, +530 PS, -1.400 EELV, FN + 8.500, la droite républicaine perd 5.000 voix. C'est vraisemblablement l'électorat de droite qui s'est porté sur le FN.

Tirer les leçons de la désaffection de notre électorat et parfois de son basculement

François Hollande n'a pas voulu comprendre le message des Français aux élections municipales, il a décidé d'accélérer les politiques libérales avec Manuel Valls et a organisé une désignation d'opérette au PS pour remplacer Harlem Désir par Jean-Christophe Cambadélis. Les mêmes causes produisent les mêmes effets : les sondages sur l'esthétique des dirigeants politiques n'y changent rien.

Preuve est faite également que les Français ne font toujours pas de différence entre les différents partis de gauche,l'échec provoqué par les fautes politiques du gouvernement plonge toute la gauche dans la défaite : PS+EELV+FDG font à peine 30%. Il convient désormais de tous nous interroger et de réviser nos copies et nos stratégies : assez d'anathèmes méluchiens, assez d'abdication devant les libéraux et les réactionnaires.

La gauche doit se rassembler et elle ne pourra le faire que sur une orientation résolument progressiste qui rompe clairement avec les logiques libérale et austéritaire en France et en Europe.

Sur le plateau d'I-télé, M. Sportouche de L'Express expliquait après l'intervention du chef de l’État qu'en mettant le FN en tête les Français avaient tout autant désavoué les politiques sociales-libérales françaises et européennes que celles proposées comme une alternative à gauche par la gauche du PS et les « frondeurs » notamment. Les Français ont voté FN selon lui et non Front de Gauche.

La réalité est plus complexe : les électeurs de gauche et tout particulièrement ceux de François hollande au premier tour de la présidentielle ont massivement choisi de s'abstenir pour manifester leur incompréhension et aussi leur désaveu des politiques gouvernementales. Dans l'électorat de gauche commence à s'installer l'idée que F. Hollande et donc les socialistes auraient trahi le mandat qu'ils leur avaient confié. C'est un schéma comparable aux municipales.

Une partie de ces électeurs déçus voire écœurés ont même sauté le pas comme on le pressentait dans les législatives partielles et certaines municipales en votant FN. Il n'est pas trop tard pour que ce vote d’écœurement ne se consolide pas. D'autant qu'il y a d'autres moyens de répondre aux attentes de ces Français qui souffrent de se sentir abandonnés face au chômage et la baisse de leur pouvoir d'achat. Partout où la République recule ce sont les communautarismes et les logiques d'exclusion qui prennent sa place ; or la République s'incarne d'abord dans la solidarité nationale et les services publics. Si la puissance publique cesse de mener des politiques conduisant à leur démantèlement par l'austérité, si elle démontre sa capacité à agir directement sur les préoccupation majeure des Français par la relance de l'investissement, de l'innovation et de la politique industrielle, donc avec des conséquences évidentes sur les créations d'emplois et sur les salaires, alors les Français ne seront pas tentés d'écouter et de croire ceux qui, sous un verni léger d'anti-libéralisme de circonstance, ne font que désigner une partie de la population comme le bouc émissaire à leur désarroi.

Si la pression devient trop forte par l'action conjuguée des syndicats, des partis de gauche et du parlement, on peut encore espérer contraindre l'exécutif à revoir sa copie. Mais cela signifie deux choses :

  • -> être en mesure d'assumer le rapport de force et de l'emporter dans le PS (congrès anticipé ?) et dans le groupe parlementaire socialiste (en renforçant et élargissant les solidarités fondées par «l'Appel des Cent» ?) ;

  • -> être conscient que cela implique peut-être une crise politique grave dans laquelle le Président de la République s'affronte avec le parti dont il est issu et sa majorité parlementaire.

capture-ecran-president-francais-francois-hollande-adressan.jpgIl y a cependant urgence François Hollande éloigne chaque jour un peu plus de lui son électorat de 2012 et va convaincre de voter FN en 2017 «parce que c'est les seuls que l'on n'a pas encore essayé». Son intervention du lundi 26 mai était à ce titre désastreuse : commençant par «partout, les partis européens ont progressé» alors qu'il voulait parler des eurosceptiques, il a enchaîné les phrases creuses sur la crise et les bienfaits de l'Europe en réclamant une réorientation de la construction européenne et en concluant par sa volonté d'accélérer avec autorité (seul argument qu'il reste à ses soutiens) les réformes libérales dénoncées par son électorat.

Non seulement il fait un diagnostic erroné sur les attentes du peuple de gauche, mais celui-ci est désormais convaincu de son double discours sur la réorientation de l'UE : les électeurs de gauche pensent qu'il a cédé dès les premiers sommets européens devant Merkel et qu'il ne dispose aujourd'hui plus des moyens politiques et électoraux (majorité en difficulté) lui permettant d'être crédible face à ses pairs au Conseil européen, si tant est qu'il en ait la volonté.

Dans ces conditions, il ne paraît difficile que François Hollande reste notre candidat aux élections présidentielles ; les socialistes doivent s'exprimer en congrès puis avec des primaires et le plus vite sera le mieux pour éviter d'être encore confondus longtemps avec le Hollandisme.

Frédéric FARAVEL

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