Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
Me contacter

en savoir plus

 

Trouve

Gauche Républicaine & Socialiste

26 août 2009 3 26 /08 /août /2009 15:27
Voilà plusieurs semaines que j'essayais de mettre les mots sur la dérive du Parti socialiste, sa professionnalisation/proximitisation, j'en avais esquissé quelques lignes dans mon papier sur les leçons des élections européennes. Rémi Lefebvre le fait bien mieux que je n'aurais su le faire dans cette interview de qualité. J'ajouterai qu'à la désidéologisation des élites locales du PS s'ajoute la technocratisation accélérée de leurs principaux collaborateurs dans l'administration territoriale.
Sans avoir peur de dire que je participe sans doute pleinement de cette lente tectonique des plaques et que parfois je me sens assez impuissant face à elle.
Frédéric Faravel

"Un fonctionnement en vase clos"
LE MONDE | 26.08.09 | 14h45  •  Mis à jour le 26.08.09 | 14h45

rofesseur en sciences politiques à l'université de Reims, membre du Centre d'études et de recherches administratives, politiques et sociales (Ceraps) de l'université Lille-II, Rémi Lefebvre est coauteur avec Frédéric Sawicki de La Société des socialistes (Editions du Croquant). Il a dirigé le numéro de la revue de l'Office universitaire de recherche socialiste (OURS) consacré aux "transformations du militantisme socialiste" (éd. OURS, juin 2009).


Quel diagnostic portez-vous sur la crise du Parti socialiste ?

Le terme de crise n'est pas vraiment approprié, car il fait référence à une situation transitoire. Le Parti socialiste est, en réalité, confronté à un processus de décomposition lente engagé bien avant le congrès de Reims. Ce congrès a certes accentué cette évolution, en rendant le PS ingouvernable, mais tout cela vient de plus loin. C'est le résultat d'un ensemble de dérèglements intervenus avec la succession de François Mitterrand lors du congrès de Rennes de 1990, qui se sont traduits par la "désidéologisation" et la professionnalisation du Parti. Je ne suis pas sûr cependant que cette crise affecte tous les socialistes. Un grand nombre d'entre eux semblent s'en accommoder et ne connaissent pas ladite "crise". Le PS n'a jamais eu autant d'élus locaux. Le PS est un Janus : un organisme national démobilisé, privé de leadership et de perspectives, un niveau local qui n'a jamais été aussi florissant.

Le PS ne serait-il devenu qu'un parti de notables locaux bien implantés, mais privé de perspectives nationales ?

Il reste difficile de connaître la composition du PS aujourd'hui, l'âge, l'origine socioprofessionnelle de ses adhérents. La dernière enquête remonte à 1998. Ce qui ressort toutefois, c'est qu'il s'agit d'un parti vieillissant, qui compte un grand nombre de retraités et beaucoup de fonctionnaires des collectivités locales. On sait aussi que la moitié de ses membres sont des élus absorbés principalement par la gestion locale. C'est ce lien essentiel et professionnel qui les retient à l'organisation. Le chiffre de 120 000 adhérents, habituellement retenu, correspond à la cartographie de cette implantation locale.

Dans vos enquêtes, vous évoquez aussi le rôle particulier des "professionnels" du PS, collaborateurs d'élus...

La professionnalisation des militants du PS est un phénomène plus récent. La filière de recrutement n'est plus le syndicalisme ou les réseaux associatifs. Un nombre de plus en plus important de ses adhérents vivent de et pour la politique. Avec la décentralisation, on a assisté à la montée en puissance d'une haute fonction publique territoriale et de collaborateurs d'élus, membres des cabinets ou salariés des collectivités locales qui se retrouvent militants semi-professionnels. Ce système endogamique fonctionne en vase clos, dans un milieu social fermé, entre personnes liées par des intérêts professionnels et politiques qui se confondent. Loin en tout cas des groupes sociaux que le Parti est censé représenter ou défendre.

Le PS s'est donc coupé de ses racines populaires et laïques ?

A l'exception de certaines grandes fédérations comme celles du Nord et du Pas-de-Calais, le Parti socialiste n'a jamais été un parti de masse, ancré dans le monde ouvrier. Il a notamment compensé ses faiblesses dans ce milieu par ses liens privilégiés avec les enseignants, une composante stratégique au coeur de l'organisation, qui étaient des relais d'opinion et la courroie de transmission auprès des classes populaires. Ces liens ont été rompus. Certes, le PS n'en est pas seul responsable. Le monde enseignant s'est transformé. Il est moins politisé et s'est embourgeoisé. Mais le Parti n'a rien fait pour reconstruire ces liens, notamment avec les syndicats. Il n'assure plus de promotion aux enseignants. Il suffit de se souvenir du nombre d'enseignants parmi les députés de la "vague rose" de 1981. Il n'y en a pratiquement plus aujourd'hui chez les nouveaux élus.

Cette transformation a-t-elle eu une incidence sur la ligne politique ?

Cette mutation s'est accompagnée d'un phénomène de désidéologisation. Même si on y débat en permanence - sans rien clarifier -, le PS n'accorde plus d'importance à la réflexion doctrinale, alors même que le déclin du modèle social-démocrate la rend impérieuse. Les prises de position cachent - mal - les luttes de position. Les élus sont dans une culture du pragmatisme. Ils sont devenus des notables qui cherchent à rassembler, à créer du consensus, en masquant souvent à cette fin leur étiquette politique. Cela ne signifie pas que la gestion de gauche est identique à celle de la droite. Le PS continue de s'appuyer sur le pouvoir local, mais il ne le conçoit plus comme un outil de transformation sociale. On est loin du cercle vertueux des années 1970, dans la relation entre le local et le national, lorsque les municipales de 1977 avaient préparé la victoire de 1981. Le désinvestissement de la question idéologique renvoie aussi aux courants en déshérence et aux liens totalement décomposés avec le monde intellectuel.

Comment évaluez-vous le désarroi des militants ?

Le PS, parti pluraliste, a toujours été agité par des divisions internes très fortes. C'est une constante historique. Mais pour les militants, elles s'appuyaient sur des substrats idéologiques qui n'existent plus. Les courants sont devenus des agrégats volatiles de soutiens qui se font et se défont. Les luttes internes, artificielles, n'ont plus de sens que pour les dirigeants. Confrontés aux citoyens et aux électeurs, les militants portent le fardeau de ces divisions et paient l'image de la dégradation de leur parti, d'où beaucoup de souffrance. Ce qui ne rend pas le parti attractif, d'où le repli dans l'entre-soi. Comment adhérer à une organisation qui donne un tel spectacle de mise en scène permanente de ses divisions ?

Sur quelles bases le PS peut-il espérer se reconstruire ?

L'équation sociologique est complexe : il doit réfléchir à la reconstruction d'une alliance de classes entre les catégories populaires et des classes moyennes, et pour cela redonner de la lisibilité au monde social. Ce n'est pas évident de faire converger des intérêts parfois contradictoires. Mais on ne sait plus qui le PS représente, qui il défend, quel est son adversaire. Il y a un déficit de conflictualisation, or la gauche ne peut faire l'économie du conflit dans une société profondément inégalitaire.

Le PS a tenté de se renouveler avec les adhésions à 20 euros. Quel bilan en tirez-vous ?

Comme toujours, le PS agit et bricole dans l'urgence et le court terme. Cette formule a été un succès, puisque 80 000 adhérents l'ont rejoint. Mais la plupart sont aussitôt repartis. Ces militants à 20 euros ont été souvent stigmatisés comme "utilitaristes". Ils ont adhéré pour la désignation de Ségolène Royal à la candidature de l'élection présidentielle. Comme elle a perdu, ils se sont retrouvés disqualifiés. Mais rien n'a été fait pour intégrer ceux qui voulaient rester et s'engager plus durablement. Le nouveau militant n'est pas forcément bien accueilli dans une organisation qui s'en méfie, car il perturbe les équilibres, peut contester l'élu en place, apporter un regard extérieur que l'appareil redoute. Or le PS a besoin de s'ouvrir. Un parti qui veut penser et changer la société ne peut se contenter d'une base étroite de 120 000 militants.


Propos recueillis par Michel Delberghe
Article paru dans l'édition du 27.08.09
Partager cet article
Repost0
23 août 2009 7 23 /08 /août /2009 09:40
Retour sur la question sociale

Article publié le samedi 22/08/2009 - 18:37, par - Mediapart.fr - Pap N'Diaye est historien à l'EHESS, spécialiste des Etats-Unis.

«Dans son éloquent plaidoyer, «Une juste colère sociale», Edwy Plenel regrette que la gauche française ne défende plus les intérêts du monde du travail. Il écrit: «Défendre les moins fortunés, les moins protégés, les moins armés, les plus exposés, les plus fragiles: il n'y a pas d'autre levier d'action pour la gauche politique.» Il conviendrait donc que la gauche se saisisse à nouveau, et fortement, de la «question sociale», c’est-à-dire qu’elle s’attaque clairement aux inégalités de classe (et à leur approfondissement) générées par l’économie capitaliste.

Plenel appelle ainsi la gauche à un retour à ses origines historiques, c’est-à-dire à la défense des classes sociales opprimées par une bourgeoisie d’affaires que la crise actuelle n’a pas rendue moins arrogante ou moins égoïste. Je partage en bonne partie ce point de vue, à une sérieuse nuance près. Je vais m’en expliquer en revenant sur la fameuse «question sociale».

Historiquement, à gauche, la «question sociale» renvoie à la question du prolétariat, c’est-à-dire aux inégalités intrinsèquement produites par le capitalisme, et à ses contradictions, telles qu’analysées par Marx. C’est bien la question sociale qui a fondé des priorités intellectuelles et politiques à gauche et aussi dans les sciences sociales françaises : l’étude des rapports de classe est centrale en sociologie et en histoire depuis un siècle. Ce faisant, la gauche a négligé l’existence d’agents subissant des torts irréductibles aux rapports de classe.

L’analyse de l’exploitation de classe ne suffit pas, à elle seule, à rendre compte de toutes les formes de domination, même si ces rapports d’exploitation se trouvent imbriqués de telle manière qu'il serait inconséquent de jeter un voile d'oubli sur eux. La question des femmes a longtemps fait l’objet d’un dédain marqué (il s’agissait au mieux d’un «front secondaire» quand ce n’était pas tout bonnement le résultat d’une «fausse conscience»), et il fallut une mobilisation politique des femmes pour que l’irréductible de la condition féminine (au sens de non-réductible à la position de classe) fasse l’objet d’un minimum de reconnaissance intellectuelle et politique.

Il est est allé de même avec les minorités ethno-raciales: à gauche, elles ont été non seulement négligées, mais également suspectées de participer de la démobilisation et de la «désaffiliation» de la classe ouvrière. De tels soupçons ont eu un effet paralysant sur les sciences sociales et les politiques publiques de reconnaissance et de correction des discriminations. Le Parti socialiste a préféré amuser la galerie avec les concerts et les mains jaunes de SOS racisme, son association-lige. Le niveau de désintérêt et d’incompétence des responsables socialistes sur les questions relatives à ces minorités est tout simplement vertigineux.

Fondamentalement, la question qui se pose à la gauche consiste à prendre au sérieux le racisme et les formes de domination raciale, sans les dissoudre dans les rapports de classe, et sans considérer celles et ceux qui en font état comme «aliénés», c'est-à-dire comme incapables de reconnaître la vraie nature des processus matériels et idéologiques par lesquels la classe dominante maintient son pouvoir. Il convient de penser à la fois l'irréductibilité de certaines questions (les questions de genre et de «race», en particulier) et leur lien indissoluble aux rapports de classe. Justement, du côté de la gauche française, le problème a été de penser cette irréductibilité, et donc de secouer le carcan du réductionnisme de classe.

Il est donc question d’éviter le réductionnisme par lequel la question sociale s’est trouvée confondue avec la question de classe. Les plus «fragiles» qu’évoque Edwy Plenel ne sont pas seulement les moins fortunés. Ils cumulent une série de désavantages, parmi lesquels la position de classe, certainement, mais aussi la position juridique (étrangers en situation irrégulière par exemple, ou bien prisonniers aux droits bafoués), la position culturelle (celles et ceux dont les cultures d’origines sont, au mieux, perçues comme un inconvénient momentané en attendant que la fameuse intégration les efface), la position ethno-raciale (les non-Blancs), le genre, etc. Réfléchir sur ces questions suppose de ne pas les hiérarchiser a priori selon leur importance supposée: c’est l’objet de l’enquête de sciences sociales que de montrer comment ces positions interagissent et s’organisent selon les situations et les points de vue des acteurs.

L’enjeu, pour le Parti socialiste et la gauche en général, est de prendre au sérieux les points de vue que j’appelle «minoritaires» (non point au sens démographique mais politique : ils font état de torts qui ne sont pas historiquement représentés par la société civile et la grammaire politique françaises). Cela suppose donc, en ces moments de crise, de ne pas revenir à une conception trop réduite de la question sociale, par laquelle la situation du monde du travail redeviendrait l’alpha et l’oméga d’une politique de gauche.

Une anecdote: un élu local socialiste (un homme admirable à bien des égards, c’est pour cela que j’en parle) me fait part de ses soupçons, après avoir visité une exposition de photographies à Arles, montrant des lynchages de Noirs aux Etats-Unis: il s’agit sans doute d’une manière habile d’acclimater l’idée de diversité en France, m’explique-t-il. Pour lui, c’est la question de l’exploitation du monde du travail qui prime, et elle ne doit pas être détournée par des thèmes à la mode manipulés par la droite, dans la foulée de l’élection d’Obama. Il était donc sorti mécontent de l’exposition.

A cet élu je dirais ceci: pas plus à l’étranger qu’en France, le racisme ne procède simplement des agissements calculateurs des élites et la lutte antiraciste ne se résume à celle contre les inégalités de classe. Votre antiracisme de principe ne suffit pas, et il s’avère même incapable de penser les discriminations, à commencer par celles qui existent au sein même de votre parti, sous vos yeux.

Qu’est-ce alors qu’une politique de diversité, puisque c’est de cela dont il est question? Il ne s’agit pas d’une politique d’affichage à la Sarkozy (le tokenism bien connu des Américains, par lequel on donne l’illusion de la diversité, sans rien faire en profondeur). Il est plutôt question de démocratiser la vie politique française, ce qui passe notamment par son ouverture à des groupes peu ou pas présents et aux situations sociales qu'ils représentent.

Cela suppose des changements profonds dans le mode de fonctionnement des partis et les règles électorales (l’interdiction du cumul des mandats est un minimum). Bien entendu, cela suppose aussi une politique d’accueil aux minorités dans les partis en question, afin qu’elles puissent faire part de leurs situations, exprimer des demandes et accéder à des postes de responsabilité (sans avoir dû, au passage, abdiquer de leur spécificité et subir une violence symbolique qui les transforme en porte-paroles intransigeants du système politique).

Or les témoignages que j’ai entendus vont dans un sens bien différent: celui d’un accueil circonspect, voire hostile, délimitant une frontière entre le «nous» (les militants chevronnés) et le «eux» (les nouveaux, celles et ceux qui ne parlent pas l’idiome, qui sont hors-sujet). Je rêve donc qu’un jour le Parti socialiste ne soit plus le parti du «nous» et du «eux», mais un parti ouvert, multiculturel et en pointe contre les discriminations ; qu’une femme noire ou beure le dirige, et que les hommes blancs âgés soient minoritaires dans ses instances supérieures ; qu’il soit bien le parti de la «question sociale», dame oui, mais d’une question sociale qui ne laisse dans l’ombre aucune de ses facettes multiples, parce que, voyez-vous, comme l’écrivait jadis Martin Luther King du fond de la prison de Birmingham: «Nous en avons assez d’attendre ».


Liens:
[1] http://www.mediapart.fr/journal/france/090809/une-juste-colere-sociale
Partager cet article
Repost0
11 août 2009 2 11 /08 /août /2009 08:48
Socialisme hors-les-murs

Sur une idée de l'historien (EHESS) Vincent Duclert, cette édition participative a vocation a accueillir des contributions (une seule par auteur) émanant de dirigeants, d’élus, d’intellectuels mais aussi de militants, de sympathisants, d’électeurs ou de futurs électeurs: des assises du socialisme hors-les-murs.

ps_hlm.png

Les élections européennes appellent une réaction de la gauche

11 Août 2009

Cette note a été rédigée le 8 juin 2009 (le lendemain des élections européennes donc) par Frédéric FARAVEL, secrétaire fédéral du Parti socialiste du Val d'Oise en charge des relations extérieures (partis, syndicats, associations...)

Les élections européennes de juin 2009 se sont conclues de manière relativement prévisibles. Elles nous attristent et nous consternent en tant que socialistes, et notre sursaut doit être à la mesure des quelques 16,66 % qui ont sanctionné notre campagne. Il ne s'agit pas aujourd'hui de tirer des conclusions définitives au regard d'une abstention massive et d'un scrutin qui n'a jusqu'ici jamais été totalement suivi durablement dans les rendez-vous électoraux nationaux ou locaux. Mais le 7 juin 2009 doit nourrir quelques leçons relativement fortes tant au niveau européen, que national et partisan.

Lire la suite
Partager cet article
Repost0
29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 17:57
on verra à cette occasion qui est réellement pour la rénovation et la pacification des pratiques

Les socialistes languedociens préparent l'investiture de Frêche dans le dos d'Aubry

Par Stéphane Alliès - 28 juillet 2009 - Mediapart.fr

Ce devait être un acte fort de la nouvelle première secrétaire du PS. Martine Aubry l'a assuré: Georges Frêche ne serait pas investi par le PS lors des prochaines élections régionales. Mais en réalité, la partie s'avère bien plus complexe.

Ainsi, une correspondance entre le premier fédéral de l'Hérault Robert Navarro (proche de Frêche) et le secrétaire régional des Verts Languedoc-Roussillon Emmanuel Reynaud laisse entrevoir une toute autre destinée pour le président sortant, exclu du parti socialiste depuis janvier 2007, pour ses propos sur les harkis «sous-hommes» et le trop grand nombre de noirs en équipe de France de football.

Entamées en avril par Navarro, l'échange épistolaire visant à convenir d'une date pour se rencontrer en vue d'éventuelles négociations n'est jamais allé plus loin, les Verts faisant de la non-reconduction de Georges Frêche un préalable à toute discussion [Retrouvez les différentes lettres, rendues publiques par le parti écologiste, sous l'onglet "Prolonger" ou sur le blog de Reynaud]. Et lors du dernier courrier envoyé par le patron du PS héraultais le 20 juillet dernier (ici en PDF), une phrase donne officiellement le ton:

«Les militants socialistes désigneront démocratiquement leur tête de liste aux régionales à la fin du mois
de septembre. Ils décideront en toute souveraineté s’ils investissent Georges Frêche ou lui préfèrent un ou
une autre. C’est le seul renseignement que je puisse te donner pour l’heure.»

Non-cumul et limite d'âge?

Pourtant, selon la circulaire envoyée (ici en PDF) par Martine Aubry le 10 juillet dernier aux premiers fédéraux au sujet des régionales, il est spécifiée dans l'article 3 que, «au sein du PS, les candidat(e)s à une fonction élective publique doivent être à jour de leurs cotisations de militants et d'élus au moment du dépôt de leur candidature et justifier d'une adhésion au PS depuis trois années consécutives au 1° mars 2010.»

Dans l'entourage d'Aubry, on ne cachait pas jusqu'ici la difficulté de l'exercice. Assurant que «Martine veut tenir bon sur ce dossier», le député François Lamy reconnaissait, en marge du séminaire de la direction à Marcoussis, recevoir «des centaines de mails de militants locaux en faveur de Frêche, y compris des soutiens locaux de Benoît Hamon». Et de soupirer alors: «Le problème, c'est qu'on a là-dessus une position de principe, mais qu'aucun média ne s'y intéresse. Et quand arriveront les investitures, le seul truc qu'on retiendra, ce sera comme d'hab' le refrain de l'autoritarisme de Solférino contre les socialistes locaux qui, eux, gagnent les élections…»

Un autre des conseillers d'Aubry confie réfléchir à établir des critères comme le mandat unique ou une limite d'âge à 70 ans pour les têtes de liste, afin de tenter de sortir de l'embrouillamini qui s'annonce. Car il y a une autre difficulté de taille pour la direction du PS: l'absence d'une figure régionale pour contrer Frêche. La maire de Montpellier Hélène Mandroux, qui s'émancipe tant bien que mal de son mentor, a choisi de concentrer ses efforts politiques des mois à venir pour récupérer la présidence de la communauté d'agglomération, encore dirigée par Frêche.

Quant au premier fédéral de l'Aude, Eric Andrieu (un proche de Vincent Peillon), il a fait voter une position alambiquée par sa fédération, annonçant que s'il «fera acte de candidature pour le poste de Premier des Socialistes en Languedoc-Roussillon» lors du vote militant prévu dans toutes les régions le 1er octobre prochain, Georges Frêche sera «la tête de la liste soutenue par les socialistes aux élections régionales du mois de mars 2010». Une telle désignation qui pourrait mettre à mal toute tentative d'union de la gauche.

Bové et Mélenchon contre Royal?

Verts, Parti de gauche et communistes locaux ont fait savoir leur ras-le-bol sur un blog commun et appellent publiquement à en finir avec Frêche qui, selon eux, «n’incarne plus qu’un système clientéliste et clanique à bout de souffle». Déjà Jean-Luc Mélenchon laisse entendre qu'il serait intéressé par une candidature contre "l'empereur de Septimanie. Et José Bové a promis de s'engager dans la campagne, voulant par exemple promouvoir avec Europe-Ecologie un «pacte de déontologie politique» excluant toute alliance de second tour avec une liste PS emmenée par Frêche.

La cuisine interne socialiste pourrait enfin venir perturber les velléités anti-fréchistes de Martine Aubry. Soutien de poids (4.500 cartes dans l'Hérault, 3.700 dans l'Aude) de Ségolène Royal lors du dernier congrès de Reims, le président du Languedoc-Roussillon espère compter sur leur bienveillance au moment des débats de septembre sur les investitures. Et l'on se demande déjà si une rencontre sera organisée entre la présidente de Poitou-Charentes et son homologue languedocien (qu'elle avait défendu en novembre 2008), lors de la fête de la fraternité organisée par Désirs d'avenir, le 19 septembre prochain à Montpellier.


Links:
[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/stephane-allies
[2] http://www.midilibre.com/articles/2009/06/16/20090616-Freche-Martine-Aubry-ne-veut-pas-de-Freche-pour-les-regionales.php5
[3] http://tf1.lci.fr/infos/france/politique/0,,3385534,00-georges-freche-exclu-parti-socialiste-.html
[4] http://reynaud.emmanuel.free.fr/?p=110
[5] http://reynaud.emmanuel.free.fr/wp-content/courrier-de-m-navarro-20-07-2009.pdf
[6] http://www.mediapart.fr/journal/france/100709/la-maison-commune-d-aubry-fait-un-flop-gauche
[7] http://www.mediapart.fr/journal/france/170709/pourquoi-martine-aubry-choisi-de-taper-sur-les-doigts-de-manuel-valls
[8] http://www.mediapart.fr/journal/france/080709/au-ps-un-petit-seminaire-pour-une-grosse-crise
[9] http://www.montpellier-journal.fr/fichiers/circulaireps.pdf
[10] http://www.ps11.fr/spip.php?page=global&id_rubrique=74&id_article=327
[11] http://valeursdegauche.blog.free.fr/index.php?
[12] http://www.mediapart.fr/journal/france/050709/avant-les-vacances-cohn-bendit-and-co-promettent-une-ecologie-politique-autono
[13] http://www.youtube.com/watch?v=3m710F4HTXs
[14] http://coeur-a-gauche.over-blog.com/article-33813713.html
[15] http://reynaud.emmanuel.free.fr/wp-content/courrier-robert-navarro-ps-regionales-2010-1.pdf
[16] http://reynaud.emmanuel.free.fr/wp-content/courrier-robert-navarro-2004092.pdf
[17] http://reynaud.emmanuel.free.fr/wp-content/courrier-d-fede-ps-navarro-juin2009.pdf
[18] http://reynaud.emmanuel.free.fr/wp-content/courrier-navarro-010709.pdf
[19] http://reynaud.emmanuel.free.fr/wp-content/courrier-navarro-280709.pdf
Partager cet article
Repost0
15 juillet 2009 3 15 /07 /juillet /2009 08:42

Les vents et contrevents de l’unité
par Gérard Filoche le 13 juillet 2009

Il y a aujourd’hui à gauche un « déni d’unité » comme si les composantes de celle-ci ne se rendaient pas compte du danger face au sarkozysme menaçant tout azimut les droits sociaux et républicains.
Face à l’offre d’unité de la gauche de Martine Aubry, les réponses négatives fusent. Alors que le vent de la responsabilité, de l’urgence devrait souffler pour l’unité, les uns et les autres tirent dans des directions contraires.

On a au moins quatre réponses actuellement  :
-       1° pas d’unité assumée,
-       2° unité mais avec la droite,
-       3° petit front de gauche,
-       4° moyen front de gauche…
Reste à faire triompher le grand front de toute la gauche !

1°) La réponse la plus irresponsable est sans doute celle de Cohn-Bendit qui choisit de s’en moquer. Il explique qu’il n’est ni de droite, ni de gauche, ni du centre, que tout cela est faribole.
Ce gars-là, il est vrai, n’a pas de classe. Pas de classe sociale.
L’individu n’a pas de racines parmi les 91 % de la population active qui produisent l’essentiel des richesses de ce pays et n’en reçoivent pas la part qu’ils méritent. Vous l’avez déjà entendu évoquer l’exploitation, la violence et la souffrance au travail ? Il ne connaît pas. Il erre dans la stratosphère des médias, voit les choses de haut à la Yann-Arthus Bertrand. Ce n’est pas un syndicaliste, le syndicalisme l’ennuie… Ce n’est pas un défenseur des salaires, de la protection sociale, non, seulement « de la nature » !
C’est sans doute pourquoi une partie des Verts avec Martine Billard vient de fuir les Verts dans la mesure où ceux-ci sont retombés entre les mains des « ni ni », ni gauche, ni droite. Cohn-Bendit, c’est Waechter en plus mondain. Cohn-Bendit c’est celui qui, en 2008, va rendre visite à Sarkozy et lui offre son livre « Forget mai 68 ! » : ça ne pouvait que faire plaisir à un président partisan de « liquider mai 68 ». Cohn-Bendit n’a aucunement la volonté de donner la priorité à « battre la droite » et Sarkozy.
Mais est-ce que « Europe écologie » est vraiment avec José Bové, et la majorité des autres Verts comme Noël Mamére, Yves Cochet, engagée dans un déni d’alliance avec la gauche pour battre Sarkozy ? Déjà, il y a dix ans Cohn-Bendit avait tenté de faire une OPA sur les Verts pour les recentrer, les dévoyer dans des combines politiciennes. Y parviendra t il sans résistances ce coup-ci ?
Les Verts ont leur place et leurs devoirs au sein de la gauche, dans un front impératif si on veut avoir la chance de battre Sarkozy et de reconstruire une République sociale et écologiste. Pour sauver la banquise il ne faut pas se livrer aux banquiers.

2°) La deuxième, non moins dangereuse,  fait le succès  inattendu d’un disparu : Robert Hue. Celui-ci est devenu subitement la coqueluche des médias parce qu’il accepte l’unité avec le Modem. Du coup il est invité  par François Hollande chez les ex trans-courants de Lorient !  Il est invité par Peillon, Guérini, avec De Sarnez à Marseille. Voilà une nouvelle variante droitière de l’unité, du « front populaire » : un gros morceau de gauche, une exclusive contre le reste de la gauche, et une alliance avec un morceau de la droite. Une coalition arc-en-ciel, comme ils disent, mais sans rose ni rouge… ni verts.  Ils vont inventer une autre couleur, c’est sûr : on les verra en orange, avec Valls, histoire de bien marquer la rupture « moderne » avec 100 ans de socialisme. Cette voie de Hue-Peillon-Hollande  est une variante de ce qui s’est passé en Italie et y a tué à la fois le PCI et le PSI : derrière le « pacte d’unité progressiste » signé par Hue, Rebsamen, on voit bien qu’il ne s’agit pas d’unité du camp de la gauche, mais d’une nouvelle coalition interclassiste.
C’est une sorte de choix à la SPD, troisième voie : plutôt que d’unifier la gauche, on s’unifie avec la droite ! Il ne manquera plus qu’un « Prodi » local et le Sarkozy-Berlusconi se fera ré élire.  Ça devrait davantage plaire à Cohn-Bendit (mais encore moins à Martine Billard). On ne sait pas encore clairement ce que sera la réponse du PCF officiel : aller dans la voie d’Hue ou dans celle de Mélenchon ? On ne sait pas non plus ce que sera le choix de la direction du PS… si l’unité de la gauche ne se fait pas.
Le tiraillement est évident. Rien n’est joué. Mais pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas d’autre stratégie gagnante que l’union de la gauche : si on ne l’assume pas complètement, on dérive d’un coté ou de l’autre. Car il y a dans les « autres gauches » autant de « visions » que de groupes et sous groupes, alors chacun donne une stratégie de remplacement, d’attente, et le PS, indécis peut aller d’un bord ou de l’autre. Les forces centrifuges sont évidemment, férocement, à l’œuvre.

3°) La troisième, c’est celle du NPA : « Niet ». Rien à faire avec l’unité de toute la gauche. Entretenons la division. On préfère un « petit » front de gauche bien radical, sans le PS, même s’il ne sert à rien puisqu’il demeure incapable de gagner la majorité et de prendre le pouvoir. Et l’on somme ses alliés possibles… sur leur capacité de résistance à l’attraction de l’unité… Le problème est que ça correspond en partie à la démarche de Martine Aubry puisque celle-ci, justement, ne s’est pas adressée au NPA.
Le NPA dit qu’il ne veut pas, le PS ne lui propose pas… Cela peut durer des années… au plus grand profit de Sarkozy. Car chacun sait que la gauche ne peut être majoritaire si elle est divisée… La responsabilité de part et d’autre serait de proposer l’unité sans préalable, sans exclusive, quitte à en discuter âprement le contenu : et les électeurs de gauche jugeraient qui a raison ou tort… Mais non, Olivier Besancenot s’en tient à un superbe « rien sans nous, rien avec eux » du haut de ses 5 % obtenus aux européennes.
Pourtant chacun note que des résistances existent au sein du NPA, que celui-ci a connu une scission puis une hémorragie du seul fait de son sectarisme lors des européennes du 7 juin, qu’une tendance en son sein est née qui réclame une stratégie de front unique…
Est-ce que ce petit parti va pouvoir rester isolé, bloquant la situation éternellement et laissant la droite agir et se faire ré élire ? Ce n’est pas sûr non plus.

4°) La quatrième, c’est la réponse de Jean-Luc Mélenchon qui s’est empressé de rejeter vigoureusement l‘offre de Martine Aubry en l’accusant de jouer « double jeu ».

C’est peut-être vrai mais comment prouver  à des millions d’électeurs qu’il s’agit d’un double jeu si on refuse de jouer la partie ? Ce n’est pas la première fois dans l’histoire qu’il y aurait des propositions d’unité insincères. On peut croire que Martine Aubry a rédigé une lettre d’invitation à l’unité à gauche pour répondre aux exigences de l’aile gauche de son propre parti mais sans avoir l’intention de mener à bien une telle bataille. D’ailleurs le fait qu’elle ait délibérément omis d’inviter le NPA dans l’unité de la gauche, pourrait paraître un signe. Et le fait qu’elle ne place pas clairement la discussion d’un programme commun avant de parler « maison commune » est en effet problématique : dans quelle direction, sur quel programme l’unité   peut-elle se réaliser ?
Ceci dit, c’est toujours comme cela… Quoi de neuf ? Pourquoi refuser le défi ? L’unité est un combat. Il faut lever les obstacles un à un. Il faut que les militants s’impliquent et impliquent les électeurs, le salariat. Pour cela, il faut engager les discussions, les rendre publiques, les suivre, proposer non pas refuser.
Quand on refuse a priori d’affronter un (banal, ordinaire) « double jeu », c’est qu’on n’est pas sûr de soi et parce qu’en fait on ne souhaite pas, non plus, l’unité. Et, de facto, on se demande si Mélenchon ne propose pas un « super NPA » c’est-à-dire un « moyen » front de gauche qui rassemble toute « l’autre gauche », mais avec une exclusive, le PS… La stratégie serait la même que le NPA : dépasser d’abord le PS. Elle ne divergerait que plus tard : après avoir dépassé le PS, il serait possible de s’allier avec lui dans des conditions de rapport de force inversées.
Mais cette stratégie aléatoire en deux temps… prendrait tant de temps qu’elle laissera Sarkozy gagner 10 régions en 2010 et se faire ré élire en 2012 !
Quand on en est deux groupements à  5 ou 6 % des voix, face à un parti qui a 2 villes sur 3, 61 % des départements, 2 régions sur 3, 200 députés,  pareille stratégie défie l’entendement : le dépasser avant de s’allier ?
C’est l’argument que le NPA utilisait avant les européennes pour refuser le « moyen » front. Maintenant, c’est l’argument de Mélenchon : on refuse le « grand » front tant qu’on n’est pas les plus forts à l’intérieur. C’est stupide ! (car le seul moyen de devenir éventuellement plus fort, c’est de l’accepter). Ce n’est qu’une autre version de la division.

Il n’y a qu’une seule réponse cohérente à mettre en avant face à toutes ces tentations : l’unité de toute la gauche contre toute la droite. Et pour la réussir, il faut un programme commun de transformation sociale profonde.
On doit se battre pour que le PS propose l’unité à toute la gauche et non au Modem. On doit se battre pour que d’abord un programme commun soit débattu. Mais pour lancer la dynamique, on doit publier sa propre proposition de programme à l’intention de tous les partis de gauche (sans exclusive, des Verts au NPA) et à l’intention de tous les électeurs de gauche, en proposant des modalités de confrontation des propositions de tous les partis de gauche afin d’arriver à un accord : rencontre nationale de ces partis, rencontres locales, puis assises locales publiques co-organisées par ces partis et états généraux nationaux…
Et ensuite pour des candidatures communes et une candidature unique à la présidentielle, meilleur moyen, dès le premier tour, d’affronter puis de battre Sarkozy.
Devant les vents contraires, les paroles brouillées, les petits calculs qui ne sont pas à la hauteur de l’enjeu, il me semble que l’on peut s’appuyer sur les aspirations majoritaires dans le salariat à l’unité pour battre Sarkozy. Pour l’heure, les propos des « chefs » de clan, ou de groupes sont inconnus du grand public de gauche, mais ils vont forcément se heurter à la volonté unitaire.
Ras le bol de toutes ces manœuvres : ni front avec la droite, ni petit, ni moyen front de gauche, pour un front de toute la gauche !  Ne pas attendre, ni « laisser faire » : car à force de se repousser les extrêmes de la droite de la gauche et de la gauche de la gauche vont tuer toute chance de battre Sarkozy. Au cœur de la gauche, on doit appeler toutes ses composantes, à se rencontrer, à débattre de la base au sommet, en urgence. Un « appel à l’unité de toute la gauche » géant est nécessaire. Car le temps compte désormais : sauf explosion sociale, toujours possible, souhaitable et capable de hâter et de faciliter un tel processus, les régionales sont dans neuf mois et la présidentielle dans 33 mois.


Gérard Filo
che, le lundi 13 juillet 2009

Partager cet article
Repost0
13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 16:43

Rassembler la gauche (suite)

Posté par Benoît Hamon

Rassembler la gauche (suite)

Daniel Cohn Bendit a répondu et c’est niet ! À ses yeux les listes écologistes doivent « concurrencer le PS et le MODEM au premier tour ». Je parle rassemblement, il me répond concurrence. Soit ! Ma proposition était honnête. Il m’a semblé légitime de poser la question de la gouvernance des régions pour ne pas donner de mauvais prétexte à la division. Trop facile de vouloir rassembler quand on ne partage que les programmes mais jamais les responsabilités. Il n’y avait aucune subtilité tactique dans cette proposition. Juste une manière de proposer un dialogue qui ne soit pas bidon parce qu’il occulterait la question de la gouvernance des régions.

Le mérite de la démonstration n’en est que plus clair. Daniel Cohn Bendit propose la concurrence puis les arrangements d’entre deux tours, là où nous cogérons des régions depuis 6 ans et proposons sans préalable ni tabou, d’élaborer ensemble nouveaux programmes, nouvelles équipes et nouvelle gouvernance.

Pour motiver son refus, Daniel Cohn Bendit a évoqué un "socialisme européen moribond" et appelé les militants écolos à s’y substituer. Pour vous faire un avis vous-mêmes, lisez la tribune de Poul Nyrup Rasmussen, président du PSE (Parti Socialiste Européen) sur le bilan sans concession qu’il tire des élections européennes. Je ne suis pas mécontent de ses conclusions.

Dont acte ! Cela engloutit-il la proposition de listes d’union de la gauche dès le 1er tour des élections régionales ? Au contraire.

Je maintiens ma proposition et l’adresse à tous les écologistes et militants ou responsables de gauche, soucieux de l’intérêt général. Je maintiens ma proposition et réaffirme que le message principal venu de nos électeurs lors des élections européennes est un appel à l’unité de la gauche même si cet objectif ne doit en rien atténuer notre diversité politique et l’urgence d’une transformation en profondeur des idées et des pratiques.

Mais quand le E-day de l’écologie s’achève par une invitation à soutenir Fillon comme Président de la Commission européenne parmi une brochette de candidats acceptables qui comprend aussi le Vert Fischer, les libéraux Verhofstadt ou Robinson, le socialiste Rasmussen, permettez-moi de dire ma stupéfaction.

Où est la politique là-dedans ? Je vois bien le calcul, mais où est la politique ? Où est la différence entre Barroso et Fillon ? Où est la différence pour les salariés européens victimes de la concurrence fiscale et sociale ? Où est la différence pour le citoyen européen inquiet de l’absence de politique énergétique européenne et de la timidité des objectifs en matière de réduction des émissions de CO2 ? Si le supplément d’âme de l’écologie politique se réduisait au delta qui sépare Barroso de Fillon sur le fond, il y aurait là une immense imposture. Ce n’est pas ce que je crois.

Ce que je crois, c’est qu’il est temps de rompre avec cette compétition absurde à gauche dont aucun d’entre nous n’est jamais vainqueur puisqu’elle couronne au final la droite à chaque fois. La scène européenne en offre une nouvelle version, le Président du groupe socialiste européen Martin Schulz pourrait soutenir en octobre prochain Barroso contre un mi-temps à la présidence du Parlement Européen face à un président des Verts européen, Daniel Cohn Bendit défendant son propre champion de droite qu’il s’agisse de Fillon ou Verhofstatdt. Qui sortira vainqueur de ce duel importe peu, les perdants sont déjà connus, ce sont les électeurs de gauche européens. Ne les laissons pas faire.

Il faut croire que la gauche n'est pas encore arrivée à un stade de décomposition suffisant pour prétendre à se recomposer sérieusement.

Tous les partis composant la Gauche nous renvoient désormais la balle, trouvant dans le Parti socialiste un beau bouc émissaire pour ne pas exercer leurs propres responsabilités.

Baylet continue d'enferrer le PRG dans une dérive droitière de fumeuse jonction avec les valoisiens de Borloo. Les Verts appellent également à un dépassement droite-gauche par l'écologie et la voix de Dany le Rouge d'autrefois. Le Parti de Gauche, si l'on écoutait ses leaders nationaux mais aussi parfois certains de leurs soutiers, décrit un PS plus droitier, plus libéral, plus favorable à l'alliance avec le MoDém aujourd'hui qui ne l'aurait été avant le congrès de Reims (ne cessant pour cela de refaire le congrès du PS, d'en réécrire l'histoire et la signification) ; ainsi espère-t-il faire tuer un chien accusé d'avoir la rage et faire oublier sa drague compulsive d'un NPA qui a pourtant peu réussi dans son pari électoral : après avoir préempté le créneau électoral restant au PCF peut-être espère-t-il absorber également celui des amis néo-guevaristes d'Olivier Besancenot ? Cependant, l'ultimatum posé au Parti Communiste Français pour l'exigence d'une stratégie nationale "d'accords techniques" de second tour récusant la participation aux exécutifs régionaux pourrait bien finir par briser le Front de Gauche.

Tout cela n'est pas sérieux ! Il faut que chacun reprenne ses esprits, ne pas poursuivre dans l'agitation : le PS doit se concentrer sur son projet et son positionnement politiques, tout en continuant à se revendiquer de l'union de la gauche, le PS doit impérativement faire respecter à ses futures têtes de listes régionales les affirmations de son texte d'orientation de décembre 2008 refusant toute alliance avec un MoDém de droite ; les autres partis doivent redescendre d'un nuage électoral européen... On reverra tout cela à l'automne.

Frédéric Faravel

 

Partager cet article
Repost0
2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 15:37

«Il faut proposer des régions à nos alliés»

 

Interview Par DAVID REVAULT D'ALLONNES - Libération, jeudi 2 juillet 2009

Selon Benoît Hamon, un rassemblement des partis de gauche est urgent.

Benoît Hamon.

Benoît Hamon. (JEAN-PIERRE MULLER/AFP)

Le porte-parole du PS revient sur les suites de la défaite aux européennes et donne des pistes pour la reconstruction de son parti.

Ces jours-ci, chaque socialiste lance son club. Pourquoi une telle fragmentation ?

Chacun des initiateurs de ces clubs présente son initiative comme la pierre angulaire de la reconstruction du PS. Mais on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une étape supplémentaire de la décomposition… En résumé, pour rassembler, chaque socialiste fonde une écurie supplémentaire ! Tout cela étant motivé par l’objectif d’une candidature de plus. Tant que chacun considérera que le rassemblement doit s’opérer autour de lui, nous aurons un problème.

Pourquoi le PS a-t-il reçu une telle gifle aux européennes ?

C’est un échec auquel on ne doit pas donner plus de portée qu’il n’en a, d’autant que 60 % des électeurs ne sont pas venus voter. Mais il ne faut pas non plus l’esquiver. La gauche n’a pas perdu de voix par rapport à 2004, mais à gauche, nous étions ceux qui donnaient le moins envie.

La campagne du PS n’était pas suffisamment à gauche ?

Nous n’avons pas donné envie aux classes populaires de se déplacer pour voter. Ni à ceux qui avaient décidé de voter à gauche de le faire pour des candidats socialistes. Le PS appelait à battre Barroso, alors qu’il fait partie d’un groupe socialiste européen qui pourrait appeler, en octobre, à reconduire Barroso ! Nous payons cette indifférenciation avec la droite.

La réaction de Martine Aubry à la défaite a-t-elle été à la hauteur ?

C’est fin 2009, au vu de l’état de notre projet et du rassemblement de la gauche, que nous pourrons voir si nous avons réussi à extraire le PS des sables mouvants dans lequel il se plonge depuis quelque temps. Martine Aubry a choisi de privilégier deux axes : le projet et le rassemblement de la gauche dans une «maison commune». Je suggère de ne pas attendre l’après-régionales, comme nous avons attendu l’après-européennes, pour parler rassemblement avec nos partenaires. Ce serait la quasi-certitude qu’il n’y aura pas de rassemblement en 2012, et donc pas de victoire.

Comment aborder ces régionales ?

Socialistes, Verts, communistes et Parti de gauche cogèrent 20 régions sur 22. Là où les élections européennes justifiaient des approches politiques distinctes, je ne vois pas de clivage évident pour les régionales. Il me semble assez logique que la question de listes communes soit posée, et qu’on aborde tous les sujets, de fond comme de gouvernance. D’autant que l’électorat de gauche réclame partout l’unité.

Des Verts ou des communistes pourraient présider des régions ?

Le meilleur moyen de gagner les régionales et de favoriser le rassemblement de la gauche pour 2012, c’est de poser la question. Le fait que certaines régions soient présidées par des partenaires du PS n’est pas un tabou et ne me choque pas. Nous devons le leur proposer. Un gouvernement de rassemblement de la gauche où ne figureraient que des ministres socialistes ne serait pas très sérieux…

Mais pour la plupart d’entre eux, les présidents de région se représentent…

Il n’y a pas de syndicat des présidents sortants ! Ceux-ci sont tous légitimes, mais les présidents ne sont pas uniquement préoccupés par leur réélection personnelle, ni totalement indifférents à la présidentielle. Si l’on ne s’intéresse qu’à son propre sort, cela veut dire que le PS n’existe plus.

Et l’alliance avec le Modem, alors que Vincent Peillon invite Marielle de Sarnez à la réunion de son courant ?

Il serait impensable de s’associer à une formation qui pourrait, selon les régions, faire l’appoint avec l’UMP ou le PS, et qui siège avec le groupe libéral au Parlement européen ! Les socialistes seraient ridicules s’ils constataient que ceux qu’ils ont invités à la tribune négocient plus tard avec l’UMP pour prendre une région à la gauche. Il faut donc que le Modem clarifie sa position. Appartient-il au camp des progressistes, ou pas ?

Que pensez-vous des primaires ?

Que les primaires soient ouvertes aux électeurs de gauche, c’est une bonne idée et je la défendrai. A condition qu’il y ait un projet commun. Il nous faut trancher toutes les questions sans réponse, le libre-échange absolu, la redistribution de la richesse, la propriété dans l’économie, la planification pour domestiquer l’évolution environnementale… Sans projet commun clivant avec le bilan et l’idéologie de la droite, les primaires n’auraient pas de sens.

Serez-vous candidat ?

Non. Ce qui m’intéresse, c’est de battre Sarkozy en 2012.

Comment vivez-vous votre non-réélection au Parlement européen ?

Comme un échec. Mais je ne vais pas gémir sur le sort d’un député européen non réélu.

Pourquoi être resté porte-parole ?

A la demande de la première secrétaire, de nombreux dirigeants et de mes amis politiques. Ceux-ci considéraient qu’une démission aurait rajouté à la crise du PS et favorisé la lecture, que certains veulent donner, selon laquelle nous avons perdu à cause de la ligne politique de Hamon.

Cette ligne, l’assumez-vous toujours ?

Je n’ai jamais renoncé à la défendre. Et je ne crois pas que la crise me donne tort.

Partager cet article
Repost0
29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 08:40
Trois leçons des élections partielles qui se sont succédées depuis le 7 juin 2009 et qui ont vu le Parti socialiste faire l'un des plus mauvais score de son histoire électorale :
  • le PS est encore capable de gagner les élections, là où il représente une véritable alternative face à une droite conservatrice et parfois réactionnaire, celle-ci n'ayant absolument pas la confiance de nos concitoyens ;
  • le PS gagne lorsqu'il est capable de rassembler la Gauche, de mobiliser l'électorat populaire, et a contrario la division de la Gauche démocratique, même au premier tour, est devenu en soi un handicap électoral (Hénin-Beaumont, Perpignan) ;
  • la Gauche ne peut gagner que si elle représente un exemple moral incontestable : on ne peut pas dénoncer les dérives bling-bling du début du quinquennat sarkozien et être approximatif ou parfois tout simplement corrompu pour ensuite espérer recevoir les suffrages antisarkozistes (d'autres peuvent toujours récupérer des voix sur ses bases là).
Vous me direz sans doute que tout cela ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes... sans doute, mais il vaut mieux le marteler et le marteler encore : nous devons construire une véritable alternative politique en proposant une autre société, nous devons mettre tous nos efforts à rassembler la Gauche, nos élus doivent retrouver au plus vite le sens de l'intérêt général plutôt que se complaire de leurs petits intérêts boutiquiers s'ils veulent mobiliser et susciter l'adhésion.

Frédéric Faravel
Partager cet article
Repost0
29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 08:38

Que faire ?

Guillaume Balas

Être candidat à une élection où sa liste fait un mauvais score légitime forcément un temps de réflexion sur les causes et les remèdes à la situation du socialisme en France et en Europe. Je n’ai pas la prétention d’apporter un ensemble de réponses structurées mais j’aimerai partager quelques remarques.

Tout d’abord, nous avons la preuve que l’Europe citoyenne n’est encore qu’un début. Non seulement l’abstention est un record dans toute l’Union mais les analyses électorales se cantonnent globalement au strict cadre national. Il est pourtant clair que le résultat en France est avant tout la traduction d’un phénomène européen : le renforcement de la Droite et l’affaiblissement sensible de la social-démocratie. Les explications sont nombreuses, j’en retiendrai trois. La première est conjoncturelle, la Droite a récupéré le discours de la régulation du capitalisme, de la protection et de l’intervention publique dans l’économie. Jetant aux orties l’affichage libéral, elle a ainsi neutralisé l’évidence de leur échec théorique tout en continuant en pratique à d’abord aider les privilégiés. Ce « socialisme pour les riches » a brouillé les messages de campagne du PSE.
La deuxième remarque est structurelle : face à une Droite n’assumant plus le libéralisme, le PSE a été fondamentalement gêné par ses compromissions européennes de ces dernières années . Pourquoi plus croire au message d’harmonisation sociale d’ un social- démocrate qui a passé son temps à justifier le ralliement au social-libéralisme plutôt qu’un conservateur reniant le libéralisme anglo-saxon ? Au moins le deuxième est généralement au pouvoir.
La troisième remarque est démographique, la population européenne vieillit, les thèmes concernant la sécurité et l’immigration agités démagogiquement par la droite ont un effet certain dans certains secteurs de la société.

S’agit-il pour autant de nous exonérer de raisons spécifiquement françaises à notre score ? Certes non, 16% des suffrages exprimés ne se résument pas à la crise du socialisme européen, d’autres causes nous regardent directement, il faut y remédier dans l’immédiat.
Je suis persuadé que la cause principale de notre échec est du à un constat simple de nos électorats traditionnels : les socialistes ne pensent qu’à eux-mêmes. C’est vrai en temps que Parti, replié sur ses enjeux internes, c’est vrai dans les comportements individuels, l’égocentrisme ayant atteint un niveau pathologique et la haine un mode habituel de fonctionnement collectif (il suffit de savoir que tel ou tel trouve « salutaire » la non-réelection d’un socialiste pour comprendre l’affaiblissement moral qui est le nôtre).
Ces comportements ont une conséquence claire : ils rendent inaudibles nos propositions. Dans cette campagne les gens ne voulaient pas nous écouter car ils ne nous faisaient pas confiance sur notre capacité et notre sincérité à vouloir vraiment les défendre.
Les classes populaires et les jeunes se sont alors massivement abstenus, les classes moyennes et moyennes supérieures nous ont préféré d’autres apparaissant à tort ou à raison comme identifiés à des combats sociaux et ouverts sur la société.

Ne recherchons pas par une énième « rénovation » une solution à nos problèmes, cela ne ferait qu’accentuer notre égotisme
.Ce que nous devons d’abord faire c’est nous ouvrir à la gauche, ses partis, ses intellectuels, ses associations, ses syndicats. Oeuvrons dès maintenant à créer des passerelles pour discuter sur le fond, sans préalable, ni arrière-pensées électorales. Nos électeurs y sont massivement favorables, cette démarche donnerait le signal puissant de notre modestie pour nous-même mais de notre ambition pour la gauche et ceux qu’elle est censée représenter.
C’est maintenant que nous devons montrer que le message a été compris, pas dans six mois, c’est en tout cas à cela que je me consacrerai.

Partager cet article
Repost0
11 juin 2009 4 11 /06 /juin /2009 14:25

LES ÉLECTIONS EUROPÉENNES APPELLENT UNE RÉACTION DE LA GAUCHE

Les élections européennes de juin 2009 se sont conclues de manière relativement prévisibles. Elles nous attristent et nous consternent en tant que socialistes, et notre sursaut doit être à la mesure des quelques 16,66 % qui ont sanctionné notre campagne. Il ne s'agit pas aujourd'hui de tirer des conclusions définitives au regard d'une abstention massive et d'un scrutin qui n'a jusqu'ici jamais été totalement suivi durablement dans les rendez-vous électoraux nationaux ou locaux. Mais le 7 juin 2009 doit nourrir quelques leçons relativement fortes tant au niveau européen, que national et partisan.

Les leçons européennes du scrutin de juin 2009 :

Une logique générale se dégage des élections européennes à l'échelle du continent :

  • les partis conservateurs sortent pour la plupart consolidés des scrutins, le PPE restera très massivement le premier groupe du Parlement européen alors même qu'il devrait être abandonné par les conservateurs britanniques ou tchèques ;

  • les partis sociaux-démocrates - à de très rares exceptions (Suède, Danemark, Grèce, Slovaquie, Malte) - ont perdu les élections, ou se sont même effondrés dans certains cas ;

  • les partis écologistes progressent globalement, même s'ils marquent le pas dans leur fief traditionnel, l'Allemagne ;

  • les partis populistes, anti-sceptiques et parfois xénophobes remportent de véritables succès dans un certains nombres de pays européens comme aux Pays-Bas, en Italie, en Slovaquie, en Grande-Bretagne, en Autriche, en Hongrie, en Roumanie et en Bulgarie).

 

Partout ou presque l'abstention a progressé, le fossé entre les peuples et la dérive de la construction européenne s'accroît. Elle progresse de 2 points à l'échelle des 27 avec 56 %, et dans les pays les plus récemment membres, elles flirtent avec les 70 % (Pologne, Slovénie, Roumanie) ou même avec les 80 % (Lituanie, Slovaquie, République Tchèque).

Que peut-on retirer de ses résultats brossés à grands traits mais relativement convergents ? La déroute du PSE est totale, loin de l'objectif annoncé de changer la majorité du Parlement européen. Nous payons ici collectivement le prix d'un alignement sur le libéralisme depuis une quinzaine d'année… Les électeurs n'ont pas jugé crédibles le discours des sociaux-démocrates alors même que la crise financière et économique internationale démontrait les ratés du néo-libéralisme ; comment croire en effet des socialistes qui du jour au lendemain retrouveraient leurs valeurs protectrices, redistributrices, régulatrices, progressistes quand depuis des années ils ont accompagné le mouvement de libéralisation et de dérégulation du modèle social et économique européen. Le « on vous l'avait bien que le libéralisme était une erreur » a dans ce contexte sonné creux quand parallèlement les gouvernement conservateurs étaient contraints au pragmatisme enfourchant tout autant le discours de la protection et de la relance a minima. Les Européens ont donc choisi en majorité de maintenir des conservateurs en place car les sociaux-démocrates ne leur apportaient d'alternative affirmée et crédible.

La sanction est particulièrement forte pour les partis sociaux-démocrates au pouvoir qui avaient été les fers de lance de la troisième voie : les travaillistes britanniques (15 %) et nos camarades allemands sont lourdement sanctionnés, même si les affaires purement britanniques peuvent expliquer la déconfiture d'un New Labour à bout de souffle. La caricature la plus forte vient effectivement du SPD qui faisait campagne en dénonçant les requins de la finance et qui participe à un gouvernement dominé par les conservateurs après avoir sous Gerhardt Schröder mené une politique d'inspiration libérale.

La contestation de la domination conservatrice est aujourd'hui portées ailleurs avec un versant négatif et un versant positif :

  • le versant négatif c'est la progression de partis populistes ou xénophobes, qui démontrent comme le craignait certains d'entre nous, que les Européens peuvent être tentés par la solution réactionnaire et le repli nationaliste face à la crise du modèle libéral ;

  • le versant positif c'est la progression des verts européens qui en gagnant une dizaine de sièges démontrent l'importance des préoccupations écologiques des peuples européens, la plupart du temps dans un ancrage à gauche.

 

Le Parti des socialistes européens est donc face à ses responsabilités. Il doit cesser d'être une simple conférence des leaders de partis ou de gouvernement, il doit cesser d'être une auberge espagnole - où son membre slovaque pouvait impunément faire alliance avec l'extrême droite pour former un gouvernement -, il doit cesser d'être un Parti dont le président n'a finalement aucune autorité et dont le peu de décisions collectives peuvent être sapées par les chefs de gouvernement, il doit cesser d'être un parti qui ne s'accorde que sur le minimum parce que les débats politiques n'y ont pas réellement leur place. Nous avions choisi de soutenir avec d'autres partis européens la présidence de Poul Nyrup Rassmussen, ancien syndicaliste et premier ministre danois, d'abord pour réorganiser le PSE et éventuellement pour créer une alternative à Barroso : nous devrons poursuivre dans cette voie, mais surtout l'approfondir car les socialistes français doivent cesser d'avoir peur de leur ombre, ils doivent engager avec les autres partis socialistes d'Europe une véritable réflexion sur l'avenir du continent et pour cela nous ne devons pas hésiter à multiplier les contacts à l'intérieur même de ces partis.

Ne nous le cachons la sociale-démocratie européenne est profondément malade, sa convalescence sera longue.

Les leçons françaises du 7 juin 2009 :

La majorité présidentielle est en tête avec 27,7 %, le Parti socialiste durement frappé avec 16,66 % et talonné par les Verts qui remportent 16 % des suffrages exprimés, un Modém loin de des rêves présidentiels de François Bayrou avec 8,4 %. Le tout sur un fond de 60,3 % d'abstention soit 3 points de plus qu'en 2004.

Le niveau d'abstention doit bien entendu relativiser les significations profondes du scrutin, mais il n'empêche qu'avec des résultats fortement divergents un message politique a été adressé aux deux grands partis traditionnels de gouvernement. Avec plus de 27 % les responsables de la majorité présidentielle rappelleront que pour la première fois depuis 1979 un scrutin intermédiaire voit l'arrivée en tête de la majorité parlementaire, mais ils ont de grandes raisons de s'inquiéter car le score de la majorité présidentielle est inférieur à celui de Nicolas Sarkozy au 1er tour de l'élection présidentielle, et les réserves de voix de la droite sont faibles car elles totalisent 40 à 41% en comptant les souverainistes, les gaullistes et l'extrême droite.

La désapprobation de la politique gouvernementale s'est bel et bien exprimée dans cette élection, 45% des suffrages se portant sur les listes de gauche et 8,4 % sur les listes du Modém. Mais le PS est lourdement frappé comme le reste des partis sociaux-démocrates européens ; on pourra noter un score honorable du Front de Gauche qui rassemblait le PCF, le Parti de gauche et la Gauche unitaire avec 6,3 %, mais la véritable expression de ce scrutin à gauche passe par le remarquable résultat des listes Europe-Écologie qui avec 16 % des voix talonnent nationalement le PS et le dépassent même en Île-de-France et dans la grande région Sud-Est.

Des logiques propres au PS et aux écologistes expliquent que les deux familles se retrouvent aujourd'hui dans un mouchoir de poche :

  • le PS n'a pas su faire passer son message européen, constamment renvoyé par les médias à ses dissensions internes (plus ou moins passées) et assimilé à un seul message de vote sanction. Les propositions réelles faites par le PS français et par le Manifesto n'ont à aucun moment été réellement médiatisées dans la campagne. La prise en compte des aspirations écologiques par les socialistes n'a pas été perçue dans l'électorat ;

  • les listes Europe-Écologie présentaient un programme européen, des têtes d'affiche dynamiques et populaires qui portaient une aspiration au rassemblement (aspiration qui peut également expliquer le score honorable du Front de Gauche par rapport à celui du NPA). Les écologistes ont fait le choix de partir tôt en campagne, de ne parler que d'Europe et ils ont bien entendu rencontrés une aspiration profonde des électeurs pour les enjeux écologiques (opportunément renforcés par la diffusion de Home le vendredi soir, mais on ne dira pas non plus que la campagne se soit jouée ce soir-là).

 

On constatera dans la plupart des territoires un phénomène de vase communiquant entre l'électorat PS de 2004 et l'électorat Europe-Écologie de 2009 ; une bonne partie de nos électeurs ont donc choisi de voter Cohn-Bendit, Eva Joly et José Bové car leur rassemblement semblait plus dynamique et plus en phase avec le sujet que ce que nous avions à leur proposer. Et ne nous y trompons pas, malgré les ambigüités libérales de Cohn-Bendit, les verts sont perçus par l'électorat comme plus à gauche que le PS - impression renforcée par l'alliance avec les amis de José Bové et par le discours juste d'Eva Joly sur les paradis fiscaux en pleine crise financière -, il n'y a donc pas ici d'appel au recentrage du Parti socialiste. On est donc loin des appels de Valls à courir après l'UMP sur l'immigration et la sécurité, ou de Collomb )à transformer le PS en parti centriste.

Le Partis socialiste doit donc plus fortement insister qu'il ne l'a fait jusqu'ici sur les enjeux écologiques et il doit plus fortement travailler sur l'alternative économique et sociale nécessaire. Nous pâtissons du même manque de crédibilité que la sociale-démocratie européenne redécouvrant les vertus de ses valeurs traditionnelles, sans avoir aujourd'hui réfléchi aux solutions adaptées à notre époque.

Enseignement collatéral à la gauche, il semble évident que l'anti-sarkozisme ne permettra pas de remporter la victoire contre le président de la République en 2012 : bâtir une alliance électorale de circonstance sur ses fondements nous mènera à l'échec. Que cela ait été notre volonté ou non, nous avons été essentiellement perçu sur le mode du vote sanction, et nous avons subi la même claque que François Bayrou et son Modém dans cette élection pour ces mêmes raisons. Tout ceci devrait nous conduire à relativiser plus encore ce qui devrait nous rapprocher de lui. Outre l'anti-sarkozisme, nous n'avons rien de commun avec le Modém, et l'anti-sarkozisme, quels que soient les reproches que les Français adressent au président de la République, ne les mobilisent pas et ne constituent pas un projet de société.

Le Parti socialiste doit donc s'adresser d'urgence à ses partenaires de gauche pour que nous trouvions collectivement ensemble les voies d'une alternative, avec l'élaboration d'un programme commun et d'une organisation commune afin de remporter les prochaines élections. Il n'est évidemment pas dit que le chemin sera simple, malgré l'abstention qui peut conduire à relativiser les résultats du 7 juin, le PS sort affaibli du scrutin et nos partenaires seront d'autant plus exigeants.

Des leçons pour le Parti socialiste :

Nous pouvons considérer les résultats du 7 juin comme profondément injuste à notre égard. Malheureusement, ils ne sont pas si surprenants que cela si nous prenons le temps de regarder un peu dans le rétroviseur. Les socialistes français peinent à articuler un projet alternatif alors même que la crise économique et financière invalidait le modèle libéral. Nous-même balbutions nos réflexions sur le « juste échange » quand l'Europe est le seul espace économique passoire dans le monde et que les protections des travailleurs européens sont sans cesse amoindries.

Mais le 7 juin interroge le fonctionnement de notre parti sur le long terme ; nous payons notre atonie politique des 8 dernières années, nous avons cru que les élections de 2004 étaient un rétablissement quand elles n'étaient sans doute que l'expression d'un remord coupable du 21-Avril ; nous payons les nombreuses dissensions de notre partis, qui se sont fortement illustrées depuis 2006, lors de notre dernier congrès, et encore ses dernières semaines durant la campagne électorale. Quand le débat politique de fond est absent d'un parti, il laisse tout l'espace au conflits de personnes.

Beaucoup de nos responsables politiques, de nos élus, ont perdu le sens de l'intérêt du parti, de la gauche - et, in fine, le sens des intérêts supérieurs de nos concitoyens. Comment interpréter autrement le fait qu'il faille prier certains de nos leaders pour faire campagne ? Comment interpréter autrement le fait que dans une campagne que l'on savait difficile les coups parfois les plus durs viennent de nos rangs ?

Oui, sans aucun doute, nous avons collectivement commis des erreurs stratégiques :

  • dans la manière de désigner nos têtes de listes (ou dans la façon de revendiquer une tête de liste pour dire ensuite que l'on arrive à contre-cœur dans une circonscription électorale),

  • de composer celles-ci),

  • de donner l'impression que le vote sanction nous intéresse plus que nos propositions, d'afficher une ambition médiocre à 21 % ce qui n'est évidemment pas mobilisateur pour notre électorat (combien se seront dits le jours du vote ou quelques jours avant « finalement le PS semble assuré au regard de sondages de faire le score qu'il désire, je vais donc pouvoir envoyer un message en m'abstenant ou en votant Cohn-Bendit » ?).

 

Mais plus généralement, le Parti socialiste ne s'est pas réellement mis en mouvement. À bien des égards, beaucoup de nos élus locaux se satisfassent de la « cohabitation territoriale » qui s'est établie en 2004 puis en 2008 (à la droite le national, à la gauche la gestion des collectivités). Si le vrai pouvoir serait - à ce que l'on dit - désormais dans les collectivités pourquoi faire campagne pour les Européennes ? Prenons à garde à ce que ce raisonnement ne finisse par nous toucher pour les prochaines présidentielles ! Le Parti socialiste risque de subir une dérive radical-cassoulet ; n'oublions pas que les radicaux ou les communistes étaient riches de bastions électoraux, mais que cela ne les a pas empêchés de péricliter irrémédiablement. Je dis « beaucoup de nos élus », pas tous, car certains mouillent encore la chemise, mais nous avons tous pu constater ici ou là qu'il était parfois compliqué de mener campagne avec des barons locaux qui se comportaient comme des divas.

Le Parti doit réapprendre à faire campagne. Un collage, une distribution sur un marché ou sur une gare, ça permet de marquer le territoire à peu de frais, mais cela rapporte finalement peu de voix, quand une réunion publique n'en rapporte aucune ; nous devons occuper le terrain, nous rapprocher politiquement des électeurs en reprenant le chemin des portes-à-portes et des réunions d'appartement. Espérons que seul le désintérêt général pour les élections européennes explique cette faible mobilisation ; il ne faudra pas louper la marche pour 2010, 2011 et 2012 ! Et pour les Européennes de 2014, il faut espérer que les tréfonds du parti considéreront que la campagne vaut la peine d'être menée.

Ce type de campagne impose une mobilisation continue et profonde. Cela impose que le Parti cesse de ne parler qu'à lui-même pour parler à nouveau à la société française. Comme d'habitude c'est une électorat qui devrait être prioritaire pour la gauche qui s'est massivement abstenu : la jeunesse et les classes populaires. Pour les mobiliser nous devons à nouveau représenter l'espoir, représenter l'avenir. Il est cruel de constater que la sanction dont nous avons fait l'objet frappera avant tout certains de nos candidats qui constituent sans doute l'avenir du socialisme français. Pour rétablir l'espoir, nous devons accueillir plus franchement de nouveaux adhérents parmi nous - et il ne s'agit pas un coup politique pour une désignation de candidats, mais d'aller chercher des militants durables -, de reprendre un dialogue fécond et réel avec les associations sans la tentation du paternalisme et du clientélisme, de reprendre un travail commun avec les syndicats de salariés et les autres partis de la gauche sans volonté hégémonique. Bref, nous devons nous nourrir de la société, pour l'irriguer en retour et proposer un débouché concret à son désir d'alternative.

Ce travail, nous avons le sentiment qu'il avait commencé autour de Martine Aubry et d'une nouvelle équipe de secrétaires nationaux, dont la volonté d'ouvrir franchement les chantiers ne s'était pas démentie. Mais la machine semble avoir pris trop de temps à se mettre en marche ; les pesanteurs de notre parti nous ont sans doute fait raté l'échéance européenne, mais nous ne pouvons pas nous contenter de l'excuse du diesel qui mettrait trop de temps à chauffer. Il est grand temps de relever les manches, de réellement entrer dans un travail engagé et de mettre de côté les dissensions d'hier que certains ont la tentation de faire renaître.

Partager cet article
Repost0