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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

13 avril 2024 6 13 /04 /avril /2024 17:41
VENEZ DÉBATTRE AVEC EMMANUEL MAUREL, DÉPUTÉ EUROPÉEN, ET CÉLINE MALAISÉ, CONSEILLÈRE RÉGIONALE PCF, LE 3 MAI À BEZONS
VENEZ DÉBATTRE AVEC EMMANUEL MAUREL, DÉPUTÉ EUROPÉEN, ET CÉLINE MALAISÉ, PRÉSIDENTE DU GROUPE COMMUNISTE AU CONSEIL RÉGIONAL D'ÎLE-DE-FRANCE, LE 3 MAI À BEZONS
Venez échanger avec Emmanuel Maurel, député européen GRS et membre du groupe parlementaire de la gauche, 3e de la liste de Gauche Unie pour le monde du travail conduite par Léon Deffontaines, et Céline Malaisé, présidente du groupe communiste au conseil régional d'Île-de-France.
Vendredi 3 mai 2024 à 19h
à la Maison du Peuple de Bezons

40 rue Claude-Bernard
(à 7-8 mn à pieds depuis la station Pont-de-Bezons du T2)

 
Le 9 juin 2024, vous aurez à vous prononcer pour les élections européennes : envoyons un message à notre gouvernement et surtout élisons des parlementaires européens utiles à gauche !
En Europe, le droit à la mobilité ne peut pas se résumer à la libre circulation des biens et marchandises.
Pour chacun, se déplacer est une nécessité et un droit.
En région Île-de-France, plus 9 millions déplacements sont réalisés chaque jour en transport commun. Le développement de réseaux de transports accessibles à toutes et tous est un enjeu crucial en Europe.
NON à la privatisation des transports,
NON à l’ouverture à la concurrence,
OUI au développement d’offres publiques de transports.
Ensemble, échangeons nos idées pour améliorer le droit à la mobilité, l’accès aux transports, aux services publics, à une énergie accessible et décarbonée et remettre la construction européenne au services des peuples !

La rencontre débat se fera également en présence de :
  • Cécile Dumas, conseillère régionale et secrétaire départementale du Val-d'Oise (PCF) du Parti Communiste Français
  • Frédéric Faravel, conseiller municipal et communautaire de Bezons, membre de la direction nationale de la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS)
  • Marjorie Noël, conseillère municipale PCF de Bezons

contact organisation :
@ :
gauchersbezons@gmail.com
tél. : 06 83 29 24 95
VENEZ DÉBATTRE AVEC EMMANUEL MAUREL, DÉPUTÉ EUROPÉEN, ET CÉLINE MALAISÉ, CONSEILLÈRE RÉGIONALE PCF, LE 3 MAI À BEZONS
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1 avril 2024 1 01 /04 /avril /2024 16:22

Avant le conseil municipal du 6 avril prochain qui portera essentiellement sur le budget, il m'a paru important de remettre en ligne mon intervention lors du conseil municipal du 12 mars 2024 lors du débat sur le rapport d'orientations budgétaires. Il est capital de noter que, durant tout ce débat, la Maire et son équipe ont caché leur volonté d'augmenter les impôts locaux, ce qui sera la principale disposition du prochain budget municipal.

Après une longue et pénible présentation, durant laquelle Mme Beltaïef ne semblait pas totalement maîtriser ce qu’elle lisait et butait sur un mot sur trois, nous avons pu exposer quelques remarques…

Nul ne découvre que la situation est difficile ou que l’État depuis près de 20 ans maltraite les finances des collectivités territoriales, c’est une donnée permanente depuis lors mais l’équipe de Mme Menhaouara semble ne pas avoir la capacité d’y faire face contrairement à celles qui l’ont précédée. Reconnaissons le : les 10 milliards d’euros de suppression de crédits budgétaires que l’État vient d’annoncer deux mois à peine après la promulgation de la loi de finances ne vont pas améliorer la situation frappant l’éducation, l’emploi, l’écologie ou encore le logement, mais elles n’affecteront pas directement les collectivités. Notons cependant que, plutôt que d’être sur une position offensive pour exiger avec d’autres la restauration des services publics locaux (CAF, CPAM, La Poste, le commissariat de police, des dotations dignes pour nos établissements scolaires …), d’une fiscalité locale normale ou de dotations financières décentes, Mme Menhaouara et son équipe préfèrent faire profil bas, affichant une complicité soumise avec les représentants du gouvernement sans jamais rien obtenir de sérieux d’ailleurs.

Cette soumission s’étend d’ailleurs à la communauté d’agglomération – Mme Menhaouara l’a reconnu en séance – au sein de laquelle elle ne se bat jamais pour exiger des attributions de compensations (ce que l’agglomération doit à la commune) à la hauteur de ce que notre Ville mérite : non elle vote toutes les propositions de la droite sans discuter (raison pour laquelle toute la majorité de droite du conseil communautaire lui tresse des compliments) : les communes riches de l’agglomération volent l’argent qui devrait revenir aux Bezonnais et Mme Menhaouara est leur complice : elle vous fait les poches à leur profit ! C’est ainsi plusieurs millions d’euros par an qui nous manquent.

Notons également que l’inflation a baissé (Mme Menhaouara semble avoir découvert que les prix ne baissaient jamais et elle a tenu à nous l’expliquer comme une grande nouveauté et une nouvelle excuse à son incurie : rappelons lui que cela a toujours été le cas), que les conséquences d’une inflation à 2,5% sont plus faciles à gérer que celles d’une inflation à 6%. Notons enfin que, même si les ménages ne peuvent en profiter à cause de la suppression du bouclier tarifaire, les prix de l’électricité et du gaz sont plus bas qu’avant le début de la guerre en Ukraine : il faudrait que la Ville se batte avec d’autres pour en profiter, gageons qu’elle n’en fera rien.

La Maire s’est également plaint de la baisse des recettes des droits de mutation : ce sont les participations que la Ville reçoit à chaque vente ou opération immobilière. La crise immobilière a joué évidemment mais pas seulement : en effet, on se souvient que Mme Menhaouara avait prétendu pendant la campagne arrêter TOUS les permis de construire de ville, elle a concédé n’avoir pu que les diminuer de moitié – sa promesse était intenable, elle le savait, elle vous a menti, une ville sans permis de construire est une ville qui meure –, mais cela n’est pas sans conséquences car cela a aussi durablement impacté les recettes des droits de mutation et donc fragilisé les finances municipales : Bossuet écrivait « la providence se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes. » A quelques mots près, voici qui s’applique parfaitement au cas de Mme Menhaouara !

Elle se plaint également – prétendant pourtant tout faire pour maîtriser les dépenses – que les dépenses progressaient plus vite que les recettes… oui c’est le cas depuis 2021 donc depuis qu’elle gère directement le budget municipal : c’est sa gestion qui est en cause et non celle de qui que ce soit d’autre ! On connaît le discours de Menhaouara, c’est toujours la faute des autres, elle n’a jamais aucune responsabilité en quoi que ce soit, à croire qu’elle n’est pas Maire. On a vu comment elle avait contribué à la baisse des recettes, elle ne peut pas s’exonérer des dépenses : elle prétend payer encore les investissements du mandat précédent ? Mais enfin, il s’agit des programmations budgétaires qu’elle a elle-même votées entre 2014 et 2020 et qu’elle ne peut prétendre découvrir, personne ne lui a laissé de mauvaises surprises ou alors elle se les a faites à elle-même !?!

Par ailleurs, accordons lui que – largement du fait de sa mauvaise gestion – la situation budgétaire soit tendue : dans ce cas, regardons l’accélération des investissements en 2023… il y en a pour plus de 3 millions d’euros, avec pour certains postes des chiffres sous estimés (la cour de Louise-Michel a coûté bien plus que les 785.000€ affichés car il a fallu reprendre des travaux mal faits pour un résultat qui ne satisfait pas les principaux intéressés), chacun de ces investissements peut se justifier mais pourquoi les précipiter quand Mme Menhaouara a mis les finances en difficulté ?

Non à la place, après avoir affirmé du bout des lèvres qu'elle était favorable aux mesures d'augmentation du point d'indice des fonctionnaires (il a été gelé 12 ans quand même !?!), elle n'a cessé, plusieurs fois dans l'année, de se plaindre des conséquences de cette augmentation de la rémunération des agents communaux sur les finances communales. Elle reproche à l'Etat (sans jamais se mobiliser pour obtenir un changement de comportement) de ne pas avoir compensé les quelques 354.000 euros sur 2023 que cela représente : 0,4% du budget municipal, rien qui ne le déséquilibre... même si on le calcule sur une année complète, on atteint 1,4M€, soit 1,6% du budget municipal... rien de comparable avec l'addition des investissements précipités, avec l'absence de prévention et de vigilance sur les bâtiments municipaux (qui peut croire qu'après 3 ans et demi, Mme Menhaouara découvre soudainement des défauts de structure sur le gymnase Jean-Moulin ... sauf s'ils n'ont jamais fait d'inspection pendant tout ce temps), l'engagement de destruction de bâtiments, etc. ou encore avec la diminution des recettes qu'elle a provoquée.

Venons en aux priorités annoncées pour le budget 2024...

On ne reviendra pas sur le b-a-ba, Education, Culture, Sports, si ce n'est pour dire qu'au rythme où cela va Mme Menhaouara prétendra en 2026 avoir ouvert 50 classes (elle crée peut-être des salles, mais les postes d'enseignants ne sont bizarrement pas là, cherchez l'erreur), que le Théâtre manque toujours de financements nous y reviendrons (même s'il y a des choses intéressantes dans la nouvelle programmation) et que la ville n'a toujours pas l'ombre d'un projet de stade depuis que Mme Menhaouara a supprimé le seul projet possible.

La priorité environnement : chacun peut voir à quel point la propreté de la ville s'améliore et nous avons failli nous étouffer de rire lorsque Mmes Beltaïef et Menhaouara ont annoncé l'extension du parc Bettencourt... sur les terrains qui étaient prévus pour étendre le parc Bettencourt, elle a fait construire son terrain de sport synthétique (vive l'écologie), fait abattre des arbres classés comme remarquables et engagé de nouvelles constructions pour un "village associatif" en béton, alors que des locaux associatifs attendaient en 2020 les associations au-dessus de la salle Elsa-Triolet.

La priorité sécurité : un poste coûteux, qui ne peut donner de résultats... vous pourrez engager tous les policiers municipaux de la terre (et à Bezons le turn over des équipes est impressionnant), mettre des caméras partout pour recréer un monde à Big Brother, il n'y aura pas de réels résultats pour la tranquillité publique sans que soit réinstallé un véritable commissariat de police nationale de proximité. Ce sera NOTRE combat, elle l'a abandonné.

Il manque une priorité essentielle, ce qui témoigne de son mépris pour la réalité vécue par les Bezonnais(es) : celle de l'action sociale et de la solidarité... Depuis 2021, nous n'avons de cesse de réclamer un effort plus conséquent en ce domaine, en 2022 elle avait même baissé le budget du CCAS... depuis, elle et son équipe rattrapent petitement le retard pris. Or la situation est inquiétante : chacun a pu voir lors de la dernière foire de Bezons en septembre 2023 les traces de l'appauvrissement d'une partie de la population ; les témoignages sont d'ailleurs de plus en plus nombreux. Un autre indice ne trompe pas : Bezons a vu les périmètres des quartiers classés prioritaires pour la politique la ville (QPV) s'accroître par rapport à 2014-2015 (en 2014, la réforme avait conduit à un fort rétrécissement et nous considérons que l'action "politique de la ville" devrait être bien plus large, mais on comparera l'évolution entre 2015 et 2024 car ce sont les mêmes critères de sélection). Or les critères pour définir les périmètres des QPV sont ceux des taux de pauvreté, si les périmètres augmentent c'est que l'augmentation de la pauvreté a été constaté, Mme Menhaouara prétend l'avoir obtenu par la négociation politique, c'est faux : sans constat sur la pauvreté, elle aurait pu négocier tout ce qu'elle voulait, le périmètre QPV n'aurait pas été le même. Tant d'incompétence et mégalomanie en une seule personne, c'est impressionnant.

Enfin, avec d'autres élus, nous avons tenu à témoigner de notre solidarité avec le personnel municipal ; les témoignages affluent toujours plus nombreux sur des situations de souffrance, dues à des méthodes de management et de gestion des ressources humaines inappropriées, des effectifs insuffisants dans un certain nombre de service (espaces verts, propreté, notamment) ce qui place les agents restant en échec et en usure accélérée, une diminution générale des moyens qui rend plus difficile l'exécution de leurs missions de service public, une application brutale et sans aménagement de la réforme inique des 1607h (M. Cuvillier et Mme Menhaouara se planquent derrière l'application de la loi, mais la réalité c'est qu'il y avait moyen d'atténuer les dégâts et qu'ils ont tout refusé)... Les agents communaux vivent une situation de maltraitance, or ce sont eux qui font vivre au quotidien le service public local, ce sont eux les ambassadeurs la vie municipale, ils ont besoin de retrouver confiance : nous travaillerons avec eux pour redresser la barre. Mme Menhaouara a voulu mettre en avant le fait que son équipe avait créé des dispositif pour accompagner les agents avec des psychologues, etc. le mieux peut-être serait d'abord de ne pas créer à ce point les situations où les agents se sentent et sont contraints de se mettre en arrêt pour se protéger. Un élément important du serment des médecins se dit "Primum non nocere" : d'abord, ne pas faire de mal ! Mme Menhaouara, arrêtez de leur faire du mal !

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire de Bezons
Président du collectif citoyen "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Animateur national du pôle idées, formation et riposte du collectif de direction de la Gauche Républicaine et Socialiste

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16 mars 2024 6 16 /03 /mars /2024 17:18

Depuis le milieu du mois de janvier 2024, j'ai entamé quelques réflexions sur la situation géopolitique européenne. Engagé dans un nouveau défi professionnel, j'ai eu moins de temps pour écrire que je ne l'aurais souhaité et la rédaction de l'article que vous découvrirez ci-dessous m'a pris bien plus de temps que je ne l'escomptais initialement, l'actualité politique rattrapant ma réflexion, comme lorsque Donald J. Trump commença à menacer ouvertement d'abandonner ses alliés s'il était réélu. J'ai cependant persévéré et j'en ai terminé la rédaction le 2 mars dernier.

Après en avoir proposé la publication sur le site de mon parti, la Gauche Républicaine et Socialiste, j'ai finalement décidé de le soumettre à l'équipe du média Le Temps des Ruptures, une bande de jeunes gens aux convictions solides et intelligents ; je remercie chaleureusement Hugo Guiraudou et Chloé Petat et toute l'équipe de rédaction qu'ils animent pour avoir accepté la publication sur leur site de ce très long article, chose faite le 13 mars dernier. Je remercie également Benjamin Morel qui m'a encouragé à aller au bout de la rédaction et à ne pas abandonner l'idée de le publier. Je remercie enfin mon cher ami Mathieu Pouydesseau pour sa relecture et nos conversations.

Bonne lecture,
Frédéric Faravel

Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) de Bezons
Animateur national du pôle Idées, Formation & Riposte du collectif de direction de la GRS

Source photo : Gavriil Grigorov / Pool Photo pour l'interview de Poutine ; Margot Lhermitte pour le portrait de Frédéric Faravel

Source photo : Gavriil Grigorov / Pool Photo pour l'interview de Poutine ; Margot Lhermitte pour le portrait de Frédéric Faravel

Dans moins de trois mois et demi, les électeurs européens seront appelés aux urnes… et ils le feront dans un contexte géopolitique qui n’a jamais été aussi tendu depuis la fin des années 1990. Au-delà des processus internes des vies politiques nationales, cette ambiance anxiogène n’est pas sans influence sur la campagne électorale qui commence.

Et alors qu’Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne sortante (recyclée dans ce poste par Angela Merkel qui tentait de se débarrasser de sa ministre de la défense empêtrée dans des accusations de conflits d’intérêts et de favoritisme sur des millions de contrats de consultants d’incompétence) vient d’annoncer qu’elle était candidate au renouvellement de son mandat – le président de la Commission européenne est élu pour un mandat de cinq ans par le Parlement européen sur proposition (à la majorité qualifiée) du Conseil européen –, il est bon de se souvenir qu’elle avait appelé dès 2020 à l’émergence d’une Europe « plus géopolitique ». Une affirmation plutôt cocasse pour une dirigeante politique qui sur l’économique, le numérique et le géostratégique a toujours fait preuve d’un alignement total sur les États-Unis d’Amérique. Sur les questions énergétiques, elle s’est alignée soit sur la Russie soit sur d’autres dictatures tout aussi impérialistes, comme l’Azerbaïdjan.

Une naïveté stratégique et idéologique qui pourrait bien s’avérer devenir un aveuglement coupable : Vladimir Poutine a organisé sa capacité à maintenir le conflit ukrainien dans la durée, au moment où le soutien matériel et financier des Occidentaux à l’Ukraine commence lui-même à faiblir. C’est l’une des explications des revers récents des troupes ukrainiennes dans la guerre de position qui les opposent à l’armée du Kremlin. Le jusqu’au-boutisme d’une partie des parlementaires républicains au Congrès américain joue également dans cette pénurie de matériel et de munitions que subissent les Ukrainiens et donne un avant-goût de ce qui pourrait advenir de l’alliance américaine après l’élection présidentielle de novembre prochain, que Trump soit à nouveau élu … ou pas.

LE PAYSAGE POLITIQUE EUROPÉEN VA-T-IL ÊTRE BOULEVERSÉ ?

Si l’on s’en tient à l’état des sondages dans les différents États membres de l’Union européenne, les équilibres politiques au sein du Parlement européen vont évoluer, mais sans chambardement spectaculaire. En réalité, l’Union européenne a d’ores-et-déjà glissé vers la droite et les élections européennes ne seront qu’une confirmation de cette situation politique.

À l’extrême droite, la somme des groupes European Conservatives and Reformists – qui rassemble les ultra-conservateurs polonais du PiS, Fratelli d’Italia de Georgia Meloni, Reconquête, Vox ou l’extrême droite suédoise – et Identité & Démocratie – c’est le groupe initié par le Rassemblement national de Marine Le Pen avec le PVV de Geert Wilders, la Lega de Matteo Salvini, le FPÖ autrichien et Alternativ für Deustchland (AfD) – devrait passer de 18 à un peu plus de 24%… on s’attend dans les rapports de force entre ses deux groupes à un rééquilibrage entre les deux extrêmes droites italiennes au profit du parti néofasciste de la première ministre, mais surtout à un doublement du score de l’AfD – dont les orientations l’alignent de plus en plus sur une ligne néo-nazie – passant de 11 à 22/23%. Vox pour ECR et Chega (Portugal) pour ID devraient également progresser, alors que le Rassemblement national pourrait passer de 23% (score de 2019) à 27 voire 30% (Reconquête étant testé à 7-8%). À ces deux groupes parlementaires, il faut ajouter le parti de l’insubmersible premier ministre hongrois Viktor Orban qui a quitté les conservateurs du PPE en 2021, qui devrait conserver leur douzaine d’eurodéputés sans que l’on sache où ils atterriront. Enfin, parmi les députés non inscrits, on compte aussi des membres de l’extrême droite (parfois de la pire obédience comme les néonazis grecs d’Aube dorée) qui devraient encore représenter autour de 3% du parlement européen.

Les conservateurs du PPE (démocrates chrétiens allemands, néerlandais et autrichiens, LR en France, conservateurs espagnols et grecs, centre droit portugais, centristes et berlusconistes italiens, libéraux polonais et irlandais) devraient se maintenir autour de 25%. Renew Europe (libéraux européens, macronistes et conservateurs irlandais) passeraient de 14 à 11,5%.

À gauche, rien de réjouissant, le groupe social-démocrate (S&D) passerait sous la barre des 20%, le groupe des écologistes pourrait perdre au moins un tiers de ses députés. Par ailleurs, il s’agit du groupe qui est le moins cohérent politiquement du parlement européen, 1/3 de ses membres ne sont pas écologistes. Quant à la gauche radicale, elle se maintiendrait autour de 6% sans garantie à ce stade que le nouveau parti de Sahra Wagenknecht en Allemagne décide de siéger dans le même groupe parlementaire que ses « frères ennemis » de Die Linke.

sources : netpublic.fr (février 2024), je n'aboutis pas forcément aux mêmes conclusions qu'eux...

sources : netpublic.fr (février 2024), je n'aboutis pas forcément aux mêmes conclusions qu'eux...

La plupart des observateurs européens s’accordent pour le moment sur le fait que la triade PPE-S&D-Renew – la Grande Coalition européenne – disposerait toujours d’une majorité, mais une nouvelle croissance des ECR et de l’I&D pourrait “tenter” le PPE de se tourner vers la droite : en effet, PPE, ECR, I&D et un certain nombre de non-inscrits disposeraient théoriquement de la majorité au parlement européen. Cependant, il faut noter que l’extrême droite européenne ne constitue pas un bloc – si elle défend dans chacun des pays dont elle est issue des agendas ultra-conservateurs et réactionnaires (parfois mâtiné de « populisme social »), les partis qui la composent n’ont vis-à-vis des institutions européennes, de la monnaie unique ou de la politique extérieure pas les mêmes orientations et parfois au sein du même groupe : Georgia Meloni fait partie des dirigeantes européennes qui soutiennent le plus fortement (en discours) l’Ukraine, quand le dernier mois du gouvernement du PiS en Pologne a été marqué par un lâchage militaire complet de l’allié ukrainien.

Mais s’il est possible d’envisager que le PPE abandonne sa stratégie traditionnelle d’une coalition centriste, c’est que la porosité programmatique entre ses membres et les partis d’extrême droite n’a jamais été aussi forte. Certains partis membres du PPE débattent aujourd’hui plus ou moins ouvertement d’un rapprochement national avec leurs homologues d’extrême droite. En l’occurrence, dans certains États membres de l’Union européenne, l’extrême droite est au pouvoir avec le soutien de la droite (PPE) et inversement.

Sans parler du cas particulier du Fidesz hongrois, qui n’a pas besoin d’alliés pour gouverner depuis 2010, Georgia Meloni dirige le gouvernement italien depuis fin 2022 avec le soutien de la droite et du centre. D’ici quelques mois, le PVV néerlandais pourraient diriger un gouvernement avec le soutien d’un nouveau parti de droite affilié au PPE, des libéraux et des « agrariens ».

Le parti des « Vrais Finlandais », membre de I&D, participe au gouvernement de droite ; le gouvernement minoritaire de droite dirige la Suède depuis octobre 2022 avec le soutien sans participation des Démocrates (extrême droite suédoise, ECR), qui sont en même temps le premier parti de la coalition.

C’est aujourd’hui vers l’Allemagne et l’Espagne que se tourne les regards. Le patron de la CDU Friedrich Merz développe des considérations assez nébuleuses sur les relations que les Unions Chrétiennes devraient entretenir avec l’AfD, au point de faire passer le patron de la très conservatrice CSU bavaroise pour la meilleure pièce du cordon sanitaire (avec des lignes rouges sur l’OTAN et la construction européenne – c’était avant de connaître le projet de « remigration » et de déchéance massive de nationalité échafaudé par l’AfD). En Espagne, le socialiste Pedro Sanchez (après son pari très risqué d’élections législatives anticipées fin juillet) a péniblement rassemblé une majorité aux Cortès autour de sa coalition avec Sumar (PGE). Mais cet attelage est fragile et les concessions faites aux nationalistes catalans de Junts (si formelles et peu inédites soient-elles) ont terriblement tendu le débat politique ibérique. Le Parti Populaire espagnol sait qu’il ne peut reprendre le pouvoir qu’avec le soutien de Vox (ECR), solution qui peut avoir un effet repoussoir, mais semble mieux acceptée qu’un éventuel soutien au Portugal de Chega ! (I&D) à une coalition de droite en cas de victoire « relative » de celle-ci aux élections législatives anticipées portugaises qui se tiendront le dimanche 10 mars 2024.

Dans tous les cas, au Parlement européen comme au Conseil européen, les débats sur les enjeux géopolitiques risquent d’être bien plus serrés et agités qu’ils ne le sont aujourd’hui : le Conseil européen compte déjà deux gouvernements ouvertement conciliant avec le Kremlin, la Hongrie et la Slovaquie ; le gouvernement de droite chypriote est régulièrement accusé de ne pas appliquer les sanctions contre les oligarques russes ; ils seront sans doute rejoints par Geert Wilders dans quelques semaines. Et avec une droite et des sociaux-démocrates dans un état de sidération face aux enjeux géostratégiques, Vladimir Poutine ne manquera pas d’instrumentaliser les peurs et d’encourager les abandons pour favoriser les partis membres du groupe I&D, aux élections européennes comme aux élections nationales, qui semblent lui être plus favorables que toutes les autres familles politiques de l’Union.

Giorgia Meloni et Marine Le Pen en 2015. © Alessandro Serrano/AGF/Sipa

Giorgia Meloni et Marine Le Pen en 2015. © Alessandro Serrano/AGF/Sipa

POUTINE PLEIN D’ASSURANCE

La Russie s’est organisée en adoptant une économie de guerre et des programmations budgétaires pluriannuelles pour renforcer son effort militaire en Ukraine et son contrôle politique et policier sur les territoires qu’elle a de fait arrachés à l’Ukraine en 2014 puis en 2022. Les Européens et les Américains avaient averti pendant des semaines en 2021 et 2022. Si la Russie envoyait ses soldats en Ukraine, elle verrait s’abattre, selon Joe Biden, « des sanctions jamais vues ». Le pays est bien devenu en quelques mois le plus sanctionné de la planète. Mais en deux ans, Moscou s’est adapté en cherchant toujours de nouveaux moyens pour contourner les rétorsions.

La lenteur, la progressivité et la portée limitée des premières sanctions contre le Kremlin (même après le début de l’invasion) ont permis à la Russie de réorienter ses circuits commerciaux vers la Turquie, l’Asie centrale et la Chine. Ainsi, les exportations vers l’Asie sont passées de 129 milliards de dollars entre janvier et octobre 2021 à 227 entre janvier et octobre 2023, tandis que celles destinées à l’Europe dégringolaient, elles, de 170 à 65 milliards de dollars sur les mêmes périodes. La tendance est similaire pour ce qui concerne les importations russes. L’autre immense voisin de la Russie, l’Inde, a quant à lui quintuplé ses importations de pétrole russe entre 2021 et 2022. Bien que dans une moindre mesure, la hausse s’est poursuivie en 2023. L’Inde est désormais le deuxième consommateur au monde du brut russe, derrière la Chine. Notons que le commerce avec la Turquie, pourtant membre de l‘OTAN, est l’une des portes d’entrée pour maintenir aussi des importations de matériels européens. 

Le Kremlin exploite un autre angle mort des sanctions en se tournant vers les produits qui y échappent. C’est le cas par exemple du gaz qui, contrairement au pétrole, ne fait pas l’objet de sanctions. Si les principaux oléoducs qui reliaient l’Union européenne à la Russie se sont quasiment taris suite aux coupures décidées par Moscou au début de la guerre, le gaz naturel liquéfié (GNL) russe, dont le transport se fait par la mer via des navires méthaniers, continue d’inonder le Vieux Continent. Les Vingt-Sept ont quasiment multiplié par deux leurs importations entre début 2021 et début 2023. C’est d’ailleurs l’une des causes des conflits entre le chancelier allemand Scholz et le président français Macron, l’un voulant maintenir ces 13 milliards de revenus pour la Russie, l’autre fermer aussi ce robinet pour faire avancer son dossier nucléaire. 

Enfin, certaines entreprises occidentales continuent à faire du commerce en Russie sous les radars, flirtant avec l’illégalité. Leur nombre reste inconnu à ce jour, mais une enquête du média Disclose a par exemple accusé Decathlon d’avoir mis en place un « système opaque » pour poursuivre ses activités en Russie alors que l’entreprise française avait officialisé son départ en octobre 2023.

Par ailleurs, en février 2022, l’Union a adopté un embargo sur l’exportation vers la Russie de « biens à double usage » (1). Mais cette interdiction est assortie d’exceptions qui la rendent inopérantes : les industriels peuvent continuer à exécuter des contrats mis en place avant l’embargo – certains défendent encore cette « clause du grand-père » nous expliquant que s’y jouerait la crédibilité et la fiabilité de nos industriels vis-à-vis de nos clients internationaux… quand on tue des dizaines de milliers d’Ukrainiens et que notre crédibilité diplomatique et politique est en jeu, le « grand-père » a bon dos ! Les dérogations portent notamment dans le domaine des télécommunications, du spatial et du nucléaire civil.

Mais la mise en œuvre des sanctions et les poursuites en cas de contravention sont laissées à la charge des États membres de l’UE. En France, aucune poursuite récente n’a pour l’instant été mise en œuvre pour contravention aux mesures de sanctions économiques, en tout cas rien qui n’ait été rendu public. L’augmentation des sanctions économiques est un phénomène récent et les autorités de poursuite au sein des États de l’UE y étaient peu préparées. Mais en réalité, si les sanctions n’ont pas un effet aussi fort qu’escompté, cela résulte avant tout de choix politiques et de l’hypocrisie des dirigeants européens : les intérêts économiques priment, les Européens ferment les yeux sur la provenance du pétrole acheté en Inde, parce qu’ils considèrent que ce pétrole est indispensable pour nos économies, avec l’idée que nos sociétés ne pourraient le supporter, ce qui est sujet à caution puisqu’il reste largement possible de se fournir en pétrole sans acheter des barils russes camouflés.

Les dirigeants européens se sont bien gardés de sanctionner tous les secteurs économiques avec la Russie - Le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, à Bruxelles le 31 mai 2022  afp.com/Kenzo TRIBOUILLARD

Les dirigeants européens se sont bien gardés de sanctionner tous les secteurs économiques avec la Russie - Le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, à Bruxelles le 31 mai 2022 afp.com/Kenzo TRIBOUILLARD

Les sanctions ont-elles un effet sur les Russes et l’économie russe ? Les Moscovites soulignent volontiers qu’après le mouvement de panique et de spéculation des premières semaines, lorsque de vieux modèles d’ordinateurs portables se vendaient à prix d’or, et hormis la fermeture d’Ikea et de quelques autres enseignes, la vie n’a guère changé dans une capitale dont le maire a été largement réélu en septembre 2023, et qui ne cesse d’investir dans l’urbanisme ou de nouvelles infrastructures de transport.

Bien sûr, les 13 millions d’habitants de l’agglomération de Moscou ne sont pas toute la Russie, mais ce sont eux qui pourraient être les plus sensibles aux changements de mode de vie découlant des sanctions. Une partie de l’opposition russe en exil insiste sur une levée partielle des sanctions à l’égard de certains hommes d’affaires s’étant prononcés contre la guerre, et tente de persuader les dirigeants occidentaux que seule une division au sein des élites russes serait à même de miner de l’intérieur le régime de Vladimir Poutine et de mettre fin à la guerre en Ukraine. Mais comme pour les poissons volants, ce type d’oligarques n’est pas la majorité de l’espèce et de loin, on peut donc s’interroger sur la pertinence de cet argument. Le régime tient d’autant plus facilement que des dizaines, peut-être des centaines de milliers de Russes ont quitté le pays en février puis en septembre 2022 fuyant la mobilisation, l’atmosphère étouffante du patriotisme officiel ou le risque de marasme économique. Ils forment une émigration sans précédent depuis celle ayant suivi la révolution de 1917.

La société russe est baignée dans une propagande médiatique intensive depuis plus de 10 ans, la réécriture de l’histoire a créé une multitude de « zones grises » faites de renoncements progressifs, de consentements et de compromis qui, même pour celles et ceux qui ne sont pas indifférents, rendent très difficile l’expression de positions de rupture. Il y avait près de 500 000 prisonniers dans le système pénitentiaire russe avant le déclenchement de l’opération spéciale ; ce chiffre aurait baissé de moitié selon le vice-ministre de la Justice Vsevolod Vukolov. Selon le média indépendant Mediazona, le Service pénitentiaire fédéral russe a cessé de publier des statistiques mensuelles après avoir rapporté en janvier 2023 que le déclin de la population carcérale russe « avait pris fin ». Cette interruption est intervenue après que des données ont dévoilé que la population carcérale masculine avait baissé de 23 000 personnes en l’espace d’un mois. Or les forces russes en Ukraine dépendent fortement « des prisonniers arrachés » des centres pénitentiaires. Une pratique qui avait été lancée par « Wagner » et Evgeni Prigojine. Les prisonniers s’étaient rendus très utiles dans la conquête de la ville de Bakhmout. Dans ces conditions, ceux qui restent dans le système carcéral où Alexeï Navalny a trouvé la mort, sont soit inaptes pour le combat, soit si opposés au régime qu’il serait peu sûr de les envoyer au front même pour en faire de la chair à canon. D’autres sources indiquent par ailleurs que le système répressif s’est emballé au niveau qui régnait sous Brejnev : condamnés à de lourdes peines, de simples citoyens opposés à la guerre en Ukraine rejoignent par dizaines la liste des prisonniers politiques. Comme à l’époque soviétique, les tribunaux recourent aussi à la psychiatrie punitive. Si l’on a pu voir quelques milliers de personnes courageuses rendre hommage à l’opposant libéral-nationaliste, comment réellement exprimer une opposition en Russie ? Comment même obtenir des informations précises sur la réalité économique vécue par les Russes en dehors de Moscou et Saint-Pétersbourg ?

Des milliers de personnes sont venues rendre un dernier hommage à l'opposant. Moscou, le 1er mars 2024. © RFI / Anissa El Jabri

Des milliers de personnes sont venues rendre un dernier hommage à l'opposant. Moscou, le 1er mars 2024. © RFI / Anissa El Jabri

La contre-offensive n’a pas donné les résultats qu’espérait l’Ukraine et un certain nombre d’incertitudes politiques s’accroissent en Europe et aux États-Unis qui pourraient conduire à un affaiblissement du soutien occidental : à moyen et long termes, le temps joue militairement en faveur du Kremlin… Une défaite de l’Ukraine conduirait à un effondrement du droit international car elle couronnerait la loi du plus fort et le « droit de conquête » sur des territoires impliquant plusieurs dizaines de millions d’habitants ; elle provoquerait également des réactions de panique politique à l’Est de l’Europe, dont personne ne peut à ce stade mesurer les conséquences.

Aussi, Vladimir Poutine s’affiche plus que jamais décomplexé. Cela fait longtemps que la Russie n’a plus de démocratique que des attributs formels. Ainsi des élections, aussi peu compétitives dans leur déroulement que faussées dans leurs résultats. Elles continuent pourtant de rythmer la vie politique, y compris lorsque le pouvoir organise un scrutin local dans les territoires occupés d’Ukraine, qu’il est pourtant loin de contrôler entièrement. Comme dans tout régime autoritaire, ces rendez-vous électoraux sont d’abord destinés à tester la bonne marche des rouages administratifs et à s’assurer de la loyauté des fonctionnaires, tout autant qu’à confirmer des élus auprès de l’opinion ou de pays alliés. Ce sera de nouveau le cas lors du scrutin présidentiel programmé pour mars 2024 où le système se paie encore le luxe sous vernis institutionnel de refuser les candidatures légèrement contestataires qui pourraient recueillir un minimum d’écho.

La confiance du chef du Kremlin est telle que, le 9 février dernier, il a accordé un entretien exclusif à Tucker Carlson(2), ancien présentateur de Fox News qui anime désormais des émissions sur internet, dont le public s’identifie au cœur de l’électorat trumpiste. Il ne fait pas de doute que cette opération vise à exercer, comme en 2016 et en 2020, une influence sur l’élection présidentielle US de novembre prochain en consolidant dans l’électorat populaire républicain une lecture du monde qui encourage sa mobilisation et, surtout, aille dans le sens des intérêts de Vladimir Poutine. L’entretien recèle de quelques informations utiles pour comprendre le dictateur et son raisonnement (si ce n’est sa psychologie). Interrogé sur les causes de la guerre en cours, Poutine a catégoriquement rejeté l’idée que la « menace de l’OTAN » ait justifié son intervention : selon lui, la Russie n’a jamais été menacée par l’OTAN et il s’est permis de bâcher le journaliste en lui disant qu’il espérait des questions sérieuses. S’il dénonce le fait que l’OTAN n’aurait jamais respecté aucun accord et a refusé toute coopération avec la Russie et son entrée dans l’alliance, il insiste sur le fait que cela ne constituait pas une menace et n’est pas la cause de la guerre. Ceux qui, depuis deux ans, relayant les arguments pro-Kremlin, nous expliquent l’inverse vont devoir réviser leurs éléments de langage.

Qui donc serait responsable ? Visiblement il s’agit de l’Union européenne (n’oublions pas qu’il s’adresse à un public américain dont il recherche les bonnes grâces) : l’accord de commerce avec l’Europe ne pouvait que se traduire par une fermeture par la Russie des liens commerciaux et industriels avec l’Ukraine et donc la ruine des entreprises de ce pays (la Russie est vraiment trop généreuse de se préoccuper ainsi de la santé des entreprises ukrainiennes). L’accord aurait été imposé par le coup d’État américano-nazi (les Américains ne sont donc pas totalement blanchis) qui a déposé le Président Ianoukovitch alors que celui-ci prétendait organiser des élections. Rappelons les faits : c’est Ianoukovitch qui avait engagé dès 2010 les négociations commerciales avec les Européens, ces négociations butaient sur l’autoritarisme politique du président ukrainien qui avait une tendance avérée pour jeter en prison ses opposants ou les placer en résidence surveillée. L’Union européenne exigeait donc pour conclure l’accord la fin de ces mesures coercitives. La rupture des négociations (Ianoukovitch annonçant en parallèle une nouvelle volte-face pour se réaligner sur la Russie) et l’insatisfaction des Ukrainiens provoquèrent ce qu’on appela l’Euro Maïdan, la destitution de Ianoukovitch par un vote à 70% de la Rada en février 2014, la convocation de nouvelles élections où l’extrême droite ne fait que 5% des suffrages.

Entretien accordé par Vladimir Poutine à Tucker Carlson le 6 février 2024 à Moscou - Source photo : Gavriil Grigorov / Pool Photo

Entretien accordé par Vladimir Poutine à Tucker Carlson le 6 février 2024 à Moscou - Source photo : Gavriil Grigorov / Pool Photo

C’est là que le Kremlin organisa la sécession de morceaux des oblasts de Lougansk et du Donbass ; la volonté d’en reprendre le contrôle est aujourd’hui présenté par Poutine comme une attaque des Ukrainiens contre les Russes. L’intervention russe dès 2014 à l’Est de l’Ukraine, l’invasion de février 2022 et la guerre qui s’en suit depuis n’ont donc de l’aveu même de Poutine à ce journaliste américain qu’un seul but : protéger tous les Russes, car l’Ukraine n’existe pas. La première moitié de l’entretien, près d’une heure, est intégralement consacrée à ses divagations sur l’histoire de la Russie, qui doivent être prises au sérieux : Vladimir Poutine leur a consacré un essai dont la lecture est obligatoire dans les forces armées. Les différents dirigeants occidentaux se sont régulièrement étonnés que l’essentiel de leurs conversations avec Poutine dans les premières semaines de la guerre soient consacrées à ce sujet. La vision historique de Poutine équivaudrait à adopter pour la France celle d’Éric Zemmour : l’Italie du Nord aurait dû être française, le pouvoir de Charlemagne, François Ier et Napoléon Ier le démontre. Si ce dernier semble encore avoir bonne presse auprès des Milanais, on peut douter qu’ils rêvent d’être Français.

Pire, Poutine va alors faire référence à Hitler – j’ai régulièrement essuyé dans des discussions l’argument du Point Godwin quand j’expliquais que, d’un point de vue géostratégique, la démarche des deux dirigeants étaient apparentée pour ne pas être soufflé quand c’est Vladimir Poutine qui se dénonce lui-même. Selon lui, Hitler souhaitait seulement réunifier les terres allemandes et en refusant de les céder pacifiquement comme il le lui demandait poliment, la Pologne l’a obligé à l’attaquer et porte la responsabilité de la seconde guerre mondiale. Il s’agit évidemment d’un parallèle justifiant l’invasion de l’Ukraine pour récupérer des « territoires russes », ça n’en reste pas moins sidérant. Pour Poutine, il serait également légitime que la Hongrie retrouve ses territoires perdus au profit de l’Ukraine en 1945(3). Tucker Carlson aurait alors bien voulu interrompre le maître du Kremlin pour passer à un autre sujet : il s’interrogea alors à voix haute si la comparaison est bien pertinente. Pourtant cela n’a rien d’un dérapage : la proximité avec Hitler fait désormais partie du récit poutinien ; le pacte Molotov-Ribbentrop est d’ailleurs réhabilité face à un monde anglo-saxon déloyal et la seule faute d’Hitler est de l’avoir violé en envahissant la Russie.

2024, ANNÉE GÉOPOLITIQUE PÉRILLEUSE POUR LA FRANCE ET LES EUROPÉENS

Le Kremlin dirige une nation profondément pacifique : ainsi apprend-on qu’un accord de paix aurait été signé en mars 2022 à Istanbul, mais que Zelensky poussé par Biden et Boris Johnson aurait repris les hostilités. Tout est donc de la faute des Ukrainiens et des Occidentaux qui détestent la Russie orthodoxe par pur rationalisme économique : c’est la théorie du complot russe, le « milliard d’or », selon laquelle il existe un plan de l’Occident pour dominer le monde et attribuer à son milliard d’habitants l’ensemble des richesses de la planète. Néanmoins, n’oubliant pas qu’il s’adresse à un public particulier, le maître du Kremlin finit par expliquer aux peuples américains et allemands qu’ils n’ont rien à gagner à défendre l’Ukraine : que les uns se préoccupent plus de leur dette massive détenue par leur véritable ennemi stratégique, la Chine ; que les autres se rappellent qu’ils avaient accès à un gaz pas cher avec Schröder et Merkel…

Si l’objectif premier de cet entretien est de consolider l’électorat trumpiste dans sa conviction que seule l’élection de leur champion mettra fin au conflit en s’accordant avec lui, Poutine a clairement désigné les Européens comme les responsables du chaos qu’il a lui-même déclenché. Au-delà de la proximité géographique, il n’est pas étonnant dans ses conditions que la Finlande et la Suède ait cherché à rejoindre au plus vite une alliance militaire malgré une longue tradition de neutralité. Les espaces aériens et maritimes des pays européens riverains de la mer Baltique sont régulièrement violés par la Russie, par des sous-marins, des avions de chasse. Il y a un état d’hostilité et de friction. Relativisons quelque peu la révolution que cela représente : jusqu’en 2023, la Finlande et la Suède, pays voisins de la Russie, membres de l’Union européenne, étaient déjà des alliés des États-Unis par divers accords, même s’ils n’étaient pas membres de l’OTAN et avaient un statut de pays neutre. Avec l’entrée de la Suède, il n’y a plus de pays neutre autour de la mer Baltique. La ratification par le parlement hongrois le lundi 26 février de l’adhésion de la Suède va permettre à ce pays de rejoindre l’OTAN dans quelques jours, cela interviendra au moment où l’incertitude sur la solidité de l’alliance atlantique est maximale.

pays membres de l’OTAN et dates d’entrée (source : wikipédia)

pays membres de l’OTAN et dates d’entrée (source : wikipédia)

LES ÉTATS-UNIS, MAILLON FAIBLE POLITIQUE DE LEUR PROPRE DISPOSITIF

La Finlande et la Suède arrivent en effet dans l’OTAN en faisant le même pari géostratégique que le reste de l’Europe centrale et balkanique depuis 25 ans. L’ensemble des États à l’exception de la Serbie et de la Bosnie-Herzégovine ont rejoint le dispositif intégré de l’alliance atlantique car ils étaient convaincus que le parapluie nucléaire américain les protégerait de « l’ogre russe ». N’y voyez aucune stratégie construite des États-Unis cherchant à encercler la Russie exsangue, ils n’ont pas eu besoin de plan machiavélique : la Pologne, la Hongrie, la République Tchèque avaient subi entre 1956 et 1968 une invasion soviétique (en 1983, le coup d’État de Jaruzelski visait à prévenir une nouvelle intervention militaire russe face à la « révolution » syndicale en cours) ; dans la série qui adhéra en 2004, qui peut nier que les États baltes n’ont pas quelques souvenirs cuisants de leur occupation, que la Slovaquie se souvient du sort de Dubček et que même la Roumanie et la Bulgarie ressentaient le besoin de se couvrir de quelques garanties. On peut toujours dire qu’il aurait fallu que les États-Unis fassent preuve de prudence et refusent ces adhésions : personne n’avait la capacité de dénier à ses États leur volonté souveraine de rejoindre l’alliance atlantique.

Et si le levier de l’adhésion à l’OTAN a été instrumentalisé par l’administration Bush Jr en 2003, c’était d’abord pour gêner la France et l’Allemagne qui s’opposaient à l’intervention en Irak – souvenez-vous des paroles délicates de Rumsfeld sur la « vieille Europe » – pas pour encercler la Russie dont tout le monde se souciait alors comme d’une guigne. Pour l’ensemble des anciens membres du Pacte du Varsovie, l’intégration européenne, le retour dans l’Occident, c’était d’abord et avant tout l’intégration dans l’OTAN, avant même l’adhésion à l’Union européenne.

Tony Blair, premier ministre britannique de l'époque, et le président des Etats-Unis d'Amérique, George W. Bush - ©Paul Faith/PA (Archives PA)

Tony Blair, premier ministre britannique de l'époque, et le président des Etats-Unis d'Amérique, George W. Bush - ©Paul Faith/PA (Archives PA)

Et qu’avaient à proposer les Européens de l’Ouest à leurs voisins libérés de l’Est ? Rien ! Entre 2001 et 2010, ils ont progressivement dissout l’Union de l’Europe Occidentale (UEO), seule organisation européenne autonome sur la défense ; qui n’avait dans les faits qu’un rôle limité, tant les Européens de l’ouest donnaient la primauté à l’OTAN pour leur défense collective, mais, à partir de 1984 et surtout durant les années 1990, les États membres choisirent l’UEO comme support d’une politique européenne de défense. En juin 2004, les gouvernements et le parlement européen adoptaient le traité constitutionnel européen qui désignait l’OTAN comme le vecteur privilégié de la politique de sécurité des États non neutres de l’UE. Même la France, sous la présidence d’un soi-disant héritier du gaullisme, Nicolas Sarkozy, mettait fin à un espoir d’une défense européenne autour de notre pays en revenant dans le commandement intégré de l‘OTAN ! Pourquoi voulez-vous que l’Europe de l’Est ait recherché une autre option ?

Évidemment, le réveil géopolitique a été difficile : du mépris plus ou moins conscient vis-à-vis de la Russie à peine sortie de son effondrement au sentiment d’humiliation réécrit par Poutine, il n’y a qu’un pas. C’est aujourd’hui l’histoire qu’il raconte : les Américains ont refusé l’adhésion de la Russie à l’OTAN en 2007, les 10 et 11 février de la même année, il prononçait un discours glaçant qui annonçait l’ensemble de sa politique internationale à venir(4). Il n’y a même pas eu besoin que la Géorgie reçoive des gages sérieux à sa demande de rapprochement avec l’OTAN pour être mise au pas en 2008 et abandonnée par les Occidentaux. La même stratégie poutinienne d’instrumentalisation de potentats rebelles artificiellement créés allait commencer à être appliquée en Ukraine dès 2008 et surtout en 2014.

De 2008 à 2016, les USA s’étaient déjà détournés de l’Europe : Obama laissa Sarkozy être ridiculisé par Poutine sur la Géorgie, il lâcha Hollande en 2013 sur la Syrie y laissant le champ libre à la démonstration du retour du Kremlin comme acteur géopolitique mondial de premier plan, à la rescousse du régime de Bachar El Assad.

Finalement, la stratégie de Donald Trump était dans la continuité de la politique de Barack Obama, les yeux doux au régime autoritaire du Kremlin en plus (qui lui avait sans doute filé quelques coups de main informatiques dans la campagne de 2016). Que n’a-t-on dit (et espéré peut-être) en novembre 2019 quand Emmanuel Macron déclara à The Economist : « Ce qu’on est en train de vivre, c’est la mort cérébrale de l’Otan. » « Vous n’avez aucune coordination de la décision stratégique des États-Unis avec les partenaires de l’Otan et nous assistons à une agression menée par un autre partenaire de l’Otan, la Turquie, dans une zone où nos intérêts sont en jeu, sans coordination », continuait-il, en référence à l’intervention militaire turque en Syrie contre nos alliés kurdes. La pandémie de COVID est passée par là, on est passé à autre chose.

On pouvait donc s’attendre à ce que l’ancien président républicain ultra-réactionnaire et démagogue revienne à la charge sur un ton provocateur mais dans le même mode que sa présidence. On n’a pas été déçu. Le 27 janvier 2024, il déclarait : « On paie pour l’OTAN et on n’en retire pas grand-chose. Je déteste devoir vous dire ça à propos de l’OTAN, mais si on avait besoin de leur aide, si on était attaqué, je ne crois pas qu’ils seraient là. (…) Mais je me suis occupé de l’OTAN. Je leur ai dit : “Vous devez payer vos factures, si vous ne payez pas vos factures, on ne sera pas là pour vous soutenir.” Le jour suivant, l’argent a coulé à flots vers l’OTAN. » Bien que mensongère, cette première déclaration géopolitique de campagne présentait surtout un regard dans le rétroviseur : Trump mettait en valeur son action présidentielle de défense des intérêts budgétaires américains, alors que Biden est accusé de dilapider les crédits pour l’Ukraine. Samedi 10 février, en Caroline du Sud, il est allé beaucoup plus loin : prétendant rapporter une conversation avec l’un des chefs d’État de l’OTAN, sans le nommer, il déclarait « Un des présidents d’un gros pays s’est levé et a dit : “Eh bien, monsieur, si on ne paie pas et qu’on est attaqué par la Russie, est-ce que vous nous protégerez?” […] Non, je ne vous protégerais pas. En fait, je les encouragerais à vous faire ce qu’ils veulent. Vous devez payer vos dettes. »

2024, ANNÉE GÉOPOLITIQUE PÉRILLEUSE POUR LA FRANCE ET LES EUROPÉENS

Donald Trump rompt ainsi à la fois le principe de respect des engagements entre États membres de l’OTAN et ment. En effet, il met en cause directement l’un des articles essentiels du traité, l’article 5 qui stipule que si un pays de l’OTAN est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué. Son premier mensonge c’est que les Européens ont en réalité répondu présents précédemment : la seule fois où l’article 5 a été invoqué à l’unanimité des membres fut au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre 2001 contre les États-Unis.

Quant aux engagements budgétaires, cette barre de 2% des dépenses des États membres, si souvent évoquée par Donald Trump, n’est qu’un indicateur parmi d’autres – comme les capacités militaires disponibles et la contribution aux opérations extérieures – de l’engagement des pays dans l’Alliance, il ne mérite aucun fétichisme ou aucune obsession. Mais surtout, la progression des dépenses militaires des États européens n’ont rien à voir avec l’intervention de l’ancien président américain alors qu’il était en fonction, mais c’est la conséquence directe de la pression russe, concrétisée par l’annexion de la Crimée (2014), puis par l’invasion déclenchée en Ukraine en février 2022. 11 membres de l’OTAN sur 31 ont déjà atteint l’objectif de 2% de leur produit intérieur brut consacrés à leur défense, alors qu’ils n’étaient que trois en 2014. Certains États ont doublé, voire triplé (et même plus) leurs dépenses militaires entre 2014 et 2023 – la palme revient avec +270% à la Lituanie (sans surprise) et à la Hongrie, dont le premier ministre prétend pourtant être un grand ami de la Russie(5).

pays membres de l’OTAN ayant atteint l’objectif de 2% (source : Le Monde)

pays membres de l’OTAN ayant atteint l’objectif de 2% (source : Le Monde)

répartition des dépenses militaires de l’OTAN en 2023 entre les pays membres (source : Le Monde)

répartition des dépenses militaires de l’OTAN en 2023 entre les pays membres (source : Le Monde)

évolutions sur la période 2014-2023 des budgets nationaux consacrés à la défense des pays membres de l’OTAN (source : Le Monde)

évolutions sur la période 2014-2023 des budgets nationaux consacrés à la défense des pays membres de l’OTAN (source : Le Monde)

Le 15 février dernier, Sébastien Lecornu ministre des armées s’est également empressé d’annoncer que la France atteindrait ce fameux seuil des 2 % en des termes lyriques. « La France est un allié fiable. Elle a rempli l’engagement pris en 2014 et consacre en 2024 plus de 2% du PIB à l’effort de défense. […] La vraie question maintenant, ce n’est pas tant d’obtenir ces 2%, […] mais c’est de faire en sorte qu’ils soient véritablement utiles sur le terrain militaire. Ce ne sont pas des chiffres […] qui vont dissuader la fédération de Russie […] de vouloir attenter à notre sécurité collective, c’est véritablement ce que nous en faisons. Donc au-delà des 2% du PIB, il faut regarder la part d’investissements réels dans les équipements. […] L’Otan donne aussi un indicateur à l’ensemble de ses membres […] c‘est le chiffre de 20%(6)La France est à 30%, c’est-à-dire 10 points au-dessus de cet indicateur en matière d’investissement militaire. Ce qui importe donc, c’est la capacité à réellement mettre à disposition de l’Alliance des moyens capacitaires, en nombre d’heures d’aviation de chasse disponibles par exemple sur des sujets de mobilité militaire. Sur la capacité à déployer, sur les espaces maritimes, différentes patrouilles qui permettent de sécuriser et de dissuader et bien sûr le déploiement de forces terrestres comme nous le faisons avec notre statut de nation-cadre en Roumanie ou avec un groupe interarmées en Estonie. » Les crédits militaires n’ont pas été touchés par le décret d’annulation du 21 février 2024.

Alors que le candidat républicain, qui a de bonne chance de concourir à nouveau contre Joe Biden (sauf accident judiciaire improbable), semble dire aux Russes qu’ils auront les mains libres en Europe et que le président Poutine considère que l’Europe est responsable du déclenchement de la guerre en Ukraine, on peut imaginer que la progression de ses dépenses militaires va s’accélérer. Les Européens sont dans un état de panique avancée, et c’est justifié. Ils doivent en tirer trois conclusions : Trump ne croit pas aux organisations multilatérales ; ensuite, il ne les protégera pas s’il est élu ; enfin, il encourage Poutine à les envahir, ce qui constitue une évolution par rapport à 2016. Ils doivent être en mesure de se défendre eux-mêmes et d’aborder sérieusement l’objectif d’une autonomie stratégique, c’est-à-dire la nécessité de construire des capacités et de diversifier le réseau des partenaires. Autonomie stratégique : ce terme provoquait jusqu’à aujourd’hui des crispations intenses aux USA et à l’Est de la ligne Oder-Neisse.

Or avant même l’entrée réelle en campagne électorale (nous n’en sommes qu’aux primaires), Trump sème la confusion sur la politique internationale des États-Unis : en témoigne l’imbroglio dominant les débats du Congrès sur l’aide militaire à l’Ukraine. Depuis octobre, les élus républicains à la Chambre continuent de bloquer l’adoption d’un nouveau paquet de 60 milliards de dollars, sous différents prétextes successifs. Or Trump a fait pression sur les élus républicains au Congrès pour enterrer un projet de loi prévoyant le versement d’une nouvelle aide à l’Ukraine ainsi qu’une réforme de la politique migratoire.

Soutiens de Donald J. Trump le 6 janvier 2021 dans le Capitole (AFP)

Soutiens de Donald J. Trump le 6 janvier 2021 dans le Capitole (AFP)

Or quel que soit le résultat de l’élection présidentielle de novembre 2024, la situation politique intérieure des États-Unis d’Amérique les détournera durablement de notre continent. Si Donald Trump l’emporte, il se détournera vraisemblablement des « questions européennes » et au mieux les considérera sous un angle purement transactionnel. S’il perd l’élection comme en 2020, il est probable que le souvenir de la tentative de prise du Capitole le 6 janvier 2021 nous apparaisse comme une petite échauffourée ; depuis 2021, les milices d’extrême droite, suprémacistes (et parfois ouvertement fascistes) armées et entraînées qui soutiennent Donald J. Trump se sont considérablement renforcées et atteignent plus de 30 000 paramilitaires : la contestation de sa défaite pourrait s’exprimer sur un mode bien différent avec pour conséquence une déstabilisation durable dont feront les frais de nombreux citoyens américains mais aussi le monde entier. Que vaudra « le bouclier américain », que vaudra « la protection » de l’OTAN dont aveuglément les gouvernements européens ne tarissaient pas d’éloge dans ces conditions ? Les conditions de la sécurité collective européenne doivent donc être totalement revisitées.

IL FAUT PENSER D’URGENCE « L’APRÈS OTAN »

Alors que la Russie s’est organisée en adoptant une économie de guerre et des programmations budgétaires pluriannuelles pour renforcer son effort militaire en Ukraine et son contrôle politique et policier sur les territoires qu’elle a de fait arrachés, la contre-offensive n’a pas donné les résultats qu’espérait l’Ukraine et un certain nombre d’incertitudes politiques s’accroissent en Europe et aux États-Unis qui pourraient conduire à un affaiblissement du soutien occidental : à moyen et long termes, le temps joue militairement en faveur du Kremlin… Une défaite de l’Ukraine conduirait à un effondrement du droit international car elle couronnerait la loi du plus fort et le « droit de conquête » sur des territoires impliquant plusieurs dizaines de millions d’habitants ; elle provoquerait également des réactions de panique politique à l’Est de l’Europe, dont personne ne peut à ce stade mesurer les conséquences.

Nous sommes entrés dans une période de renouveau ou de renaissance des impérialismes, dont la puissance nord-américaine n’est pas la seule expression. Si la République Populaire de Chine prétend donner l’image à l’échelle internationale d’une puissance qui a choisi le commerce et le soft power, elle n’a pas cessé d’être une dictature dont les dirigeants procèdent de manière totalitaire contre des pans entiers des peuples qu’ils conduisent ; ils ont également engagé une course à l’hégémonie mondiale contre les États-Unis et accroissent la pression militaire pour imposer la domination chinoise sur toute la région d’Asie orientale et sur l’espace indo-pacifique, devenant plus que jamais une source d’angoisse pour plusieurs États de la région (Corée, Japon, Viet Nâm, Thaïlande, Indonésie, Australie). Les difficultés économiques récentes que rencontrent la Chine renforcent d’ailleurs la rhétorique nationaliste de ses dirigeants, accroissent sa tendance à préférer régionalement une stratégie du bras de fer et la poussent à réclamer désormais une plus grande rentabilité des investissements et des prêts qu’elle a précédemment concédés à l’étranger. Dans ces conditions, l’Europe aurait tort de considérer que la Chine est un partenaire commercial comme un autre et que le « doux commerce » fera son œuvre.

À des échelles plus réduites, plusieurs puissances régionales ont elles-aussi adopté des postures impérialistes. C’est le cas des deux puissances rivales que sont l’Inde et le Pakistan, là aussi avec un risque de conflit nucléaire que l’instrumentalisation d’un côté de l’islam politique et d’un nationalisme religieux hindou rend de plus en plus dangereux (dont les musulmans indiens et les minorités pakistanaises sont les premières victimes). La démarche impérialiste russe n’est plus à démontrer, quels que soient les torts que l’on peut prêter aux Occidentaux. Enfin au Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite et l’Iran sont également engagés dans des stratégies de domination régionale concurrentes et meurtrières (quelle que soit la mise en scène récente d’une baisse des tensions qui n’a pas fait cesser les conflits par proxies que les deux régimes islamistes ont déclenché), appuyées sur des projets politiques réactionnaires et patriarcaux. Observant ces deux adversaires, la Turquie d’Erdoğan attend de voir comment elle pourra profiter d’un instant de faiblesse pour asseoir son propre projet régional dont Kurdes et Arméniens font aujourd’hui les frais. Dans le développement de ce renouveau des impérialismes, on ne dira jamais assez à quel point la manipulation politique des passions religieuses (toute obédience confondue – hindoue, musulmane, orthodoxe, évangélique) et surtout de leurs versions les plus rétrogrades et misogynes rend la situation encore plus inflammable et incontrôlable.

Le président français Emmanuel Macron accueille le Premier ministre indien Narendra Modi dans la cour du palais de l'Élysée à Paris, le 4 mai 2022. (Source : The Tribune)

Le président français Emmanuel Macron accueille le Premier ministre indien Narendra Modi dans la cour du palais de l'Élysée à Paris, le 4 mai 2022. (Source : The Tribune)

Confrontés à la plus que probable défaillance américaine, à l’impérialisme chinois et à un régime poutinien qui les désigne comme étant responsable de la guerre en Ukraine, les Européens devraient comprendre qu’il y a urgence à changer de paradigme en matière géostratégique. Le 22 mars 2021, le Conseil Européen avait adopté une décision établissant la facilité européenne pour la paix (FEP) comme instrument extra-budgétaire visant à « améliorer la capacité de l’Union à prévenir les conflits, à consolider la paix et à renforcer la sécurité internationale, en permettant le financement d’actions opérationnelles relevant de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et ayant des implications militaires ou dans le domaine de la défense. » Un progrès, direz-vous ? Ça dépend comment on l’utilise…

Dans le cadre de la participation de l’Union européenne aux opérations en Ukraine, la FEP a déjà alloué plus de la moitié de son enveloppe pluriannuelle de 5,7 milliards d’euros au remboursement partiel des cessions de matériels militaires à l’armée ukrainienne de la part des États membres. Or il a été demandé en 2023 à la FEP de rembourser le soutien matériel militaire polonais en Ukraine au prix du renouvellement des matériels et non pas à celui, réel, des matériels existants. En conséquence, alors que la Pologne a livré – tout du moins en premier lieu – à l’armée ukrainienne du matériel et des blindés datant de l’époque soviétique et du Pacte de Varsovie, la FEP lui a versé des crédits pour du matériel neuf correspondant au prix d’achat d’avions de combat F35 américains, de chars K2 Black panther ou d’obusier K9 sud-coréens. La participation française à la FEP nous a coûté 500 millions d’euros en 2023. Autant qui ne sont pas allés à notre propre effort.

L’Allemagne se donne 5 à 8 ans pour être prêt à résister par ses seuls moyens à une nouvelle attaque russe(7). 5 à 8 ans, c’est le temps estimé pour que la Russie soit en capacité de s’investir à nouveau dans un conflit armé. Pour cela, il faudra bien plus que les 100 milliards d’euros du fonds spécial de transformation de la Bundeswehr ; 60% de cette somme a déjà été attribuée pour l’achat d’avions, de systèmes de défense aérienne, de matériels de transmission, d’hélicoptères lourds, d’équipements multiples pour la troupe, etc. Jamais le rythme de passation des commandes militaire n’a été aussi élevé. Le fonds spécial sera vidé avant 2027. Mais la Bundeswehr sera encore loin du compte. Les stratèges allemands veulent en effet doter leur armée de ce qu’ils appellent les forces « moyennes » ou « intermédiaires » (entre l’artillerie lourde, équipée de chenilles et lente à déplacer, et les groupes légers inadaptés à bloquer une attaque). La Bundeswehr manque également de soldats : quelques 180 000 militaires alors que l’objectif est de dépasser les 200 000 soldats dans 6 ans. Pour y remédier, le ministre de la Défense envisage désormais sérieusement de réintroduire le service militaire. Reste la question de l’équipement militaire, pour lequel il faut un budget conséquent et garanti à long terme, permettant le développement d’une industrie de défense capable de couvrir l’essentiel. Katarina Barley, tête de liste des sociaux-démocrates allemands aux élections européennes, a ainsi jugé inévitable l’ouverture d’un débat sur le déploiement d’un parapluie nucléaire autonome européen face à la Russie. Le ministre allemand des Finances et chef du FDP, Christian Lindner, propose lui de prendre enfin au sérieux les offres de coopération réitérées faites par Emmanuel Macron à l’Allemagne en matière de dissuasion nucléaire.

Boris Pistorius, ministre allemand SPD de la Défense. Photo Sipa/ Moritz FRANKENBERG

Boris Pistorius, ministre allemand SPD de la Défense. Photo Sipa/ Moritz FRANKENBERG

La France aussi est engagée dans un processus visant à rétablir sa crédibilité dans la durée avec l’entretien de la dissuasion nucléaire(8) et à transformer les armées dans un contexte géopolitique dégradé. Pour les 7 années couvertes par la Loi de Programmation Militaire (LPM, 2024-2030), un effort budgétaire de 413,3 milliards d’euros y sera consacré. 40 % de plus que la précédente LPM qui visait à « réparer » les armées. Le seuil des 2% devrait être atteint dès 2024 (initialement prévu entre 2027 et 2030) avec un budget porté 47,2 milliards d’euros, soit 3,3 milliards d’euros de plus qu’en 2023. Au regard des enjeux géostratégiques actuels, qui pourraient avec une once de crédibilité le contester. À gauche, rappelons-nous notre histoire : arrivant au pouvoir en juin 1936, Léon Blum, chef parlementaire d’une SFIO acquise au désarmement, engagea un plan quinquennal de réarmement au regard de l’état de délabrement dans lequel était l’armée française, après l’application des doctrines et conseils du Maréchal Pétain, et de la menace fasciste ; la validation de la stratégie de Front Populaire par le Komintern (l’Internationale communiste) visait d’ailleurs en partie à favoriser ce type de décisions budgétaires pour répondre à la remilitarisation de l’Allemagne par Hitler.

Et encore, aujourd’hui, l’armée française est sans doute celle qui se trouve en Europe dans l’état le moins piteux. On a vu celui de l’armée allemande, qui n’est pas aujourd’hui la menace géopolitique qu’elle était en 1936 (et dont on serait bien inspiré de ne pas contester la logique de rééquipement actuel). On voit encore les logiques absurdes de certains de nos plus petits partenaires au prétexte d’aider l’Ukraine ; car aider un pays agressé à se défendre légitimement n’oblige pas à être idiot ! Or c’est ainsi qu’il faut qualifier l’annonce le 18 février dernier faite par le Danemark d’envoyer l’intégralité de son stock de munitions à Kiev… Et même si la première ministre danoise le conteste, les Européens sont en train d’arriver au maximum de leurs capacités de production d’armement(9). Habitués depuis trop longtemps à dépendre du « bouclier américain », l’industrie de défense européenne s’est réduite à la portion congrue, reculant même en France. Ce n’est pas pour rien qu’Olaf Schloz inaugurait encore début février une nouvelle usine de poudre et d’obus… Le marché de la défense européen est avant tout un marché de l’armement US, (neuf et occasion). Pendant que l’armée française achète des fusils d’assaut allemands, nos partenaires européens (on l’a vu plus haut pour la Pologne) se fournissent tous auprès des États-Unis. Pendant que nous vendons nos avions Rafale à l’Inde, à l’Égypte et aux pays du golfe, dont la fiabilité comme alliés est toute relative, les Européens achètent des Lightning II. La France devra donc reprendre le contrôle des entreprises stratégiques en matière de défense qu’elle a laissées filer, y compris dans les mains des Américains, en « oubliant » de mettre en application le décret Montebourg.

La France est le seul pays à disposer d’une dissuasion nucléaire et d’une capacité de projection extérieure. C’est à elle de proposer un chemin à ses partenaires européens pour se passer de l’OTAN. Et ce chemin devra concerner tout à la fois la conception, la production, le marché et l’organisation des forces de défense. Mais on sait combien nos voisins sont sensibles à ce qu’ils perçoivent comme de l’arrogance ; les Américains, dans le but de défendre leurs intérêts commerciaux, n’hésiteront pas à insister dessus. Aussi, les rodomontades d’Emmanuel Macron le 26 février au soir sur la perspective d’envoi de troupes américaines et européennes en Ukraine nous ont ainsi sans doute fait perdre un an ou deux. D’autant que les motivations du président français sont loin d’être claires et aussi élevées que son camp de ne le prétend.

Emmanuel Macron peut-il prétendre être Churchill en ayant été Chamberlain trop longtemps ? - sources photos : CRÉDIT : LUDOVIC MARIN/via REUTERS pour Emmanuel Macron ; CORBIS pour Churchill et Chamberlain

Emmanuel Macron peut-il prétendre être Churchill en ayant été Chamberlain trop longtemps ? - sources photos : CRÉDIT : LUDOVIC MARIN/via REUTERS pour Emmanuel Macron ; CORBIS pour Churchill et Chamberlain

Les soutiens courtisans du président de la République expliqueront que ce dernier vise en réalité à réintroduire une « ambiguïté stratégique » qui avait disparu depuis longtemps de la diplomatie française, on aimerait les croire. La réalité est que c’est moins le Kremlin qui est visé – si la violence du discours de Vladimir Poutine qui a suivi ne peut plus surprendre personne, il indique néanmoins que le dictateur russe a perçu le changement de pied – que des effets politiques immédiats pour faire oublier sa propre ambiguïté face au Kremlin.

Le Spiegel donne la lecture suivante : Olaf Scholz avait rappelé peu de temps auparavant pourquoi il ne livrerait pas de missiles continentaux (Taurus) alors que d’autres (Grande Bretagne, France) l’ont fait. Il a de nouveau dit que l’Allemagne était après les USA le plus gros contributeur à l’aide militaire à l’Ukraine et que la France et d’autres ne faisaient pas assez en achats et livraison. Selon le magazine allemand, Macron aurait parlé d’engagement de troupes au sol pour se payer Scholz, ajoutant en substance « nous avons dès le début livré des canons alors que certains parlaient de livrer seulement des sacs de couchage et des casques »(10). Scholz a donc répliqué dans ce qui apparaît comme une guerre d’ego dans un « couple » dysfonctionnel. Voilà pour le conflit politique entre la Willy-Brandt-Straße et la rue du Faubourg-Saint-Honoré.

 
Le chancelier allemand Olaf Scholz (à gauche) et le président français Emmanuel Macron, le 12 juillet 2023 au sommet de l'Otan à Vilnius  afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le chancelier allemand Olaf Scholz (à gauche) et le président français Emmanuel Macron, le 12 juillet 2023 au sommet de l'Otan à Vilnius afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

En réalité, à 3 mois des élections européennes, Emmanuel Macron cherche à faire de l’Ukraine un symbole. Pourquoi et contre qui ? Contre le Rassemblement national, qu’il veut présenter comme le principal adversaire de sa minorité présidentielle dans ce scrutin. Le RN est l’ami de Vladimir Poutine. À l’Assemblée, Gabriel Attal s’est employé à le rappeler avec une pointe d’excès « Il y a lieu de se demander si les troupes de Vladimir Poutine ne sont pas déjà dans notre pays. Je parle de vous et de vos troupes, Mme Le Pen […] Vous défendiez une alliance militaire avec la Russie, il y a seulement deux ans. C’était dans votre programme pour l’élection présidentielle ». Oui, Marine Le Pen a bien défendu une « alliance militaire » avec la Russie, y compris en 2022, y compris après l’invasion de l’Ukraine, pendant la campagne pour l’élection présidentielle. Mais, à cette aune, Emmanuel Macron est à ranger dans le même sac : au début de la guerre, le chef de l’État refusait d’« humilier » la Russie. En 2019, trois ans avant la guerre, il allait plus loin défendant une « architecture de sécurité et de confiance » entre l’Europe et Moscou, déclarant la Russie est « européenne », alors même que Trump pactisait avec le Kremlin qui avait depuis une décennie déjà choisi une stratégie anti-européenne. Peut-on prétendre être Churchill en ayant été Chamberlain trop longtemps ? Si Emmanuel Macron et son camp veulent convoquer le passé sur la relation au Kremlin dans la campagne des élections européennes, le pari est glissant voire nauséabond. Il n’est surtout pas au niveau des enjeux.

Une chose est sûre, pour convaincre, la France va devoir s’y prendre autrement. Il faudrait d’ailleurs qu’Emmanuel Macron comprenne qu’il doit mettre fin à ces postures médiocres, car nous ne pourrons pas attendre 2027 pour engager le mouvement. Si l’on veut avancer, encore faut-il s’assurer d’être suivi, ce qui nécessite de travailler avec rationalité avec nos partenaires. Rationalité qui devrait également être remise au goût du jour à gauche ; il faut sortir de la binarité délétère entre un Glucksmann américanisé et un Mélenchon bolivarisé… Sortons aussi des mantras inutiles et inefficients sur le bellicisme américain et la défense de la Paix à tout prix : personne ici ne veut la guerre et envoyer nos jeunes gens à l’abattoir, les citoyens russes et ukrainiens ne le voulaient pas non plus. Organiser et muscler notre défense et nos renseignements sont sans doute le seul moyen de l’éviter. Notre faiblesse y conduira. Au moment où les amis de Poutine vont renforcer leurs rangs au Parlement européen derrière Marine Le Pen, et alors que la perspective de son arrivée au pouvoir en 2027 se précise, il serait temps de nous reprendre en main. Et pour les socialistes que nous sommes, se rappeler que l’histoire a donné raison à Léo Lagrange l’antifasciste et tort à Paul Faure le pacifiste à tout prix.

Frédéric Faravel

Références

(1)Les « biens à double usage » sont ceux destinés à des applications civiles mais qui peuvent être utilisés à des fins militaires.

(2) https://youtu.be/q_6g91QtXs0?si=N-1LdHgB3drOLV-q
https://youtu.be/A5lCewlZqMg?si=Pow4RhUS9VNfs_iH

(3)La Ruthénie subcarpathique lui avait été offerte par Hitler fin 1938 après le dépeçage de la Tchécoslovaquie.

(4)     https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2007/02/12/m-poutine-denonce-l-unilateralisme-americain_866329_3222.html

(5)Le chiffre de 1,3% affiché pour la Turquie, au regard de ses engagements militaires, en Syrie, en Libye et en soutien à l’Azerbaïdjan, ainsi que de son état de paix armée avec la Grèce, ne peut être que sujet à caution et doit être pris avec la plus grande prudence. Il doit inciter à la circonspection quant à la transparence des informations budgétaires transmises par l’État turc.

(6)Engagement pris par les membres de l’OTAN en 2014 de porter à 20% ou plus la part des dépenses de défense annuelles à l’acquisition de nouveaux équipements majeurs.

(7)Dans un message posé sur les réseaux sociaux le jour où Vladimir Poutine a envoyé ses chars à l’assaut de l’Ukraine, le commandant des forces terrestres, le général de corps d’armée Alfons Mais, a résumé en quelques mots l’état de l’armée allemande : la Bundeswehr est « plus ou moins vide ».

(8)Notamment avec la construction d’un deuxième porte-avions nucléaire complétant le Charles-de-Gaulle.

(9)Contrairement à ce que se racontent nos amis du Parti de la gauche européenne, l’Union Européenne est loin, très loin, de s’être réorganisée autour d’une économie de guerre… contrairement à la Russie.

(10)L’Allemagne avait fin février 2022 proposé 2000 casques à l’Ukraine.

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16 mars 2024 6 16 /03 /mars /2024 16:28

L'enquête publique sur Schéma Directeur de la Région Île-de-France - document qui surplombe et encadre toute la réglementation d'urbanisme dans notre Région, donc les SCOT, les Plans Locaux de l'Habitat (PLH), les Plans Locaux d'Urbanisme (PLU) et leurs équivalents au niveau intercommunal (PLHi et PLUi) - se terminait aujourd'hui samedi 16 mars 2024 à midi. Le collectif citoyen "Vivons Bezons", qui est relayé au conseil municipal par le groupe des élus communistes, socialistes & républicains (que je représente seul désormais après la démission de Mme Florelle Prio), est le seul collectif bezonnais et le seul groupe municipal à avoir relayé la nécessité de prendre part à cette enquête publique. L'équipe municipale elle-même a préféré faire profil bas sur cet enjeu majeur, se contentant d'une information peu précise sur l'agenda de la Ville sur internet, rapidement écrasée par d'autres informations. De la part d'une équipe qui se prétend de gauche et écologiste, quelle faute ! Mais en réalité, il suffit de regarder leur action politique réelle pour ne plus se faire d'illusion : le logement social et les gens qui y habitent sont méprisés, les préoccupations écologiques se traduisent par l'abattage des arbres remarquables, l'amputation de l'extension du par Bettencourt et le bétonnage du chemin de halage... On aurait pu se dire dans ces circonstances que le silence de la Ville de Bezons est assourdissant, il nous épargne en réalité de nouveaux mensonges. Au contraire, aux côtés des animateurs du collectif citoyen "Vivons Bezons", j'ai tenu ici à publier la contribution de notre groupe qui a été déposée au 11 heures ce samedi 16 mars 2024. Vous y trouverez les grands axes de notre réflexion pour que les intérêts de notre Ville et des Bezonnais soient respectés au sein de la Région Île-de-France et dans l'agglomération Saint-Germain/Boucle de Seine ; nous remercions à ce titre le groupe "Alliance Citoyenne, Ecologiste et Solidaire" au sein du conseil communautaire présidé par Isabelle Amaglio-Térisse (conseillère municipale et communautaire Les Radicaux de Gauche - LRDG de Sartrouville) pour le travail réalisé en commun sur ce dossier.

Bonne lecture
Frédéric Faravel

Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) de Bezons
Président du collectif citoyen "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Animateur national du pôle Idées, Formation & Riposte du collectif de direction de la GRS

CONTRIBUTION DU COLLECTIF « VIVONS BEZONS » À L’ENQUÊTE PUBLIQUE SUR LE SDRIF-E

CONTRIBUTION DU COLLECTIF CITOYEN « VIVONS BEZONS » À L’ENQUÊTE PUBLIQUE SUR LE SDRIF-E

CONTRIBUTION DU COLLECTIF « VIVONS BEZONS » À L’ENQUÊTE PUBLIQUE SUR LE SDRIF-E

présentée par les animateurs du collectif citoyen « Vivons Bezons » :

  • Frédéric Faravel, conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons

  • Florelle Prio, ancienne première adjointe au Maire de Bezons

  • Raymon Ayivi, ancien conseiller municipal délégué de Bezons

  • Christian Leduey, secrétaire de la section Jacky-Leser de Bezons du Parti Communiste Français

Le Schéma Directeur de la Région Île-de-France (SDRIF) est un document stratégique pour l'aménagement et l'environnement francilien. Il définit, jusqu'en 2040, les orientations politiques et réglementaires en matière d'urbanisation, de logement, de préservation de l'environnement mais aussi de nouvelles infrastructures de transport. Il a donc une double vocation : stratégique et prescriptive.

Il est devenu SDRIF-« E » pour symboliser l’engagement environnemental qui le sous-tend, mais ces engagements sont insuffisants pour répondre à l’urgence climatique qui constitue aujourd’hui un impératif vital ce que, visiblement, ce document peine à traduire. Ainsi, le présent projet de Schéma fixe une trajectoire régionale de réduction de l’artificialisation de 20 % par décennie jusqu’en 2041. C’est un objectif insuffisant pour enrayer le réchauffement climatique et l’effondrement du vivant. Il ne s’agit plus simplement de « cadre de vie », de « préparer un avenir agréable pour nous et nos enfants », mais d’une urgence pour un monde vivable. De même, l’expression « une trajectoire de sobriété foncière adaptée aux enjeux franciliens » traduit l’impensé régional qui fait de la sobriété une variable d’ajustement alors qu’elle est devenue l’impératif premier. Pour ces raisons, nous reprendrons l’appellation standard « SDRIF » et non le faussement verdi « SDRIF-E ».

NON À LA CASSE DU LOGEMENT ET DU LOGEMENT SOCIAL

L’Île-de-France continue de gagner des habitant.es. Pourtant, la construction de logements plafonne : seulement 49 500 logements supplémentaires par an, en moyenne, alors que l’objectif a été fixé à 70 000 logements par an par la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris. En plus de cela, le parc vieillissant, parfois insalubre et l’évolution de la composition des ménages augmentent le nombre de demandes de logement social enregistrées en Préfecture : 750 000 fin 2022 !

Au rythme actuel, il faudrait plus de 20 ans pour résorber le nombre de demandes de logement social ! Et probablement autant de temps pour résorber l’habitat insalubre et le mal logement.

Avec le projet de SDRIF-E proposé par la droite régionale, la production de logements sociaux pourrait s’effondrer, aggravant plus encore une pénurie historique de logements, inédite depuis l’appel de l’Abbé Pierre à l’hiver 1954, il y a bientôt 70 ans !

En effet, la droite propose le plafonnement du nombre de logements sociaux dans les communes d’Île-de-France comptant plus de 30% de logements sociaux PLAI/PLUS. Cette mesure aurait pour conséquence, selon les services de l’État, de réduire la production de logements de 21% ! On ne peut pourtant pas dire que les gouvernements qui se succèdent depuis 2017 soient favorables au logement social et à l’accès à un coût abordables au logement décent des classes populaires et moyennes : c’est à quel point le projet de Mme Pécresse est caricatural !

Extrait de l’avis de l’État sur le projet de SDRIF-E

Extrait de l’avis de l’État sur le projet de SDRIF-E

Il s’agit d’une mesure anti-sociale, anti-logement social, anti droit au logement pour toutes et tous.

50 communes franciliennes sont hors-la-loi SRU : à proximité de Bezons, dans la communauté d'agglomération St.-Germain-Boucles de Seine ou à proximité, les communes suivantes sont encore très éloignées de leurs obligations en matière de logement social : Montesson, Cormeilles-en-Parisis, Le Vésinet, Marly-le-Roi, Chatou, Croissy-sur-Seine, Maisons-Laffitte, Mareil-Marly, Louveciennes ou encore L'Etang-La Ville. Avec la fameuse clause dite "anti-ghettos" on ne pourrait plus construire de logements sociaux à Bezons, alors que 2500 Bezonnais en attendent un. Par contre, le SDRIF-E ne propose aucune mesure permettant de faciliter la mise en application de la loi SRU et de construire plus de HLM dans les villes riches : Mme Pécresse veut que ses amis ne soient pas gênés par plus modestes qu’eux, tout en empêchant les classes moyennes de se loger ailleurs. La clause "anti-ghettos" est avant tout est d'abord une clause pour préserver les "ghettos de riches" !

Nous proposons donc :

  • Abrogation du dispositif « anti-ghetto »

  • Relever l’objectif de construction de logements à 100 000 par an

  • Faire respecter la loi SRU et aller au-delà en visant 30% de logements sociaux dans toutes les communes

  • Encadrement des loyers à l’échelle de la région

  • Captation d’une part des plus-values foncières et immobilières aux abords des nouvelles gares pour freiner la spéculation

Enfin, nous souhaitons une approche plus volontariste en matière de transformation de l’immobilier déjà construit (rénovation, transformation de bureaux et tertiaire) et de friches. Seule cette dimension permettra de concilier les injonctions contradictoires d’artificialisation des sols, de diminution de consommation des ressources, de production de gaz à effet de serre avec la mise en place d’une offre de logement réellement accessibles. Compte tenu du poids du secteur du BTP dans la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, le rythme de construction ex nihilo doit être réduit au profit de la rénovation mais aussi le développement du réemploi des matériaux, la réutilisation des déchets voire leur recyclage, dans le cadre de l’économie circulaire et de nouvelles filières à développer et soutenir.

LE SDRIF-E AGGRAVE LES INÉGALITÉS TERRITORIALES ET SOCIALES EN ÎLE-DE-FRANCE

Le projet de SDRIF-E ne s’attaque pas aux inégalités sociales et territoriales qui s’aggravent en Île-de-France. Aucune mesure n’est prise pour freiner la spéculation foncière et immobilière, responsable de l’éviction des classes moyennes et populaires toujours plus loin du cœur d’agglomération. La notion de rééquilibrage entre l’Est et l’Ouest de la Région disparaît complètement du schéma : il est même proposé de renforcer La Défense dont le développement empêche celui d’autres pôles d’emplois notamment en grande couronne !

Pire encore, ce SDRIF-E propose de renforcer les inégalités par la sanctuarisation des communes hors-la-loi SRU, l’aggravation de la crise du logement et l’abandon de territoires entiers à l’automobile, de plus en plus coûteuse pour les ménages, la collectivité et l’environnement. Contrairement au schéma directeur de 2013, il ne porte aucune ambition en matière de renforcement des services publics et des grands équipements sur le territoire francilien, un avis partagé par l’État…

Extrait de l’avis de l’État sur le projet de SDRIF-E

Extrait de l’avis de l’État sur le projet de SDRIF-E

UN SDRIF QUI NE SE PRÉOCCUPE PAS DE LA TRANSCRIPTION PRATIQUE SUR LE TERRAIN

Il n’y a pas de moyens d’action engageant au regard des ambitions affichées par le SDRIF dans des domaines essentiels pour les objectifs. Ainsi, la vive contestation du projet de Schéma Régional de l’Habitat et de l’Hébergement (SRHH) dans plusieurs intercommunalités. Ainsi, un avis défavorable virulent est inscrit, par exemple, a été voté le 14 mars 2024 contre ce projet de SRHH par communauté d’agglomération Saint-Germain Boucle de Seine/CASGBS (qui ne dispose toujours pas, par ailleurs, de PLHI). Cet ensemble pourrait induire un affaiblissement opérationnel d’ampleur de ce document. Nous demandons que soient mentionnés des engagements territoriaux.

Il en va également ainsi de la lutte contre les pollutions, notamment de l’air, pour laquelle il est renvoyé à un plan régional (PPA) (OR 136-137) alors qu’il serait possible et que nous attendons de la prescription par le SDRIF pour, par exemple, limiter le droit à construire le long de certaines voies rapides urbaines en fonction des pollutions induites, dans les zones de cumul des pollutions et nuisances etc. Alors que les tribunaux ont commencé à prononcer des condamnations de l’Etat et des collectivités pour inaction dans ces domaines, il n’est pas compréhensible que ce volet soit aussi pauvre alors que, par exemple, la CASGBS n’a pas inclus de volet Air dans son PCAET.

La promesse d’une « Île-de-France des 20 minutes » : un mensonge régional !

Le projet de SDRIF-E promet de mettre chaque Francilien.ne à moins de 20 minutes des « grands équipements ».

Lycées, universités, hôpitaux, transports en commun… qui vit en banlieue proche ou éloignée sait que cette promesse n’est pas et ne sera pas tenue ! La majorité régionale ne se donne même pas l’ambition d’y parvenir en ne proposant aucun nouveau

grand équipement. L'université publique la plus proche des Bezonnais du centre-ville, l'université Paris X de Nanterre, est à au moins 45 mn en transports en commun, mais on sait que Mme Pécresse et ses amis ne font pas de différence entre enseignements public et privé : ils ont les moyens de payer, ils ne comprennent pas où est le problème puisque la fac Pasqua est juste à La Défense.

Avec la dégradation du réseau de transport en commun, la saturation des réseaux existants (nous le subissons avec le T2) et la saturation de nombreux axes routiers, le slogan « l’Île-de-France des 20 minutes de retard », à l’aller et au retour, semble plus adaptée au vécu des Franciliens.

Nous proposons donc :

  • Moratoire sur les fermetures de lits, de services et de centres hospitaliers, notamment à Argenteuil ;

  • Soutien aux centres de santé avec du personnel régional contre les déserts médicaux

  • Réouverture des gares par le retour de la présence humaine, du premier au dernier train

  • Fin des agréments de bureaux à La Défense

Pas très ZEN, ni très ZAN mais beaucoup de ZIGZAGS

Dès l’engagement de la révision du SDRIF-E, l’exécutif régional a affiché l’objectif d’atteindre zéro émission nette (ZEN) et zéro artificialisation nette (ZAN). Mots d’ordre de la communication de la droite régionale depuis des mois, de premiers indices nous laissaient à penser que cette promesse ne serait pas tenue. En effet, alors que nous avions demandé un moratoire sur la consommation de terres agricoles en 2021, dans l’attente du nouveau schéma, cette demande avait été refusée.

A la lecture du projet de SDRIF-E, l’objectif de zéro artificialisation nette n’est pas tenu et il ne le sera pas ni en 2030, ni en 2040. En effet, à défaut d’un moratoire depuis la mise en révision du SDRIF-E, les projets d’aménagement enclenchés se sont multipliés hypothéquant dès à présent toute atteinte de l’objectif ZAN pour la décennie. Par ailleurs, la définition très personnelle et très ample des « coups partis » par l’exécutif régional multiplie les possibilités d’urbanisation.

En l’absence d’arbitrages et de volontarisme politique sincère, la droite a déployé des subterfuges, nombre de zig-zag, pour tenter d’afficher le respect de zéro artificialisation des terres en 2040. Pour cela, la droite a fait le tri entre les projets, excluant certains, en gardant d’autres. Elle a par ailleurs isolé les projets de l’État et supprimé d’autres dont la ligne nouvelle Paris-Normandie, rien que ça !

Malgré ces artifices, les données fournies et l’avis de l’État confirment que le respect de l’objectif de réduire de 20% de la consommation des espaces naturels, forestiers et agricoles d’ici 2030 puis 20% supplémentaires entre 2030 et 2040 ne serait pas tenu.

L’État, bouc-émissaire tout trouvé d’une région qui se défausse

Pour dissimuler le non-respect de la promesse d’une région ZAN, l’exécutif régional choisit l’État comme bouc émissaire. Selon la droite régionale, l’État serait responsable de 25% de l’artificialisation des terres d’ici 2040. Il conviendrait donc d’exclure ces 25% du calcul global de l’objectif ZAN… ouvrant donc la porte à la consommation de plus de terres agricoles, d’espaces naturels et forestiers ! Quelle incohérence !

La réponse de l’État ne s’est pas fait attendre : dans un avis de 78 pages, l’État adresse un carton rouge à Valérie Pécresse. L’État lui demande de revoir sa copie de fond en comble : intégration des projets de l’État « oubliés », suppression de la clause « anti-ghetto », respect de la loi du 3 juin 2010, rappel de la loi SRU, interprétation ample des « coups partis » en matière d’aménagement… L’État reprend point par point les griefs de notre groupe, d’associations environnementales et de nombreuses collectivités !

Pour une Île-de-France véritablement ZEN et ZAN

Faire de la Seine et de ses affluents une personnalité juridique

Reconnaître à la Seine et ses affluents le statut de personnalité juridique permet d’en faire un sujet de droit, de rendre ses cours d’eau titulaire de droits supplémentaires d’information, de protection et de défense. Cela permettrait de simplifier l’information, la défense et la protection sur ses cours d’eau alors que le droit se sédimente depuis plusieurs siècles autour de l’usage des voies d’eau, de leurs berges et plus récemment sur la qualité de l’eau et de la protection des espèces végétales et animales.

Cette reconnaissance n’est en rien une fin en soi.

C’est un outil juridique nouveau et universel à la portée symbolique incontestable. Elle repose sur plusieurs précédents internationaux dont la reconnaissance de personnalité juridique du fleuve Gange en Inde, de la rivière Magpie au Canada mais aussi d’espaces naturels plus vastes comme des réserves et parcs en Bolivie et Nouvelle-Zélande. Pour notre agglomération, structurée autour de la boucle de la Seine, ce serait un enjeu de protection majeure mais aussi une source de développement.

Pour une Ecotaxe poids-lourds

Depuis 2016, l’Assemblée régionale vote favorablement la mise en place d’une redevance kilométrique applicable aux camions en transit en Île-de-France. La Présidente de Région a, à plusieurs reprises, soutenu publiquement cette disposition.

Cette mesure constituerait une ressource fiscale importante pour financer des mobilités alternatives au transport routier. Elle participerait à internaliser une partie des coûts externes du transport routier, très avantagé par rapport au rail ce qui constitue une véritable distorsion de concurrence.

L’écotaxe poids lourds serait appliquée, dans un premier temps, aux véhicules de plus de 11 tonnes en transit en Île-de-France au regard de la saturation des rocades autoroutières et des émissions polluantes mesurées aux abords de ces axes routiers. Au regard des objectifs affichées par le SDRIF-E, il est indispensable que le Gouvernement et le Parlement accèdent à cette demande légitime et nécessaire.

Pour un SDRIF-E contrôlé par les citoyens et financé

Rien ne serait plus hypocrite qu’un document de cette nature qui ne permettrait à moyen et long terme l’évaluation et le contrôle citoyens sur ses principales mesures. Rien ne serait plus hypocrite qu’un document qui n’envisage pas non plus le financements des projets à long terme, car cela reviendrait à nous condamner à recourir à la spéculation foncière et immobilière, au détriment des habitants et de leur accès à un logement et un cadre de vie de qualité. Nous listons ici toutes les mesures qui nous paraissent répondre à ces deux impératifs :

  • Rendre public toutes les contributions à la concertation

  • Conseil citoyen de suivi des engagements du SDRIF-E

  • Mise en place de l’écotaxe poids-lourds

  • Captation de la plus-value foncière autour des gares et des grands investissements publics

  • Création d’une fiscalité spécifique au béton

  • Réinstauration de la CVAE pour le financement de la décarbonisation de l’Île-de-France

  • Moratoire sur la privatisation des transports publics

  • Pour un volet mobilités du Contrat de Plan Etat-Région d’au moins 10 milliards d’euros d’ici 2027

CONTRIBUTION DU COLLECTIF CITOYEN « VIVONS BEZONS » À L’ENQUÊTE PUBLIQUE SUR LE SDRIF-E
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14 mars 2024 4 14 /03 /mars /2024 18:16

vous prions de nous excuser pour la publication tardive de ce compte-rendu du #ConseilMunicipal de Bezons qui s’est tenu mardi 12 mars 2024 de 20h30 à minuit passé ; nous avions l’habitude d’être plus réactifs mais nous avons donné la priorité à la réparation morale que méritait Mme Florelle Prio après l’indigne attaque dont elle a été victime en son absence lors du débat sur le rapport d’orientation budgétaire. Les mensonges de Mme Menhaouara se retourneront contre elle tôt ou tard. Il est à noter également que M. Frédéric Faravel a été l’objet d’une nouvelle tentative d’intimidation physique de la part d’un supporter de la maire qui n’était jamais venu jusqu’ici assister au conseil et prétendait s’appeler M. Bettencourt : il faut croire que l’absence prolongée de M. Cloots suscite des vocations…


Venons en aux dossiers du conseil👇
💸❌Débat sur le rapport d’orientation budgétaire :
Après une longue et pénible présentation, durant laquelle Mme Beltaïef ne semblait pas totalement maîtriser ce qu’elle lisait et butait sur un mot sur trois, nous avons pu exposer quelques remarques… Nul ne découvre que la situation est difficile ou que l’État depuis près de 20 ans maltraite les finances des collectivités territoriales, c’est une donnée permanente depuis lors mais l’équipe de Mme Menhaouara semble ne pas avoir la capacité d’y faire face contrairement à celles qui l’ont précédée. Reconnaissons le : les 10 milliards d’euros de suppression de crédits budgétaires que l’État vient d’annoncer deux mois à peine après la promulgation de la loi de finances ne vont pas améliorer la situation frappant l’éducation, l’emploi, l’écologie ou encore le logement, mais elles n’affecteront pas directement les collectivités. Notons cependant que, plutôt que d’être sur une position offensive pour exiger avec d’autres la restauration des services publics locaux (CAF, CPAM, La Poste, le commissariat de police, des dotations dignes pour nos établissements scolaires …), d’une fiscalité locale normale ou de dotations financières décentes, Mme Menhaouara et son équipe préfèrent faire profil bas, affichant une complicité soumise avec les représentants du gouvernement sans jamais rien obtenir de sérieux d’ailleurs. Cette soumission s’étend d’ailleurs à la communauté d’agglomération – Mme Menhaouara l’a reconnu en séance – au sein de laquelle elle ne se bat jamais pour exiger des attributions de compensations (ce que l’agglomération doit à la commune) à la hauteur de ce que notre Ville mérite : non elle vote toutes les propositions de la droite sans discuter (raison pour laquelle toute la majorité de droite du conseil communautaire lui tresse des compliments) : les communes riches de l’agglomération volent l’argent qui devrait revenir aux Bezonnais et Mme Menhaouara est leur complice : elle vous fait les poches à leur profit ! C’est ainsi plusieurs millions d’euros par an qui nous manquent. Notons également que l’inflation a baissé (Mme Menhaouara semble avoir découvert que les prix ne baissaient jamais et elle a tenu à nous l’expliquer comme une grande nouveauté et une nouvelle excuse à son incurie : rappelons lui que cela a toujours été le cas), que les conséquences d’une inflation à 2,5% sont plus faciles à gérer que celles d’une inflation à 6%. Notons enfin que, même si les ménages ne peuvent en profiter à cause de la suppression du bouclier tarifaire, les prix de l’électricité et du gaz sont plus bas qu’avant le début de la guerre en Ukraine : il faudrait que la Ville se batte avec d’autres pour en profiter, gageons qu’elle n’en fera rien.
La Maire s’est également plaint de la baisse des recettes des droits de mutation : ce sont les participations que la Ville reçoit à chaque vente ou opération immobilière. La crise immobilière a joué évidemment mais pas seulement : en effet, on se souvient que Mme Menhaouara avait prétendu pendant la campagne arrêter TOUS les permis de construire de ville, elle a concédé n’avoir pu que les diminuer de moitié – sa promesse était intenable, elle le savait, elle vous a menti, une ville sans permis de construire est une ville qui meure –, mais cela n’est pas sans conséquences car cela a aussi durablement impacté les recettes des droits de mutation et donc fragilisé les finances municipales : Bossuet écrivait « La providence se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes. » A quelques mots près, voici qui s’applique parfaitement au cas de Mme Menhaouara !
Elle se plaint également – prétendant pourtant tout faire pour maîtriser les dépenses – que les dépenses progressaient plus vite que les recettes… oui c’est le cas depuis 2021 donc depuis qu’elle gère directement le budget municipal : c’est sa gestion qui est en cause et non celle de qui que ce soit d’autre ! On connaît le discours de Menhaouara, c’est toujours la faute des autres, elle n’a jamais aucune responsabilité en quoi que ce soit, à croire qu’elle n’est pas Maire. On a vu comment elle avait contribué à la baisse des recettes, elle ne peut pas s’exonérer des dépenses : elle prétend payer encore les investissements du mandat précédent ? Mais enfin, il s’agit des programmations budgétaires qu’elle a elle-même votées entre 2014 et 2020 et qu’elle ne peut prétendre découvrir, personne ne lui a laissé de mauvaises surprises ou alors elle se les a faites à elle-même !?! Par ailleurs, accordons lui que – largement du fait de sa mauvaise gestion – la situation budgétaire soit tendue : dans ce cas, regardons l’accélération des investissements en 2023… il y en a pour plus de 3 millions d’euros, avec pour certains postes des chiffres sous estimés (la cour de Louise-Michel a coûté bien plus que les 785.000€ affichés car il a fallu reprendre des travaux mal faits pour un résultat qui ne satisfait pas les principaux intéressés), chacun de ces investissements peut se justifier mais pourquoi les précipiter quand Mme Menhaouara a mis les finances en difficulté ? Non à la place, après avoir affirmé du bout des lèvres qu'elle était favorable aux mesures d'augmentation du point d'indice des fonctionnaires (il a été gelé 12 ans quand même !?!), elle n'a cessé, plusieurs fois dans l'année, de se plaindre des conséquences de cette augmentation de la rémunération des agents communaux sur les finances communales. Elle reproche à l'Etat (sans jamais se mobiliser pour obtenir un changement de comportement) de ne pas avoir compensé les quelques 354.000 euros sur 2023 que cela représente : 0,4% du budget municipal, rien qui ne le déséquilibre... même si on le calcule sur une année complète, on atteint 1,4M€, soit 1,6% du budget municipal... rien de comparable avec l'addition des investissements précipités, avec l'absence de prévention et de vigilance sur les bâtiments municipaux (qui peut croire qu'après 3 ans et demi, Mme Menhaouara découvre soudainement des défauts de structure sur le gymnase Jean-Moulin ... sauf s'ils n'ont jamais fait d'inspection pendant tout ce temps), l'engagement de destruction de bâtiments, etc. ou encore avec la diminution des recettes qu'elle a provoquée.
Venons en aux priorités annoncées pour le budget 2024...
On ne reviendra pas sur le b-a-ba, Education, Culture, Sports, si ce n'est pour dire qu'au rythme où cela va Mme Menhaouara prétendra en 2026 avoir ouvert 50 classes (elle crée peut-être des salles, mais les postes d'enseignants ne sont bizarrement pas là, cherchez l'erreur), que le Théâtre manque toujours de financements nous y reviendrons (même s'il y a des choses intéressantes dans la nouvelle programmation) et que la ville n'a toujours pas l'ombre d'un projet de stade depuis que Mme Menhaouara a supprimé le seul projet possible.
La priorité environnement : chacun peut voir à quel point la propreté de la ville s'améliore et nous avons failli nous étouffer de rire lorsque Mmes Beltaïef et Menhaouara ont annoncé l'extension du parc Bettencourt... sur les terrains qui étaient prévus pour étendre le parc Bettencourt, elle a fait construire son terrain de sport synthétique (vive l'écologie), fait abattre des arbres classés comme remarquables et engagé de nouvelles constructions pour un "village associatif" en béton, alors que des locaux associatifs attendaient en 2020 les associations au-dessus de la salle Elsa-Triolet.
La priorité sécurité : un poste coûteux, qui ne peut donner de résultats... vous pourrez engager tous les policiers municipaux de la terre (et à Bezons le turn over des équipes est impressionnant), mettre des caméras partout pour recréer un monde à Big Brother, il n'y aura pas de réels résultats pour la tranquillité publique sans que soit réinstallé un véritable commissariat de police nationale de proximité. Ce sera NOTRE combat, elle l'a abandonné.
Il manque une priorité essentielle, ce qui témoigne de son mépris pour la réalité vécue par les Bezonnais(es) : celle de l'action sociale et de la solidarité... Depuis 2021, nous n'avons de cesse de réclamer un effort plus conséquent en ce domaine, en 2022 elle avait même baissé le budget du CCAS... depuis, elle et son équipe rattrapent petitement le retard pris. Or la situation est inquiétante : chacun a pu voir lors de la dernière foire de Bezons en septembre 2023 les traces de l'appauvrissement d'une partie de la population ; les témoignages sont d'ailleurs de plus en plus nombreux. Un autre indice ne trompe pas : Bezons a vu les périmètres des quartiers classés prioritaires pour la politique la ville (QPV) s'accroître par rapport à 2014-2015 (en 2014, la réforme avait conduit à un fort rétrécissement et nous considérons que l'action "politique de la ville" devrait être bien plus large, mais on comparera l'évolution entre 2015 et 2024 car ce sont les mêmes critères de sélection). Or les critères pour définir les périmètres des QPV sont ceux des taux de pauvreté, si les périmètres augmentent c'est que l'augmentation de la pauvreté a été constaté, Mme Menhaouara prétend l'avoir obtenu par la négociation politique, c'est faux : sans constat sur la pauvreté, elle aurait pu négocier tout ce qu'elle voulait, le périmètre QPV n'aurait pas été le même. Tant d'incompétence et mégalomanie en une seule personne, c'est impressionnant.
Enfin, avec d'autres élus, nous avons tenu à témoigner de notre solidarité avec le personnel municipal ; les témoignages affluent toujours plus nombreux sur des situations de souffrance, dues à des méthodes de management et de gestion des ressources humaines inappropriées, des effectifs insuffisants dans un certain nombre de service (espaces verts, propreté, notamment) ce qui place les agents restant en échec et en usure accélérée, une diminution générale des moyens qui rend plus difficile l'exécution de leurs missions de service public, une application brutale et sans aménagement de la réforme inique des 1607h (M. Cuvillier et Mme Menhaouara se planquent derrière l'application de la loi, mais la réalité c'est qu'il y avait moyen d'atténuer les dégâts et qu'ils ont tout refusé)... Les agents communaux vivent une situation de maltraitance, or ce sont eux qui font vivre au quotidien le service public local, ce sont eux les ambassadeurs la vie municipale, ils ont besoin de retrouver confiance : nous travaillerons avec eux pour redresser la barre. Mme Menhaouara a voulu mettre en avant le fait que son équipe avait créé des dispositif pour accompagner les agents avec des psychologues, etc. le mieux peut-être serait d'abord de ne pas créer à ce point les situations où les agents se sentent et sont contraints de se mettre en arrêt pour se protéger. Un élément important du serment des médecins se dit "Primum non nocere" : d'abord, ne pas faire de mal ! Mme Menhaouara, arrêtez de leur faire du mal !

🏬Résidence étudiante
Nous avons voté en faveur de la garantie d'emprunt à Antin Résidence pour une résidence étudiante de 167 logements, qui ouvrira droit à 33 logements étudiants pour des jeunes Bezonnais(es) répartis en Île-de-France et en région. C'était un projet qui a abouti sous le mandat précédent, nous remercions cependant M. Kevin Harbonnier d'avoir apporté des éléments d'information complémentaires.

🏗Aménagement urbain du square Yves-Morel et du bloc de l'ancienne clinique Korian
Nous nous sommes opposés au scandaleux pataquès du projet d'aménagement urbain en plein centre-ville entre les Rues Edouard-Vaillant, Villeneuve, Georges-Dupont et Maurice-Berteaux - le périmètre contient le square Yves-Morel, le Carrefour market, l'ancien espace jeunesse, l'ancienne salle Romain-Rolland (récemment détruite), des parkings et l'ancienne clinique Korian.
Nous avons d'abord appris le fiasco complet de l'opération avec le promoteur Capelli imposé voici un an par la mairie, qui n'a pas pu remplir ses engagements. Un an plus tard, la Maire demande d'annuler la vente pour changer d'acheteur... ce sera maintenant la Foncière Logement. On pourrait se dire : "voilà encore les résultats d'une politique à la petite semaine, un an de perdu par ces bras-cassés"... en fait, non ! Non parce que la Maire refuse toujours un an plus tard de nous présenter le projet d'aménagement urbain d'un secteur stratégique, couvert par un "périmètre de sursis à statuer" ; voici un an, elle avait présenté un vague plan colorié sans dossier et imprécis. Depuis, on sait qu'un projet plus avancé existe ; il a été présenté à des responsables associatifs... Mais à des conseillers municipaux à qui on demande de voter une vente à 8,7M€, alors là non il ne faut surtout pas le présenter ! On marche sur la tête ! La Maire s'est même lancée dans une démonstration absurde pour expliquer qu'il était préférable de vendre les terrains sans connaître le projet d'aménagement du promoteur convenu avec elle... lunaire ! En commission municipale, lundi soir, la présidente de cette commission Michèle Vasic nous avouait ne pas avoir connaissance du projet d'aménagement. Nous combattrons ces méthodes.

🏕🚲Berges de Seine (suite)
Le dossier suivant reprend la même logique... La Ville s'est engagé depuis de nombreuses années pour acheter les terrains entre le chemin de halage, la route de Bezons et la voie de chemin de fer. Ces terrains devaient accueillir le stade des berges dont Mme Menhaouara a supprimé le projet, sans proposer de solution aux sportifs. Elle a prétendu en faire une "ferme pédagogique", puis une plaine nature... Bref, aujourd'hui on ne sait plus quel est le projet qui justifie l'achat ou la récupération de nouveaux terrains. Là aussi, la Maire a refusé de nous expliquer quel était le projet d'aménagement. Mme Michèle Vasic, en commission lundi soir, a dit que le seul projet qu'elle connaissait c'était que l'agglomération travaillait sur le projet de VELOROUTE, voilà un terme plus adapté que "piste cyclable" ou "coulée verte" pour décrire la bande de 3 mètres de béton avec laquelle Mme Menhaouara et M. Fond (président de l'agglomération) ont décidé d'écraser cette espace naturel. Nous avons donc voté contre l'achat de ces terrains. Nous avons également rappelé qu'il serait temps de trouver une solution humaine et digne pour le camp de Rroms où vivent familles et enfants dans des conditions d'insalubrité désastreuses sur ces mêmes terrains. Cela n'a pas fait réagir l'équipe de Mme Menhaouara.

🌳Adhésion à l'association Plante & cité
Nous nous sommes abstenus sur l'adhésion à l'association Plante & Cité, Mme Boudeau ayant échoué à démontrer en quoi cette décision aurait un effet concret sur la commune, sachant que les même services peuvent être obtenus en formation au sein du CNFPT pour les agents communaux. Nous avons demandé encore une fois qu'un tableau sout présenté aux élus, récapitulant toutes les associations diverses et variées auxquelles adhère la ville, leurs cotisations et la description précise des bénéfices concrets que nous en retirons... C'est donc la 3e fois que nous le demandons, sans réponse.

⛺️🎑Plaine de loisirs de Vallangoujard
Nous avons été consterné par la lecture du Rapport d'activités 2022 de la plaine de loisirs de Vallangoujard où la ville dispose de terrains et de locaux avec les villes de Colombes et Argenteuil. Cette structure dysfonctionne gravement avec une gestion désastreuse de la part de sa présidente argenteuillaise. Nous demandons que la Ville de Bezons soit plus offensive pour que les Bezonnais (notamment les enfants de nos écoles et centre de loisirs) puissent en profiter. Nous avons encouragé M. Kevin Harbonnier à mettre les pieds dans le plat, quand M. Marc Roullier (LR) demandait à ce qu'on se débarrasse des terrains.

📞🏥Centre Municipal de Santé
Nous avons voté pour l'adhésion de la ville à la Centrale d'achat du Réseau des acheteurs hospitaliers : cela permettra au Centre Municipal de Santé d'avoir un système téléphonique qui fonctionne...

👥Ressources Humaines
✅Nous avons voté pour une réorganisation en cours du Service municipal de la jeunesse qui nous a été présenté précisément par M. Kevin Harbonnier qui est décidément le seul élu de la majorité à comprendre qu'on peut expliquer ses dossiers à l'opposition sans l'insulter. Cette réorganisation semble prometteuse et nous sommes impatients de voir l'action sur le terrain.
❌Nous nous sommes abstenus sur les autres transformations de postes en raison du fait que la réorganisation de la direction de l'action culturelle semblait nébuleuse et répondre à d'autres préoccupations que le développement de la culture, surtout quand on met en avant la lecture publique dans les intitulés tout en baissant les budgets d'achat de livres.

⁉️Nous avons enfin étudié les décisions courantes que la Maire de Bezons prend sans consulter le conseil municipal.
 ➡️Les marchés de fournitures de repas aux crèches et la résidence Peyronnet dont les tarifs vont fortement augmenter avec un fournisseur pour les crèches à Vannes en Bretagne (merci pour le bilan carbone). Les explications ont été pour le moins nébuleuses.
 ➡️Nous avons rappelé le cas étonnant de pensionnaires du foyer Peyronnet relogés temporairement dans des logements sociaux rue Altmeyer pendant les travaux et qui vont payer le même loyer que celui du foyer alors que les loyers des logements où ils sont relogés sont moins élevés et qu'ils n'y bénéficieront plus des services du foyer. La Maire a été incapable de répondre.
 ➡️Enfin nous sommes revenus sur la réponse apportée début janvier 2024 par le directeur général des services à une question que nous avions posée au dernier conseil municipal sur le financement par la Ville d'un concert de l'orchestre divertimento
🎼 au Théâtre Paul-Eluard🎭 pour 37.000 euros. La réponse était "En 2023, la ville a engagé un partenariat avec l’association orchestre symphonique Divertimento en lien avec l’EPIC Théâtre Paul Eluard en vue de la réalisation d’activités culturelles et de représentations soit dans des locaux communaux soit sur la scène du TPE. Dans le cadre de ce partenariat, les coûts des prestations facturées par l’association sont portés soit par la ville, soit par le budget de l’EPIC TPE. Les spectacles du 14 novembre 2023 ont été mis à la charge du budget de la ville (en raison du spectacle scolaire et de la conférence à l’école de musique)." Sauf que les Bezonnais ont dû payer un droit d'entrée ; nous avons donc demandé qui avait encaissé ces recettes, il aurait été logique que le spectacle ayant été payé par la Ville, ce soit la ville qui ait bénéficié des recettes. Pressée par nos questions, la Maire a finalement répondu que c'était le Théâtre Paul-Eluard, jetant un trouble dans ses propres services ce qui a mis un terme subitement à la discussion : en effet, nous venions de démontrer que contrairement à la fable pour enfants racontée par l'équipe municipale le TPE ne reçoit pas les financements suffisants depuis que la décision de déconventionner ce dernier l'a privé des subventions de la DRAC et d'une partie des subventions de la Région et du Département. Le concert de Divertimento a donc représenté une subvention camouflée, visant à compenser un budget insuffisant. Quelque puisse être la qualité de la nouvelle programmation culturelle, la situation financière du TPE reste précaire à cause de ces choix irrationnels, consécutifs à un caprice de la Maire. Aujourd'hui, si une partie des spectacles affichent complets, c'est uniquement parce que l'équipe municipale distribue massivement des invitations, les autres spectacles continuant d'avoir l'affluence habituelle qu'on connaissait déjà au TPE.
Il est temps de remettre de l'ordre et d'apporter un budget pérenne et stabilisé au Théâtre Paul Eluard - TPE - Bezons ; il faut mettre un terme à l'amateurisme.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Président du collectif "Vivons Bezons, groupe des élus communistes, socialistes & républicains"

Frédéric Faravel, lors du conseil municipal de Bezons le 12 mars 2024, salle Elsa-Triolet-Aragon

Frédéric Faravel, lors du conseil municipal de Bezons le 12 mars 2024, salle Elsa-Triolet-Aragon

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16 février 2024 5 16 /02 /février /2024 13:46

Depuis son accession au pouvoir (la première fois il y a plus de 25 ans), Benyamin Netanyahu a toujours tout mis en œuvre pour faire échouer le processus de paix des accords d’Oslo, dont l’aboutissement devait être une solution à deux États. Il n’a eu de cesse de développer la colonisation dans les territoires occupés et de conforter chez les Palestiniens les mouvements les plus dangereux et sectaires.

Sa stratégie sécuritaire est un naufrage ! Enserrant toujours plus les territoires palestiniens par des murs et des clôtures, expulsant les Palestiniens de leurs villages en Cisjordanie ou de leurs maisons à Jérusalem Est, sa stratégie d’entrave à la circulation des Palestiniens n’aura pas permis d’éviter le pire massacre terroriste depuis la création de l'État d’Israël, le pire massacre antisémite depuis la Shoah. Pire, la responsabilité de Netanyahu et de ses alliés – dans ce crime absolu commis par le Hamas et le Djihad islamique, animés par une idéologie génocidaire – est entière car il a ouvertement choisi de les nourrir pour en faire un repoussoir à la Paix. De plus, il a délibérément ignoré les éléments qui annonçaient les attaques et les alertes de ses « alliés » arabes.

Après le choc du 7 octobre, le droit des Israéliens à riposter contre le Hamas et le Djihad islamique était indiscutable, tout comme l’exigence toujours actuelle d’une libération inconditionnelle de tous les otages. Mais c’est tout autre chose que Netanyahu a engagé : tout à son seul objectif, sa survie politique, il a lancé Israël dans une guerre totale contre Gaza et ses habitants. Or ces quatre mois de frappes aveugles et indiscriminées n’auront permis ni de libérer les otages israéliens, ni d’éradiquer le Hamas. Chaque jour des civils plus nombreux, hommes, femmes et enfants par centaines, paient de leur vie la fuite en avant guerrière de ce gouvernement israélien.

Benyamin Netanyahu n’est pas plus chef de guerre que protecteur de la population israélienne, il n’est qu’un politicien corrompu qui pousse l’indignité jusqu’à donner raison aux délires millénaristes du camp « suprémaciste-religieux » avec qui il s’est allié. L’histoire le jugera comme il le mérite, durement.

Je forme l’espoir que la société israélienne ne cède pas davantage aux exactions perpétrées par les colons messianiques et encouragées par leurs relais à la Knesset et dans le gouvernement : la mobilisation populaire démocratique doit permettre de débarrasser le pays le plus rapidement possible du pire gouvernement de son histoire.

En attendant cette issue politique inéluctable, la communauté internationale doit prendre ses responsabilités et tout mettre en œuvre pour imposer que l’aide humanitaire atteigne Gaza, pour rétablir les circuits de l’aide alimentaire et sanitaire que Netanyahu vient de faire bloquer à Ashdod et y faire cesser les combats en exigeant l’arrêt immédiat des bombardements et des opérations sur Rafah où Netanyahu a contraint les Gazaouis à se « réfugier ».

Il ne fait pas de doute que les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre relèvent du crime contre l’humanité – la motivation antisémite et génocidaire donc l'intentionnalité d'engager la destruction des Juifs ici et ailleurs était d'ailleurs revendiquée, cette opération ne représentant que le début d'une série d'actes eschatologiques espérées par ces "fous de dieu" –, il ne fait pas de doute que, lors des trop longues semaines d’offensive israélienne dans la bande de Gaza, des crimes de guerre innombrables ont été commis ; si aujourd’hui Netanyahu décidait, en connaissance de cause, de frapper Rafah, transformée en souricière, avec l’assurance de dizaines de milliers de morts, alors il franchirait une étape supplémentaire dans l'ignominie et l’accusation de crime contre l’humanité contre Netanyahu et ce gouvernement pourrait finir par trouver légitimité.

Avec mes amis politiques, qui ont publié ce matin un communiqué en ce sens, j'appelle le gouvernement français à prendre enfin ses responsabilités, à porter à l’ONU la voix de la France pour mettre un terme à une action qui n’a plus depuis longtemps de légitimité et à engager une procédure internationale contre Benyamin Netanyahu et ses complices ministériels pour ne pas laisser leurs crimes impunis.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) de Bezons
Président du collectif "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Animateur national du pôle Idées, formation, riposte de la GRS

Des manifestants et des élus d'extrême droite bloquant la sortie du port d'Ashdod pour arrêter des camions qui, selon eux, transportent de l'aide humanitaire destinée à la bande de Gaza, à Ashdod, le 1er février 2024. (Crédit : Leo Correa/AP Photo)

Des manifestants et des élus d'extrême droite bloquant la sortie du port d'Ashdod pour arrêter des camions qui, selon eux, transportent de l'aide humanitaire destinée à la bande de Gaza, à Ashdod, le 1er février 2024. (Crédit : Leo Correa/AP Photo)

Comment a-t-on pu imaginer que le massacre du 7 octobre pouvait trouver une réponse dans le martyr des populations civiles de Gaza ?

Comment a-t-on pu imaginer que le massacre du 7 octobre pouvait trouver une réponse dans le martyr des populations civiles de Gaza ?

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14 février 2024 3 14 /02 /février /2024 18:42

Après un article de Mediapart assimilant de manière hallucinante le programme du nouveau parti de gauche fondé par Sahra Wagenknecht (Bündnis Sahra Wagenknecht - Vernunft und Gerechtigkeit en rupture avec Die Linke) à celui de l’extrême droite allemande, Alternativ für Deustchland (AfD), Mediapart a bien voulu publier en réponse l'article que j'ai écrit et signé avec Mathias Weidenberg et Nathalie Moine : nous revenons sur la dérive intellectuelle à gauche conduisant à écarter largement les critères fondamentaux économiques et sociaux dans l’analyse politique, pour privilégier un prisme sociétal. Un poison qui, lié à une passion irraisonnée pour l'excommunication, éloigne les classes populaires de notre camp, aussi bien en Allemagne qu'en France. Je relaie donc après quelques jours cet article ci-dessous.
Bonne lecture.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) de Bezons
Président du collectif "Vivons Bezons, le groupe des élus communistes, socialistes & républicains"
Animateur national du pôle Idées, formation, riposte de la GRS

En France et en Allemagne, nous avons besoin d’une gauche populaire, article publié par Mediapart

Le lundi 29 janvier 2024, Mediapart a publié un long article de Thomas Schnee, journaliste franco-européen et correspondant en Allemagne de plusieurs magazines (Alternatives ÉconomiquesReporterreMarianne, notamment), dans lequel il assimile le programme du nouveau parti de gauche fondé par Sahra Wagenknecht (en rupture avec Die Linke) à celui de l’extrême droite allemande, Alternativ für Deustchland (AfD).

Loin de nous l’idée de mettre en cause les compétences journalistiques de Monsieur Schnee, mais la lecture de son analyse fait ressortir un parti pris largement biaisé qui illustre un fait politique désastreux : une partie de la gauche (notamment dans les médias) est tombée dans la fascination des thèses du “progressisme” anglo-saxon, cette forme de gauchisme culturel qui fait frissonner les “petits bourgeois”. Cette dérive intellectuelle et idéologique conduit à écarter largement les critères fondamentaux économique et sociaux dans l’analyse politique, pour privilégier un prisme sociétal qui répond avant tout aux aspirations de la petite bourgeoise urbaine et cultivée mais contribue à entretenir l’éloignement entre la gauche et les classes populaires.

Ce qui est vrai pour la France est vrai également en Allemagne… Et c’est cette divergence politique qui est justement au centre de la scission au sein de la gauche radicale allemande. Or si l’on ne veut pas tomber dans le piège du procès d’intention politiquement orienté, il convient de regarder les faits.

Qu’est-ce que l’extrême droite allemande ?

L’AfD représente aujourd’hui la quasi-totalité de l’extrême droite. Née dans la frange anti-euro et favorable à une extrême rigueur budgétaire des chrétiens-démocrates, ce parti populiste et ultra-libéral de droite a progressivement viré à l’extrême droite en rencontrant les organisations racistes anti-musulmans comme PEgIDA, puis intégrant progressivement des éléments néo-nazis orphelins du NPD. C’est après la crise migratoire de 20215 et cette fusion entre des éléments ultra-conservateurs et d’extrême droite que l’organisation a pris de l’ampleur électorale ; elle a recueilli 12 % des suffrages en 2017 pour les élections au Bundestag (faisant rentrer l’extrême droite au parlement allemand pour la première fois depuis 1963), puis 11 % aux élections européennes de 2019 (elle dispose de 9 sièges au parlement européen) et un décevant 10,3 % aux législatives de fin 2021. Si l’AfD navigue entre 5 et 10 % selon les Länder dans l’ancien RFA, elle dépasse largement les 20 % dans toutes les régions d’Allemagne orientale. Aujourd’hui, les sondages lui promettent un nouvel essor à l’occasion du prochain scrutin de juin 2024 avec 20 % à l’ouest et plus de 30 % à l’est de l’Allemagne.

L’AfD développe désormais un discours favorable à la déportation des migrants et des Allemands naturalisés hors d’Allemagne, fantasmant sur l’expulsion sauvage de plusieurs millions de personnes. Les millions d’Allemand qui manifestent le week-end contre l’AfD le font à la suite des articles révélant ce plan monstrueux. Les dirigeants de l’AfD ont par ailleurs, dans leur conférence, théorisée la déchéance de nationalité pour deux millions d’Allemands. Ce parti propose de construire l’Allemagne avec les 70 millions d’Allemands non issus de l’immigration et sans immigrés. Enfin, l’AfD compte dans ses rangs, à des postes de responsabilités, des antisémites notoires et des néo-nazis.

Comment peut-on sur ces bases comparer le discours de l’AfD avec celui de BSW ?

Spécificités de la société allemande contemporaine

L’Allemagne n’est pas la France, elle a accueilli entre 2010 et 2022 plusieurs millions de réfugiés, d’abord originaires du Proche et du Moyen Orient puis de l’Ukraine, tout en développant des filières d’immigration hautement qualifiée pour compenser son incapacité à former les Allemands aux métiers demandés par son patronat. Dans cet objectif, les syndicats patronaux réclament une immigration qualifiée de 400 000 personnes minimum par an.

Or, 5 millions d’actifs allemands sont prisonniers de la réforme de l’assurance chômage initiée par Schröder et confirmée par Merkel portant le nom de l’ancien dirigeant de Volkswagen Peter Harz, la sinistre réforme Hartz IV. Ils sont en moyenne depuis dix ans sous tutelle des agences de l’assurance chômage, maintenus sous le seuil de pauvreté, obligés d’accepter des emplois à 400 € par mois. Le système est tellement absurde qu’ils subissent des coupes dans leurs aides lorsqu’ils essaient de suivre des formations qualifiantes. Les conseillers de l’assurance chômage peuvent aller jusqu’à s’opposer, sous peine de sanctions, à des décisions qui relèvent de l’intime ou de la survie (avoir ou non des enfants, quitter le domicile d’un conjoint même s’il est violent, etc.).

Entre 2015 et 2023, des efforts particuliers ont été faits pour intégrer dans la société et dans l’économie les réfugiés syriens et ukrainiens, avec des cours d’allemand, des équivalences de diplômes, des logements subventionnés. En parallèle (et évidemment sans lien direct entre les deux situations), le taux de pauvreté n’a cessé d’augmenter dans les actifs salariés non réfugiés, et le coût du logement a en moyenne doublé.

Dans le cadre du débat public, le patronat allemand ne fait par ailleurs aucun mystère des motivations de son choix économique de l’immigration : il assume le soutenir pour éviter une « inflation salariale » et réduire les coûts fiscaux d’un investissement en formation, éducation, que requiert pourtant l’industrie.

Comparer l’Allemagne et la France

Pour illustrer la différence, la France, depuis 2007, connaît un solde migratoire assez atone, avec un peu plus de 200 000 personnes par an, pour une population de 68 millions d’habitants. C’est 0,3%. L’Allemagne connaît un solde migratoire en année normale autour de 850 000 personnes, soit +1% par an de la population totale, avec des années pics en 2015 et 2022 où le solde migratoire a dépassé 1,5 million. Sur une période plus longue, le solde démographique est lui d’un excédent de décès de 200 000 par an en moyenne depuis … 1975.

Il convient donc de mesurer la soudaineté de la transformation en cours en peu de temps dans la société allemande, avec (reconnaissons-le) un effort des institutions et de la société civiles allemandes en faveur de l’intégration bien plus louable et efficace que ce qui est mise en place en France pour un public moindre. Cependant, avec une législation sur la citoyenneté et les naturalisations qui reste bien plus restrictive que la France, le droit du sang prévalant toujours sur le droit du sol, on en arrive en 2023 avec un niveau record de population de 84 millions, mais en comptant moins de citoyens allemands en Allemagne qu’en 1975 (72 millions contre 74 millions).

En comparaison, la France elle a connue entre 1975 et 2018 un solde démographique naturel de 250 000 en moyenne par an – mais 150 000 en 2019, 66 000 en 2020, 80 000 en 2021, 67 000 en 2022, 47 000 en 2023, la chute est récente mais elle est brutale et semble durable. 2025 pourrait être l’année où la France connaîtrait un solde naturel négatif, pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, et 50 ans après l’Allemagne (et 40 ans plus tard que ce que prévoyaient des démographes des années 1980 justifiant les discours catastrophiques sur le système de retraite).

Résumons : la France a gagné entre 1975 et 2024 près de 300 à 400 000 habitants par an, à peu près équitablement répartis entre un solde démographique naturel respectable et un solde migratoire très modéré. En parallèle, l’Allemagne a gagné également quelques 400 000 habitants par an, mais avec un solde démographique naturel négatif (-200 000) entièrement compensé par un solde migratoire de 650 000 par an en moyenne. Dans le même temps, de nombreux Allemands (c’est moins connu) ont choisi eux-mêmes de quitter leur pays, ainsi que de nombreux immigrants passant par l’Allemagne avant d’aller principalement aux États Unis et en Israël (notamment les minorités allemandes de l’ex-Union Soviétique).

Prenons un autre angle : le coût social et budgétaire de l’éducation d’un enfant jusqu’à ses 20 ans est évalué en France à 180 000 €, autour de 10 à 15 000 € pour un étudiant. La France, en éduquant en 50 ans 200 000 enfants de plus que l’Allemagne a dû engager un investissement social et budgétaire de quelques 1950 milliards d’euros, sur la période, soit 40 milliards d’investissements sociaux par an de plus que l’Allemagne. Celle-ci, en étant en excès de 650 000 migrants adultes par an, économise en coût social et budgétaire près de 120 milliards par contingent.

Ce calcul et cette méthodologie extrêmement sommaires illustrent cependant les raisons pour lesquelles la bourgeoisie française envie l’allemande ; cette jalousie est l’une des sources du mauvais traitement salarial des personnels français de l’éducation nationale, et l’une des causes de l’avantage compétitif relatif de l’Allemagne. La bourgeoisie française ne veut pas payer les impôts d’une démographie française dynamique (et elle ne veut surtout pas payer plus pour financer la mise à niveau dont a besoin le système français) – et les discours de réarmement démographique de Macron sont d’une tartufferie complète – pendant que la bourgeoisie allemande économise sur le déficit démographique et l’importation d’adultes déjà formés plus de 100 milliards d’euros par an.

Que propose réellement Bündis Sahra Wagenknecht (BSW) ?

BSW (qui pourrait prendre le nom de « Raison & Justice » – Vernunft und Gerechtigkeit, VG) réclame une politique plus conséquente sur l’asile politique. BSW est opposé cependant au discours déflationniste du patronat allemand qui refuse la construction de crèches publiques ou les investissements dans des centres de formation pour adultes soumis aux minimum sociaux.

Le discours de BSW est une réorientation des priorités budgétaires fédérales vers les populations au minimum social et aux salariés en emploi sous le taux de pauvreté, elle exige une application du droit y compris le droit européen sur lequel Merkel s’était assis en 2015. La nouvelle organisation défend un accueil digne des étrangers avec une intégration accélérée au marché du travail des réfugiés politiques bénéficiant du droit d’asile, mais aussi une expulsion plus rapide et systématique des déboutés du droit d’asile.

BSW souhaite une meilleure intégration des femmes au marché du travail et ne recourir à une immigration qualifiée qu’après avoir épuisé tous les efforts de qualification intérieure. BSW ne parle pas de déchéance de nationalité ni de déportation.

Pour BSW, la principale proposition pour lutter contre l’immigration économique et climatique, c’est l’aide au développement pour permettre à chacun sur cette terre de réaliser une vie heureuse là où il naît. Une logique politique qui entre en résonance et en cohérence avec son discours antiguerre. En face, l’AfD théorise le choc des civilisations et l’inéluctabilité de la guerre mondiale.

Quel est le danger de la petite musique que joue une partie de la presse française dans ce dossier ? À force de réduire la violence du discours réel de l’extrême droite allemande, par exemple en y assimilant la revendication d’une politique d’immigration contrôlée de BSW au discours d’épuration ethnique de l’AfD, cela n’aura comme résultats qu’une forme de dédiabolisation de ces discours monstrueux.

Une fois cela clarifié, on peut – et on doit – avoir un rapport politique critique et raisonné aux propositions de BSW. Mais alors qu’une partie de la gauche pratique l’amalgame et les raccourcis, PRENEZ CONSCIENCE de ce qu’est l’extrême droite allemande aujourd’hui… Ce n’est pas Le Pen, ce n’est pas Meloni, c’est beaucoup plus radical et violent : l’AfD est un parti néo-nazi.

On connaît la tendance de certains à dénoncer avec hâte tout désaccord politique (surmontable) comme étant le fait de nouveaux Doriot ou de nouveaux Déat. Faudrait-il chausser les mêmes lunettes à la focale tordue pour regarder ce qui se passe en Allemagne. Nous préférons la dispute ou le débat rationnels et le rassemblement pour reconquérir le monde du travail.

Signataires :
Mathias Weidenberg, dirigeant d’entreprise, ancien conseiller au commerce extérieur CCEF (Berlin)
Frédéric Faravel, conseiller municipal et communautaire de Bezons (Val-d’Oise)
Nathalie Moine, conseillère départementale de Seine-et-Marne, conseillère municipale de St.-Pathus

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8 février 2024 4 08 /02 /février /2024 18:56
🍽🏫Demain c'est le dernier jour de la consultation lancée par l'équipe municipale sur la Restauration Scolaire... On a réfléchi au sujet et il nous paraît nécessaire de mettre les choses au point !🏫👫
Le questionnaire distribué par l'équipe municipale de Bezons aux parents d'élèves sur la restauration scolaire nous a beaucoup interrogés... Il va conduire à décider une fois pour toute l'année, le 9 février au plus tard, ce qu'auront ou non le droit de manger les élèves des écoles bezonnaises. En y réfléchissant bien – nous avons pris notre temps et nous avons regardé les textes en vigueur –, cette démarche n'est pas conforme à la loi, mais surtout elle est choquante car elle enferme les enfants dans des catégories : tout le contraire de ce que doit faire l'école publique.🏫🇫🇷
1️⃣ La Ville impose déjà depuis plusieurs mois deux repas végétariens obligatoires - c'est-à-dire sans alternative - alors que la loi dite EGALIM adoptée en 2018 ne prévoit qu'un seul repas végétarien obligatoire par semaine : un, pas deux.⁉️
⚠️Les communes qui ont voulu imposer plus d'un repas végétarien obligatoire (sans alternative) par semaine, comme Lyon, ont d'ailleurs été condamnées par la justice administrative.
La loi dite "Climat & Résilience", adoptée en 2021, permettait à compter du 22 août 2022 et pour un an que les communes volontaires puissent expérimenter de proposer tous les jours un menu végétarien aux écoliers, mais à la condition expresse de proposer une alternative non végétarienne aux enfants (avec de la viande🍗 ou du poisson🐟).
2️⃣ Cette expérimentation prévue par la loi "Climat & Résilience" s'achevait en septembre 2023. Elle a fait l'objet de l'élaboration d'un rapport qui devait être suivi par un avis du Conseil National de la Restauration Collective pour déterminer s'il fallait prolonger l'expérimentation, la généraliser ou l'arrêter.
Aujourd'hui, on ne sait toujours pas si le rapport a été rendu mais surtout le Conseil National de la Restauration Collective n'a pas émis d'avis.
Évidemment, dans l'attente de cet avis et de la décision du Gouvernement, les communes qui avaient décidé de participer à l'expérimentation, et qui en respectaient le cadre (menus végétariens🥦 et menus carnés, proposés aux enfants au choix tous les jours), peuvent la poursuivre.
Mais le questionnaire municipal et la démarche de l'équipe municipale ne respectent pas le calendrier de l'expérimentation (il fallait la lancer en août 2022) ; l'équipe municipale n'était donc pas en droit de lancer une nouvelle expérimentation, dont les règles n'ont été définies nulle part, en janvier/février 2024, comme elle le fait aujourd'hui. Enfin et surtout, elle ne respecte pas l'obligation de permettre le choix entre végétarien et viande🥩 ou poisson🐟 aux enfants 3 jours par semaine.
3️⃣ Le projet municipal ne respecte pas l'esprit de la loi car il ne permet pas aux enfants de choisir : dans cette démarche, certains seront obligés de manger végétarien toute la semaine et les autres de manger un menu carné (viande🍖 ou poisson🐟 ) 3 jours par semaine.
Au-delà de tordre la lettre et l'esprit des lois EGALIM et "Climat & Résilience"⛔️, c'est bien ce dernier point qui est choquant dans la démarche de l'équipe municipale : elle enferme⛓ les enfants dans une logique sur la base d'une décision des parents (sans justification médicale) - c'est un peu comme si on disait que les parents d'élèves devaient décider des programmes scolaires​​​​​​​👨‍🏫.
Or sur le temps scolaire et périscolaire, les élèves sont là pour apprendre, pour expérimenter, pour découvrir.🤗
En établissant, une fois pour toute pour l'année, qu'un enfant mangera uniquement végétarien ou obligatoirement viande/poisson 3 fois par semaine, il ne lui reste aucune possibilité dans cette camisole pour être curieux, pour apprendre à choisir, pour tester ses goûts et ses envies🤩 : en matière de nourriture, c'est pourtant essentiel.
🏢Que la mairie de Bezons se renseigne : plusieurs communes ont organisé les choses pour permettre cette possibilité sans provoquer de gâchis alimentaire...
Dans tous les cas, la méthode choisie par l’équipe municipale est inappropriée en matière pédagogique en plus de ne pas être conforme à la loi...🚫
🔴Nous le réaffirmons bien fort, c'est aux enfants de choisir ce qu'ils veulent manger !😋
Restauration scolaire : c'est aux enfants de choisir ce qu'ils veulent manger chaque jour !
Restauration scolaire : c'est aux enfants de choisir ce qu'ils veulent manger chaque jour !Restauration scolaire : c'est aux enfants de choisir ce qu'ils veulent manger chaque jour !
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7 février 2024 3 07 /02 /février /2024 18:32
🌳🪵 Ils coupent des arbres et font pousser les grues…🪵🪓🏗️
Chacun aura pu le voir au lendemain du Jour de l’An : l’équipe municipale a décidé un « massacre à la tronçonneuse » contre les platanes du Square de la République. Même Le Parisien 95 - Val d'Oise, souvent indulgent avec Mme Menhaouara, a dû titrer « c’est une taille sauvage ! », citant le Groupe National de Surveillance des Arbres.
Mais les grues qu’elle dénonçait jadis continuent de pousser aux quatre coins de Bezons pour mettre en œuvre de nouveaux délires immobiliers qu’elle a décidés… Ah ! Que valent ses promesses ?!
Jusque dans le cœur de Ville, dont les de boutiques ferment une à une, on voit maintenant les engins de chantier mobilisés pour détruire les miroirs d’eau.
Les îlots de fraîcheur et de verdure étaient sûrement trop nombreux dans notre Ville…
 
🥬🌾🐄Souverains dans nos champs et nos assiettes🌾🥬🚜
Janvier 2024 a connu une mobilisation extrêmement forte des agriculteurs, qui a d'ailleurs ses répliques partout en Europe.
Ce serait une erreur de n’y voir que le sujet du carburant ou des règles environnementales. Les "#GiletsJaunes" avaient été dénigrés avant de (re)découvrir qu’ils ne réclamaient que des services publics, l’égalité territoriale, l'égalité républicaine.
Les revenus, les conditions de production, les traités de libre-échange à 10/20 000 km, la souveraineté alimentaire, ce que nous achetons donc la qualité de notre alimentation sont en jeu.
Les politiques libérales françaises et européennes nous emmènent dans le mur, il faudra s’en rappeler lors des élections européennes : nous devrons « Reprendre la main en France et en Europe » !
Les tribunes municipales de Vivons Bezons pour le mois de février 2024Les tribunes municipales de Vivons Bezons pour le mois de février 2024
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8 janvier 2024 1 08 /01 /janvier /2024 18:27
  2024, avec vous et pour vous !🔴
 
 
Que l’année 2024 permette pour vos familles, vos enfants & vous la réalisation de vos projets et une amélioration de votre qualité de vie.
L’année 2023 a été rude : aux mauvais coups municipaux se sont ajoutées les émeutes de fin juin et des mesures gouvernementales brutales.
L’année 2024 sera celle du bétonnage avec les projets immobiliers Rues Albert-1er, Émile-Zola ou avenue de Pontoise…
Bezons a besoin d’un nouveau souffle : il faut une attention réelle à l’environnement, à la propreté, à un #urbanisme plus humain, au #logement décent pour tous et… à la #solidarité, car en 3 ans la situation sociale s’est dégradée dans une totale indifférence municipale.
Nous voulons le préparer avec vous et rassembler. Travaillons y ensemble :
 
Agents de nettoyage : ABH & sa présidente, pas en règle !🤝
AB-Habitat a changé de prestataire pour le nettoyage des parties communes de ses 12 000 logements.
Depuis novembre, plusieurs dizaines d’employés sont virés sous divers prétextes.
C’est sûrement illégal car l’article 7 de la Convention collective des entreprises de propreté (👉 https://www.legifrance.gouv.fr/.../id/KALITEXT000027172340//) impose au nouvel opérateur la reprise des agents du prestataire précédent.
Si les règles ont été contournées, cela retombera sur ceux qui se seraient comportés en patrons anti-social et sur le donneur d’ordre, présidente d’ABH… Si certains étaient “sans papier”, il aurait fallu les régulariser : la responsabilité d’ABH serait sinon engagée.
Une direction de gauche aurait veillé à l’obligation d’appliquer la convention et que soient repris les agents : AB-Habitat doit le faire !
 
  
Les tribunes municipales de Vivons Bezons pour le mois de janvier 2024Les tribunes municipales de Vivons Bezons pour le mois de janvier 2024
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