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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

24 septembre 2014 3 24 /09 /septembre /2014 05:39

 

Un groupe de députés « frondeurs » à l’Assemblée, le jour du vote de confiance au gouvernement Valls, le 16 septembre. De profil, Barbara Romagnan (Doubs), Jérôme Guedj (Essonne) et Laurent Baumel (Indre-et-Loire).LE MONDE | 23.09.2014 à 19h19 • Mis à jour le 23.09.2014 à 19h26 | Par Hélène Bekmezian

 

Le soleil de l'après-midi tape fort, ce 16 septembre, dans le petit jardin attenant à la salle des Quatre-Colonnes de l'Assemblée nationale, où déambule, mains dans le dos, le député socialiste Laurent Baumel. Manuel Valls vient de terminer sa déclaration de politique générale, la deuxième en cinq mois, et l'élu d'Indre-et-Loire, coanimateur du collectif «Vive la gauche», songe au nombre de ses camarades, réunis le matin même à huis clos, qui ont annoncé vouloir s'abstenir lors du vote de confiance.

Encore deux heures et il saura combien de ces députés en désaccord avec la ligne politique du gouvernement ont réellement basculé. Mais il anticipe déjà un nombre moins important que prévu. Un peu abattu, il juge que le premier ministre a été plutôt bon, et évoque avec une pointe d'amertume la «passivité» de ses collègues, voire leur «résignation». A vrai dire, il s'interroge sur la suite de ce mouvement que la presse a surnommé «les frondeurs». Et maintenant ? Maintenant que le noyau dur de la contestation s'est cristallisé à une petite trentaine de socialistes – 10% du groupe –, comment perdurer ? Pris au piège des logiques de parti, des institutions et des ambitions personnelles, les frondeurs ont-ils un avenir ?

 « LIMITES DE L'EXERCICE »

Au surlendemain du vote, lors de sa conférence de presse, François Hollande a posé les bornes : rien n'empêche de «poursuivre le débat , mais «dans le cadre qui est fixé». Ce cadre, c'est la ligne politique du gouvernement mais aussi la Vème République, à laquelle le président a redit son attachement. «Les frondeurs confondent congrès et institutions. François Hollande épouse totalement les institutions et, dans la Vème, les députés n'ont pas le droit de changer le cours des choses», tranche le député socialiste Malek Boutih. L'ex-ministre de la ville, François Lamy, abstentionniste, est lui-même conscient des «limites de l'exercice» : «Le président l'a bien dit, on ne fait pas tomber un gouvernement sans en subir les conséquences, et elles ne se limitent pas à une démission du premier ministre.»

La menace permanente de la dissolution plane sur leur tête, qui serait intervenue en cas d'absence de majorité, comme l'a révélé le chef de l'Etat, mais aussi des armes plus légères, comme le 49-3 ou le 44-3, articles de la Constitution qui permettent de faire adopter un texte sans vote, ou sans amendement non désiré. L'exécutif finira toujours par l'emporter tant qu'ils resteront minoritaires. Quant à former un groupe parlementaire, si l'idée en séduit quelques-uns, ses inconvénients leur apparaissent aussitôt supérieurs à ses avantages.

 UN MOUVEMENT HYBRIDE

Au Parlement, les frondeurs commencent à tourner en rond. «Il fallait d'abord transgresser, installer une démarche politique. Maintenant, le risque est de s'enfermer dans le scaphandre parlementaire, d'être hermétique à l'opinion», prévient l'un des meneurs, Pouria Amirshahi. L'ancien président de l'UNEF-ID, le syndicat d'étudiants, a prévu une grande rencontre, le 27 septembre, avec des personnalités de la société civile, allant de l'acteur Philippe Torreton aux ouvriers de Fralib.

A l'université d'été de La Rochelle, la démonstration de force annoncée des mutins n'a pas eu lieu. Au sein du Parti socialiste, ils n'ont pas essaimé et il n'y a plus de place, Rue de Solférino, pour un mouvement hybride composé de proches de Martine Aubry, de Benoît Hamon, d'ex-strauss-kahniens et de quelques francs-tireurs. Au congrès de Toulouse, en 2012, les futurs frondeurs s'étaient répartis entre la motion majoritaire présentée par Harlem Désir et celle de «Maintenant la gauche», arrivée en deuxième position. Les cartes sont désormais rebattues mais l'exécutif, qui continue en sous-main à surveiller les affaires du parti, ne semble pas pressé de voir convoquer un congrès. Comme l'a annoncé le premier ministre, les élections cantonales devraient se tenir dans «180 jours» : «Ce calendrier électoral fait bien les affaires de l'Elysée, car il rend impossible la tenue d'un congrès et donc tout débouché possible pour les frondeurs», souligne l'un d'entre eux. Sans échappatoire de l'Assemblée, sans inflexion sur la ligne politique, «il n'y a que deux possibilités, assure Jérôme Guedj, l'un des piliers du mouvement. Soit continuer dans un baroud d'honneur, ce qui va finir par lasser tout le monde, soit passer le cap et voter contre». Fin juillet déjà, selon l'hebdomadaire Le Point, le chef de l'Etat confiait en privé : «Quand on fait la fronde, on doit gagner la guerre. On ne s'abstient pas. Sinon, on se retrouve petitement avec sa petite fronde et sa petite guerre.»

NI SÉCESSION NI LEADER
 

Mais la réelle sécession, quasiment personne ne l'envisage. «Nous ne sommes pas dans une logique de scission, notre problème est de peser le plus possible dans un espace dans lequel nous voulons rester», expose Laurent Baumel. A défaut de peser, ils flottent, sans point d'ancrage ni de chute. « Ils se tiennent chaud », ironise Malek Boutih qui, comme une bonne majorité du groupe PS, s'interroge sur leur devenir.

Spécialiste du PS, le chercheur en sciences politiques Rémi Lefebvre estime à un tiers le nombre de députés qui «reprochent aux frondeurs une aventure sans débouché politique». Sans leader, il leur manque une capacité d'entraînement, explique-t-il. Pouria Amirshahi l'admet : «Il est compliqué de faire vivre un mouvement sans candidat à la présidentielle de 2017.» Or Arnaud Montebourg, qui a tenté une approche des frondeurs après sa sortie du gouvernement, à la fin de l'été, n'a pas su les séduire.

«S'il devait y avoir un leader et une incarnation de la fronde, le risque est que chacun revienne à sa petite boutique», craint François Lamy, député de l'Essonne. Ce proche de Martine Aubry prévient qu'il ne faut pas attendre de la maire de Lille qu'elle prenne les rênes de la contestation, même si elle est la plus consensuelle parmi les députés qui lui doivent, pour bon nombre d'entre eux, leur investiture. «Elle n'a aucune envie de chapeauter quoi que ce soit et elle ne se résume pas aux frondeurs», assure-t-il, précisant que les réseaux de l'ex-première secrétaire peuvent et doivent se renforcer à l'intérieur du parti. Quant à s'étendre au-delà des frontières du PS pour former une gauche alternative avec des écologistes, voire des membres du Parti de gauche, c'est «une illusion», tranche un membre du gouvernement : celle de «l'union d'une petite gauche qui deviendrait la grande».

Au-delà des alliances stratégiques, les débats sur le fond risquent de tourner au piège pour les frondeurs. «Ils se sont laissés entraîner dans un débat idéologique de posture qui est un leurre. Le président se sert du débat clivant entre politique de l'offre et politique de la demande pour écarter le vrai débat», estime Malek Boutih. Ils s'enferrent dans des débats macroéconomiques à coups de milliards à redéployer, dans un sens ou l'autre. Eux-mêmes l'admettent, à l'instar du député de la Nièvre Christian Paul : «Il n'y a pas une fracture radicale au sein du PS.» Selon le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, c'est «leur vraie faiblesse : ils ne sont pas sur une ligne politique différente».

Sans compter, rappelle lui-même Pouria Amirshahi, qu'ils se divisent sur un certain nombre de questions ou ne les ont pas encore abordées, «comme l'immigration, les relations internationales, le terrorisme, l'écologie…». Désabusé, un ancien ministre du gouvernement de Jean-Marc Ayrault et cacique du PS déplore sous couvert d'anonymat «la fin des débats dans les fédérations et une certaine dépolitisation des députés».

L'avenir de ce phénomène de dissidence parlementaire, «complètement inédit sur le plan historique», à en croire Rémi Lefebvre, n'est pas écrit. A court terme, c'est probablement une bataille de tranchées sur le budget qui s'annonce à l'Assemblée. Mais ensuite, l'année 2015 et ses doubles élections locales (départementales et régionales) demeurent imprévisibles. Un avenir d'autant plus incertain que le fort renouvellement des députés en 2012 et l'arrivée d'un grand nombre de primo-députés dans la majorité ont bousculé les us et coutumes.

 «ON VA MOURIR DE TOUTE FAÇON»

«Ces jeunes élus n'ont pas l'habitude de la discipline parlementaire. Ils sont arrivés au Parlement sans en connaître les codes et ils sont donc d'autant plus enclins à s'en affranchir. Ils sont plus émancipés et donc plus imprévisibles», décrypte Rémi Lefebvre. L'historien rappelle que sur les vingt-neuf abstentionnistes du 16 septembre, vingt sont des nouveaux élus. Une grande partie de ces députés savent qu'ils ont été élus sur des circonscriptions fragiles, explique le chercheur. La plupart se sentent sur un siège éjectable et savent qu'ils ne résisteraient pas à un changement de majorité présidentielle en 2017. «Alors, ils pensent qu'en se démarquant, ils sauvent peut-être leur chance d'être réélus», poursuit-il.

Quelques-uns, comme Pouria Amirshahi, que l'un de ses complices traite désormais d'«illuminé», préfèrent s'accrocher avant tout à leurs idées : «Perdu pour perdu, au moins, j'assume mes convictions, je n'irai pas dans l'abîme avec eux. Je me fous totalement d'être réélu, moi je veux changer le monde», dit-il. Pour Laurent Baumel, «la question est de savoir si nous appartenons à la génération qui accompagne le naufrage historique de la gauche au pouvoir, ou si l'on se bat». Avant d'ajouter, sans illusions : «On va mourir de toute façon.  Kamikazes, les frondeurs ? «La notion de suicide, comme chez les animaux, n'existe pas chez l'homo politicus», assure Malek Boutih, qui jauge à une dizaine seulement le nombre de «députés de base prêts à brûler tous leurs vaisseaux». Une proportion sacrificielle acceptable pour l'appareil socialiste.


Parti socialiste : les frondeurs ont-ils encore... par lemondefr

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