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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

22 novembre 2023 3 22 /11 /novembre /2023 12:47

J'ai rédigé avec mes amis Mathias Weidenberg et Laurent Miermont cet article (publié pour la Gauche Républicaine et Socialiste) sur la création du nouveau parti de la gauche radicale allemande par Sahra Wagenknecht. Il en a été un peu question dans la presse française, mais il est assez symptomatique de remarquer le peu d'effort d'analyse et de sérieux dont celle-ci a fait preuve sur le sujet. Sahra Wagenknecht reste pour la presse hexagonale la "Mélenchon allemande", sans être capable de faire le point sur l'éloignement grandissant du leader insoumis d'avec ce qui faisait la base commune qui aurait pu rassembler une partie de la gauche européenne sur une ambition radicale.

Sahra Wagenknecht n'est pas parfaite et je ne partage pas toutes ses prises de position politique, notamment en matière internationale, mais, comme nous le disons dans l'article, ces questions ne sont pas le cœur de son message. Au-delà de faire preuve d'un sérieux complet (qui ferait passer tous les hauts dirigeants politiques français pour une bande de clowns), Wagenknecht a un mérite essentiel, celui de ramener le débat politique là où la gauche devrait le conduire : sur les questions économiques et sociales et pour la défense des intérêts des catégories populaires, qui rencontrent ceux plus largement des pays auxquels elles appartiennent.

Espérons que le Gauche européenne saura traiter le sujet avec la tête froide... Nous ne pourrions au prétexte d'une rupture entre Die Linke et l'alliance de Wagenknecht en Allemagne nous priver de la dynamique que cette dernière insuffle ; et surtout au regard de l'audience qu'elle reçoit, cela devrait interroger bien de nos partenaires à s'interroger sur la dérive libérale-identitaire prise par certains d'entre eux qui essaient pourtant de le cacher derrière un vocabulaire teinté de rouge mais qui ne peut masquer la mise au second plan des priorités économiques et sociales.

bonne lecture,

Frédéric FARAVEL
Animateur national du pôle Idées, formation et Riposte de la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS)
Conseiller municipal et communautaire GRS de Bezons

Die Linke au bord du gouffre après l’envol de Wagenknecht

Une page se tourne au Bundestag. Créé au lendemain des élections législatives de 2005, le groupe de gauche Die Linke n’existera plus à partir du 6 décembre, a annoncé son président, Dietmar Bartsch, mardi 14 novembre. Depuis 1960, c’est la première fois que le Parlement allemand perd un de ses groupes en cours de législature.

Die Linke était issu de la fusion entre le PDS, héritier du SED (“parti socialiste unifié”, le parti unique en RDA de 1949 à 1990), et le WASG, une alliance bigarrée de sociaux-démocrates de gauche, de néo-marxistes et d’altermondialistes. Le parti avait été officiellement fondé en 2007, deux ans après la constitution du groupe parlementaire, et avait obtenu son meilleur résultat aux législatives en 2009 (11,9%). Die Linke a cependant accumulé les revers ces dernières années.

La dissolution prochaine du groupe parlementaire est la conséquence d’une scission annoncée le 23 octobre par Sahra Wagenknecht, son ancienne présidente (2015-2019), qui emmène avec elle 9 parlementaires. Après leur départ, Die Linke n’en compte plus que 28, un nombre insuffisant pour conserver un groupe, car il faut en effet au moins 5% des membres du Bundestag pour en constituer un, ce qui place la barre à 37 dans l’assemblée actuelle.

L’aboutissement des désaccords au sein des Linke

Longtemps, Die Linke avait été dominé par un triumvirat : Gregor Gysi, ancien patron du PDS, Sahra Wagenknecht, co-présidente du groupe et vice-présidente du parti elle aussi issue du PDS, et Oskar Lafontaine (son mari depuis 2014) qui avait connu une carrière exemplaire dans le parti social-démocrate allemand : ancien candidat à la Chancellerie, ministre-président de la Sarre (petit Land à l’ouest, le long du département français de la Moselle) et éphémère ministre de l’économie du premier gouvernement Schröder avec qui la rupture fut aussi rapide que brutale. Opposé au social-libéralisme du Chancelier SPD, Die Linke était parvenu à obtenir des suffrages au-delà des nostalgiques du communisme et du SED, en portant une ligne de gauche anticapitaliste et de soutien aux intérêts économiques et sociaux des catégories populaires.

Mais le manque de cohérence entre les coalitions Linke – SPD dans les Länder de l’Est et le choix des sociaux-démocrates de gouverner au niveau national avec Merkel, ainsi que les divergences de fond et de stratégie en interne, ont peu à peu conduit le parti à substituer une ligne nouvelle de défense des minorités et de la jeunesse des hypercentres à celle, plus traditionnelle, de défense des classes populaires.

La violence de ces débats a conduit deux dirigeants parmi les plus sérieux et à la meilleure cote d’avenir, à quitter le parti : Fabio Di Masi, eurodéputé puis député fédéral, a claqué la porte en septembre 2022. À présent c’est la très populaire Sahra Wagenknecht qui s’en va créer sa propre organisation,après une première tentative avortée de faire du neuf pour élargir l’audience de la gauche radicale, suivie d’une période de diète médiatique (et d’une forme de burn-out).

En effet, Wagenknecht n’en est pas à son coup d’essai. En 2018, elle avait porté un nouveau “mouvement” inspiré de LFI et PodemosAufstehen !. Elle s’était alors immédiatement attiré des critiques féroces des Linke, l’accusant de dériver à l’extrême-droite, exactement comme le fait maintenant LFI contre le reste de la gauche française. Pourtant à l’époque, c’est Sahra Wagenknecht qui invitait Jean-Luc Mélenchon à parler devant le congrès des Linke à Berlin. Il y avait entre eux une convergence idéologique sur la question économique et celle de l’égalité des territoires, ainsi qu’une défiance marquée à l’encontre des discours centrés sur la petite bourgeoisie urbaine (depuis lors, le leader Insoumis a viré à 180° et choisi une orientation finalement assez semblable à celle des Linke actuels).

Mais Wagenknecht, bien qu’ayant très vite 100 000 inscrits sur sa newsletter, a vite calé, pour ne pas dire craqué. Peu sensible aux questions d’organisation, la native de Iéna est surtout une excellente oratrice. Sans structuration, Aufstehen ! a échoué à percer.

Un parti-mouvement personnaliste mais avec une colonne vertébrale marxiste

La seconde tentative sera-t-elle la bonne ? La très personnalisée Bündnis (”alliance”) Sahra Wagenknetch (BSW) n’existe pas encore juridiquement et ne gardera peut-être pas ce nom provisoire après son congrès fondateur. Au plan institutionnel, il y aura donc deux “coordinations” sans statut de groupe parlementaire : 27 députés loyaux à die Linke et 9 députés avec BSW.

Dans les sondages, sans Wagenknecht, la coalition au pouvoir est minoritaire : Unions Chrétiennes (conservateurs) 30%, AfD (extrême droite) 23%, SPD 17%, Verts 13%. Le FDP (libéraux) à 4%, comme les Linke (4%) seraient exclus du Bundestag. Mais quand elle est mesurée, la BSW rentre en fanfare dans le jeu politique : Conservateurs 24%, AfD 17%, SPD 17%, Wagenknecht 13% (soit mieux que le meilleur score des Linke), Verts 12%, le FDP et Die Linke 3% chacun.

Wagenknecht parle peu de l’international (ses rares sorties, plutôt pro-russes, avaient entraîné des départs de membres des Linke, ulcérés par l’absence de réaction du parti) et peu d’Europe. En revanche, elle dénonce assez souvent l’effet boomerang des sanctions prises par l’UE contre Moscou suite à l’invasion de l’Ukraine, car pour elle, ce qui compte, ce sont les enjeux économiques et sociaux. Elle mobilise les classes salariées naufragées qui n’ont pas profité de la croissance 2011-2021 et qui ne se reconnaissent pas dans les cibles sociologiques du vote écologiste et (désormais) des Linke.

Son mouvement est à ce stade surtout organisé sur les réseaux sociaux, mais un réseau local émerge dans les cantons en déshérence de la République fédérale.

Sahra Wagenknecht n’est pas que brillante oratrice, elle aussi une essayiste prolixe : ses nombreux ouvrages lui servent à accéder aux plateaux de télévision et à multiplier ses messages par les recensions de ses livres. En Allemagne, l’écrit reste un vecteur majeur de cristallisation du comportement électoral des classes d’âge qui votent. Au point de vue théorique, sa prose, à 90% économique, est matérialiste et teintée de néo-marxisme.

Élevée sans religion, elle se dit athée, ce qui est assez rare dans la classe politique allemande. Mais sans en faire un sujet central, elle ne se prive pas de dénoncer comme nouvel « opium du peuple » les théories post/décoloniales et autres études de genre qu’elle trouve, non sans raison, idéalistes, petites bourgeoises et excessivement centrées sur l’identité. Pour cette fervente admiratrice de Rosa Luxembourg, le vrai féminisme c’est la lutte des classes et le socialisme.

Sahra Wagenknecht sait non seulement jouer de sa parole percutante, mais aussi des autres registres de la politique spectacle. La plupart des Allemands, quand ils n’admirent pas sa beauté, lui reconnaissent un style à la fois simple et élégant (dépourvu de marques de luxe ou à la mode) qui leur évoque la figure d’une sorte d’Athena germanique.

Enfin, elle va chercher les électeurs du prolétariat partis chez l’AfD avec tous les moyens rhétoriques à sa disposition, ce qui la mettrait, aux yeux de certains Insoumis français, à l’extrême droite de Fabien Roussel (sachons manier nous-mêmes l’ironie).

Parmi ses soutiens se trouvent les députés Linke connus pour leur position marxiste, anti-impérialiste intransigeante (et plutôt pro-russe, par rejet de l’OTAN). Mais le nouveau parti ne fait pas du tout publicité de ses positions internationales : le choix est de parler économie, inflation, salaires, pouvoir d’achat, travail, énergie, inégalités sociales et de territoires.

L’espérance de vie de BSW sera sans doute bien supérieure à celle d’Aufstehen ! car Sahra Wagenknecht ne s’occupe pas de la structuration ni de “l’orga”, assurées par d’autres. En outre, Sahra Wagenknecht a tout lieu de se réjouir d’être partie avec 9 députés très bien implantés localement.

Quelles perspectives politiques ?

BSW va présenter des listes en 2024 aux européennes de juin et aux trois scrutins régionaux de l’automne en Saxe, Thuringe et Brandebourg. Rappelons qu’en Allemagne le minimum requis pour obtenir un eurodéputé est de 1,2%. Die Linke avec 3-4% peut donc espérer conserver 3, peut-être 4 sièges, et BSW devrait, si les sondages se confirment, en rafler au moins 10. On pourra alors mesurer le poids politique du nouveau parti.

La question est à présent de savoir comment cette reconfiguration de la gauche allemande (BSW mord un peu sur les restes de Die Linke, sur le SPD et… beaucoup sur l’AfD !) pourrait entraîner un changement politique significatif en Allemagne, voire, à terme, un changement de coalition, pour sortir de la succession d’accords de gouvernement de centre-droit et de centre-gauche, dont les nuances subtiles ne font guère de différence pour les gens.

On peut se poser la même question, mais cette fois au niveau européen : BSW choisira-t-elle un compromis avec l’alliance « Maintenant le Peuple » pilotée par LFI et donc de faire l’impasse sur leurs importantes différences idéologiques ? Cela poserait clairement la séparation avec Die Linke, mais cela éloignerait BSW de sa famille politique naturelle : le Parti de la Gauche Européenne, dont les positions économiques et sociales sont proches.

Mathias Weidenberg, Frédéric Faravel et Laurent Miermont

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24 août 2023 4 24 /08 /août /2023 17:56

Alors que les partis de gauche amorcent leur rentrée politique (malheureusement dans un contexte de polémique assez triste), j'ai co-rédigé et signé avec des universitaires, des parlementaires, des élus locaux, des militants associatifs et politiques cette tribune collective publiée hier mercredi 23 août 2023 à 17h57 dans le magazine Marianne. Ce texte appelle les militants et dirigeants de gauche à engager un long travail de reconquête idéologique. Et à reprendre le chemin trop longtemps abandonné de l'éducation populaire... C'est pour nous le seul moyen de faire à nouveau se correspondre un jour la majorité politique avec la majorité sociale populaire de notre pays, sans quoi la gauche sera incapable de revenir au pouvoir et surtout d'y agir pour transformer durablement et profondément la société.

Pour y contribuer, nous proposons un outil : l'université des possibles.

Je vous propose ci-dessous de lire cette tribune.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire de Bezons
Animateur national du pôle Idées, formation et riposte de la Gauche Républicaine et Socialiste

Université des possibles : “La gauche doit engager la reconquête populaire”

Dans cette tribune publiée à l’orée des universités d’été des partis de gauche, les signataires, élus et militants, intellectuels et associatifs, défendent l’initiative de l’ « Université des possibles » : engager la reconquête des classes populaires à gauche sur une ligne sociale et républicaine.

A quelques jours du début des universités d’été des partis de gauche, et quelques semaines après les émeutes qui ont déchiré le pays, il devient urgent pour la gauche de proposer une nouvelle vision du monde. La tension sociale, à bien des égards explosive, dans laquelle le chef de l’État a poussé le pays depuis la mobilisation contre la réforme des retraites et l’explosion sociale consécutive à la mort de Nahel ont de quoi inquiéter. À mesure que la France s’intègre dans la mondialisation néolibérale, les crises se succèdent (économique, sanitaire, environnementale…) avec ce qu’elles charrient de conséquences néfastes : délocalisation des industries, destruction des écosystèmes, casse des services publics pour financer les mesures d’”attractivité”…

L’EFFACEMENT DE LA GAUCHE DU DÉBAT PUBLIC

A chacune de ces crises on a prophétisé la fin du tout marché, le retour à la souveraineté nationale et à des mécanismes de régulation lorsque l’activité humaine se révèle prédatrice. La crise sanitaire et la mobilisation contre la réforme des retraites ont d’ailleurs toutes deux fait réémerger des thèmes chers à la gauche : relocalisation de l’activité économique, solidarité nationale et accès à des soins de qualité, nécessité de mener une transition écologique face au dérèglement climatique et à l’effondrement de la biodiversité.

Pourtant, la course à la concurrence généralisée est toujours aussi vive et les partis de gauche semblent incapables de transformer les colères populaires en espoirs d’un ordre social nouveau. En témoignent les sondages qui dépeignent le RN comme grand vainqueur de la réforme des retraites. Les ouvriers, pour la grande majorité d’entre eux, ne votent plus à gauche et les classes populaires ne s’identifient plus à elle depuis longtemps. Bien que la Nupes soit parvenue à éviter la déroute de la gauche aux élections législatives, rares sont les Français qui s’identifient encore aux partis de gauche. La base sociale des différentes organisations qui la composent donne trop souvent l’impression de se rétracter autour d’un entre-soi de diplômés urbains et de militants vieillissants.

SORTIR DE L’IMPUISSANCE

En focalisant leur attention sur la compétition électorale (avec des débats interminables sur l’opportunité de créer des coalitions qui perdent parfois tout sens politique), les partis de gauche ont arrêté de penser les mutations économiques, sociales et politiques de notre société et ne parviennent plus à proposer une « vision du monde » cohérente et crédible, en même temps qu’ils délaissent toute ambition en matière d’actions concrètes sur le terrain.

Dans une société en crise, où il est de bon ton d’exalter la réussite individuelle et de mépriser les solidarités collectives, il est temps de proposer un autre modèle. Certes la concentration de la majorité des médias français entre les mains de quelques milliardaires complexifie l’émergence de récits alternatifs. Mais le travail sur les représentations collectives est depuis longtemps délaissé au profit d’incantations rituelles à la lutte contre l’extrême droite. À l’inverse, les droites, celle du chef de l’État comme celle du Rassemblement national, bien que défendant les intérêts des classes dominantes, grandes gagnantes de la mondialisation financière, ont su jouer sur les peurs des Français et toucher les déclassés et les classes populaires.

Autrefois existait une contre société de gauche, qui se manifestait par une multitude d’associations (sportives, de soutien scolaire, de musique, de collecte alimentaire, etc…) présentes un peu partout sur le territoire. Un grand nombre de Français avait ainsi une expérience concrète de l’action menée par ces associations : concerts, tournois de foot, cours du soir, etc… Certaines de ces associations existent toujours mais se réduisent comme peau de chagrin en raison du peu d’attention portée à la construction et à l’ancrage social des organisations politiques. Le contrecoup de la révolution numérique a été un éloignement physique grandissant entre les représentants politiques et les citoyens et l’abandon progressif de toute action locale (hormis la diffusion de tracts et le collage d’affiches en période électorale). S’inscrire dans le temps long de la construction idéologique et de l’ancrage social, voilà les conditions d’un véritable renouveau à gauche.

RESTAURER LES CONDITIONS DE L’ESPÉRANCE

Ce sont les objectifs que nous nous fixons en créant dès septembre 2023 l’Université des Possibles. Rassemblant des élus et militants de gauche, intellectuels et associatifs, salariés du public comme du privé, l’Université des Possibles organisera des tables rondes, largement accessibles, et visant à répondre aux grands enjeux auxquels devra faire face le pays au cours du XXIe siècle : la réinvention du contrat républicain ; la transformation écologique et la démondialisation de l’économie ; la révolution féministe ; l’invention d’une nouvelle coopération internationale.

Soucieuse de renouer avec l’éducation populaire, et fidèle à l’héritage des universités itinérantes promues par Jean Jaurès, l’Université des Possibles organisera également des événements populaires (cafés débat, conférences, banquet populaire) sur l’ensemble du territoire national, dans les grandes villes comme dans la France périphérique et rurale. Au cours de la programmation pour l’année 2023-2024, l’université sera notamment présente à Marseille, Rochefort, aux Lilas, à Nantes, Lyon, Angers, Bordeaux, Toulouse, Mont-de-Marsan, Montélimar.

Construire une alternative à l’actuelle dérive autoritaire et libérale du chef de l’Etat est nécessaire : d’autres possibles existent pour répondre à la crise globale.

Le temps presse : pour réussir ensemble, unissons-nous !


Les premiers signataires (par ordre alphabétique) :

Bassem Asseh, PS, 1er adjoint de la maire de Nantes

Philippe Brun, Député PS de l’Eure

David Cayla, maître de conférences en économie à l’université d’Angers

Jean-François Collin, ancien haut-fonctionnaire

Jean-Numa Ducange, Professeur d’histoire contemporaine (Université de Rouen)

Frédéric Farah, économiste et enseignant à Paris 1

Frédéric Faravel, conseiller municipal et communautaire GRS de Bezons

Barbara Gomes, conseillère municipale de Paris, groupe Communiste et Citoyen

Hugo Guiraudou, directeur de publication du Temps des Ruptures

Liem Hoang Ngoc, ancien député européen, économiste et président de la Nouvelle Gauche Socialiste

Jean-Luc Laurent, Maire MRC du Kremlin-Bicêtre

Marie-Noëlle Lienemann, Sénatrice de Paris, co-fondatrice de la Gauche Républicaine et Socialiste, ancienne ministre

Emmanuel Maurel, Député européen, co-fondateur de la Gauche Républicaine et Socialiste

Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’Université Paris II Panthéon-Assas

Arnaud de Morgny, directeur-adjoint du centre de recherche de l’école de guerre économique-cr451

David Muhlmann, essayiste et sociologue des organisations

Pierre Ouzoulias, Sénateur PCF des Hauts-de-Seine

Chloé Petat, co-rédactrice en chef du Temps des Ruptures

Christophe Ramaux, maître de conférence en économie à l’université Paris I

Laurence Rossignol, Sénatrice PS de l’Oise, ancienne ministre

Stéphanie Roza, chargée de recherche au CNRS, philosophe spécialiste des Lumières et de la Révolution française

Milan Sen, co-rédacteur en chef du Temps des Ruptures

Mickaël Vallet, Sénateur PS de Charente-Maritime

Université des possibles : “La gauche doit engager la reconquête populaire”
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15 octobre 2018 1 15 /10 /octobre /2018 08:27

Vous trouverez ci-dessous le courrier que je viens d'adresser aux responsables départementaux du Parti socialiste du Val-d'Oise.

Chers camarades, 

Je vous informe aujourd’hui que je quitte le PS après plus de 25 ans d’adhésion.
Les derniers mois m’ont convaincu que la direction nationale de ce parti n’était pas en capacité ou plutôt ne voulait pas mener les actions et les réflexions collectives nécessaires au redressement du PS, pour qu’il soit à nouveau la maison vivante du socialisme républicain pour lequel je suis engagé.
Je comprends parfaitement que l’on n’ait pas la même analyse que moi mais je ne tiens pas à poursuivre mon engagement dans un parti que sa direction nationale conduit à grand pas au centre gauche et non au cœur de la gauche.
Je ne pars pas seul ; plusieurs responsables fédéraux du PS et élus locaux partent aujourd’hui et d’autres nous rejoindront... nous voulons construire une alternative républicaine, écologiste & socialiste telle que proposée par Emmanuel Maurel.
Nous partons sans avoir à reprocher quoi que ce soit aux camarades socialistes valdoisiens qui restent au PS ; nous avons pendant de nombreuses années rencontré des personnes sincères et attachantes avec qui nous avons eu plaisir à militer. La direction fédérale ne porte pas non plus de responsabilités humaines dans ces départs. Vous resterez pour nous des camarades bien que nous appartiendrons à des partis différents.

J’avoue pour ma part que les six années je viens de passer « à côté » de la section locale du Parti socialiste de Bezons et les nombreuses brimades, insultes et menaces qui j’y ai subies n’ont pas aidé à me convaincre de rester et je garde un goût amer de la lenteur à réagir à des comportements inacceptables humainement, éthiquement et politiquement.

Vous comprendrez que les bonnes relations et l’amitié que nous avons pour vous ne peut suffire à nous retenir, car c’est un choix porté par nos convictions et notre analyse bien au-delà du Val-d’Oise.


Amitiés socialistes,
Frédéric FARAVEL

Après plus de 25 ans, je quitte le PS pour m'engager dans la construction d'une véritable alternative républicaine, écologiste et socialiste
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16 mai 2017 2 16 /05 /mai /2017 09:50

Nous, militants socialistes d'Argenteuil et de Bezons, avons pris acte du soutien public de Philippe DOUCET, député sortant de la 5e circonscription, à Emmanuel Macron dès le premier tour de l'élection présidentielle.

Philippe Doucet dans les médias et sur le terrain a multiplié, comme Manuel Valls dont il était le porte parole, les actes effectifs de campagne contre Benoît Hamon le candidat investi par le Parti Socialiste et les écologistes pour l'élection présidentielle.

Philippe Doucet, malgré son communiqué de presse du 10 mai indiquant qu'il n'aurait jamais demandé l'investiture du parti d'Emmanuel Macron, a expliqué le soir même aux militants socialistes qu'il avait très sérieusement envisagé d'être le candidat d'En Marche ! Il n'a par ailleurs pas été capable de répondre aux questions qui lui étaient posées pour savoir dans quel groupe parlementaire il choisirait de siéger, si jamais il était réélu.

Nous pensions que Philippe Doucet aurait la décence de respecter les règles communes du Parti auquel nous appartenons qui impliquent logiquement que nous soutenions le candidat qu'il s'est donné. En trahissant nos règles collectives, il a trahi les militants socialistes d'Argenteuil et Bezons, trahi également les milliers d'électeurs de la circonscription qui ont participé aux deux tours de la primaire de gauche les 22 & 29 janvier 2017, qui pouvaient légitimement attendre des candidats et de leurs portes-parole qu'ils respectent la parole donnée.

Philippe Doucet ne peut donc plus prétendre être un candidat socialiste pour l'élection législative de juin 2017 ; les instances nationales du PS et sa fédération départementale ont été saisis de son cas : elles auraient dû dans les plus brefs délais lui retirer son investiture ; elles peuvent encore le faire. Par son attitude et sa décision personnelle, il a fragilisé les chances pour la gauche de conserver le siège de député de la 5ème circonscription du Val-d'Oise.

Pour notre part, nous en appelons donc aux militants socialistes, communistes, écologistes, aux « insoumis », aux sympathisants de gauche d'Argenteuil et de Bezons pour qu'ils se retrouvent sur une candidature de rassemblement à gauche, porteuse d'espoir pour nos concitoyens.

Nous considérons que dans les circonstances présentes et dans les délais trop courts d'ici le dépôt des candidatures officielles, seul Dominique LESPARRE, Maire reconnu et apprécié de Bezons, a les qualités nécessaires et suffisantes pour incarner cette candidature ; nous lui apportons donc notre soutien.

À nous tous désormais de construire l'alternative et de créer la dynamique.

Signataires :

  • Frédéric Faravel, membre du conseil national du PS et du bureau fédéral du PS 95 (Bezons)
  • Xavier Morin, membre du conseil fédéral du PS 95, directeur de campagne départemental de Benoît Hamon (Argenteuil)
  • Christian Gourdet, membre de la commission administrative de la section PS d'Argenteuil
  • Thierry Noiriel (Argenteuil)
  • Christelle Lévi (Argenteuil)
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27 avril 2017 4 27 /04 /avril /2017 13:28

Emmanuel Macron est-il en train de réussir là où des efforts perpétuels de communicants d'extrême droite ont échoué jusqu'ici ?

Alors qu'il a toujours été entendu qu'un candidat dit "républicain" l'emporterait forcément au second tour de l'élection présidentielle (en tout cas en 2017), la suffisance, le mépris et le caractère erroné du projet de ce candidat donnent désormais corps à la perspective d'une victoire par quiproquo de Marine Le Pen. Il était déjà compréhensible que de nombreux électeurs de gauche - tout particulièrement ceux de Jean-Luc Mélenchon - puissent renâcler à accorder leurs suffrages au candidat libéral-technocrate, tant il est l'incarnation de ce qui produit partout dans le monde la poussée des populismes d'extrême droite, mais il semblerait qu'Emmanuel Macron et son entourage rivalisent désormais de talents pour pousser certains électeurs à voter directement pour la candidate du Front National. Quand ce ne sont pas ses portes-paroles qui racontent - en échos à son discours de "victoire" du soir du 23 avril - que chaque voix qui se portera sur Macron le 7 mai sera une pierre de plus dans le rassemblement et soutien au projet du candidat, il suffit ensuite de regarder la séquence de la visite des candidats à Whirlpool Amiens pour comprendre ce qui se joue aujourd'hui : la candidate xénophobe comme un poisson dans l'eau au milieu des ouvrier(e)s menacé(e)s, le candidat libéral planqué à la Chambre de Commerce puis sifflé par les mêmes ouvrier(e)s, l'un de ses premiers soutiens Jacques Attali qualifiant la situation des salariés de cette usine, en voie de délocalisation vers la Pologne, d'anecdote.

Dix jours à ce rythme et Marine Le Pen sera élue présidente de la République... Se concrétise sous nos yeux ébahis ce que je raconte - notamment à mes collègues - depuis plusieurs mois : Emmanuel Macron est le plus mauvais (le pire) candidat à opposer à l'extrême droite. Ma colère contre ceux qui ont permis son ascension n'en est que plus grande : ceux des ministres, députés et responsables socialistes qui ont tourné casaque et vendu leur âme pour espérer se perpétuer au pouvoir après avoir consciencieusement fracturé la gauche et la société française pendant 5 ans ; ceux des électeurs qui, convaincus par le chœur organisé des médias sous tutelle des grands groupes économiques, se sont résolus à voter pour lui parce qu'on leur racontait à longueur de journée qu'il était le vote utile pour éviter le duel entre Fillon et Marine Le Pen... Plus de 50% de ses électeurs du premier tour avouent ne l'avoir pas fait par conviction, mais par calcul ou par dépit... S'ils avaient tenu bon malgré les diktats médiatiques, Benoît Hamon ne se serait sans doute pas effondré, ou encore Jean-Luc Mélenchon aurait été qualifié pour le second tour... Face à Marine Le Pen ou François Fillon.

Nous nous retrouvons donc avec le candidat le plus nul pour faire face à Marine Le Pen, qui - mise à part son affreuse affiche de campagne de second tour - semble avoir compris l'intérêt qu'il y avait communiqué efficacement autour de la protection économique et sociale. Et parce qu'il est nul et qu'il risque de nous faire élire une national-populiste, je vais sans doute devoir me résoudre à utiliser son bulletin pour faire barrage. Mais ne comptez pas sur moi pour condamner ceux qui en conscience ne peuvent se résoudre à sauter le pas et voteront blanc le dimanche 7 mai. Je l'ai écrit : "On ne peut pas combattre l'extrême droite avec quelqu'un qui nourrira sa dynamique.
Si donc il faudra faire battre Marine Le Pen et son programme de haine le 7 mai, jamais il ne faudra donner la moindre caution à l'orientation de celui qui sera sûrement élu.
"

C'est là que la tribune signée par 160 "responsables" socialistes, proches de François Hollande, est dans l'erreur. Outre que le PS ait mis plus d'empressement à publier et diffuser en deux jours un tract à 4 millions d'exemplaires pour "faire barrage au FN" (faisant l'erreur d'habiller la candidate en présidente de la République !!?!) qu'à mobiliser fortement pour la campagne de premier tour de son candidat, ce texte fait l'apologie sans nuance du bilan du quinquennat, niant les graves divisions qu'il a fait naître à gauche, niant ses échecs notamment en termes d'emplois la veille de la publication des chiffres d'une nouvelle hausse du chômage (!?), pour en tirer la conséquence logique qu'il faut non pas faire barrage mais voter POUR Emmanuel Macron. Cette logique est suicidaire : que parmi les 160 cela traduise la fin de l'ambiguïté et révèle le penchant qu'ils (comme Stéphane Le Foll qui est à l'initiative de la tribune) n'ont pas osé exprimer par prudence pendant la campagne, c'est une chose ; mais pour tous ceux qui par habitude ou volonté de rassemblement ont signé ce texte proposé par leurs amis je veux leur dire qu'ils se sont piégés. Les socialistes n'ont aucun intérêt de fond et de forme à se situer dans une "majorité présidentielle" macronienne.

  1. Le projet de Macron c'est une pseudo modernisation libérale à marche forcée sous pilotage de l'Etat, ou plus précisément de Bercy : c'est le quinquennat Hollande en pire (le président ayant imposé par la force des institutions à un appareil partisan récalcitrant mais lâche des mesures qu'il aurait combattu dans toute configuration) avec énormément de Fillon à l'intérieur ;
  2. La principale force parlementaire, malgré les déboires de Fillon, sera celle de la droite ; Macron sera donc l'otage de LR et de l'UDI, même s'il arrive à faire élire des députés En Marche ! ; alors que le FN devrait obtenir entre 50 et 80 députés, on voit mal quel intérêt auraient les socialistes alors qu'ils seront peu nombreux à venir soutenir une politique de régression sociale et laisser l'extrême droite représenter la seule alternative.

Le Parti Socialiste doit donc trancher très rapidement sa perspective stratégique :

  • soit le PS se donne à Valls, Le Guen et consorts, qui l'ont insulté et méprisé et devient un supplétif du président Macron et il se rend complice de la régression, de l'adieu aux idéaux de la gauche (qui n'est pas de s'adapter aux diktats de la "réalité" mais de transformer la réalité pour permettre l'émancipation individuelle et collective) de nouvelles progressions du FN, de la perspective de sa victoire en 2022 ;
  • soit le PS annonce clairement sa volonté de s'opposer non seulement à l'extrême droite, mais également à la droite sous toutes ses formes qui avec Macron, le Modem, LR et l'UDI s'apprête d'une manière ou d'une autre à gouverner la France dans quelques semaines. Dans ce cas, il est urgent de s'assurer des conditions permettant la constitution d'un groupe parlementaire de gauche ou de plusieurs groupes parlementaires de gauche alliés, et surtout structurés, dans la future Assemblée Nationale, pour s'opposer à la potion libérale que Macron ne pourra pas toujours administrer par ordonnances. Pour y arriver, nous devons dès aujourd'hui décider de parler à ceux qui n'auraient jamais dû cesser d'être nos partenaires : EELV, le PCF, le MRC, mais aussi Jean-Luc Mélenchon, pour faire émerger partout où cela sera possible des candidatures de rassemblement de la gauche pour les législatives qui permettent de dépasser les 12,5% des suffrages nécessaires pour être qualifié au second tour et espérer être élu.

Cette stratégie défensive face à une offensive en ciseau des libéraux et des conservateurs d'un côtés, de l'extrême droite de l'autre, doit précéder une phase de plus long terme, qui permette la refondation d'une nouvelle gauche capable de construire une alternative différente de celle de l'extrême droite. Et nous devons voir large : pas question de s'enfermer dans le petit monde des bobos socialos-écolos, de créer un nouveau PSU. Il faudra conjuguer toutes les cultures de la gauche, résoudre tous les débats éludés entre nous, y compris ceux de la souveraineté, de l'Europe, de la réaffirmation de l'identité républicaine, de la production industrielle adaptée à la transition écologique, plutôt que de s'enfermer dans une "deuxième gauche" étriquée et piégée dans des débats sur la fin du travail et le multiculturalisme.

Ce travail est de longue haleine, il faut pourtant l'engager dès maintenant. Car si malgré sa suffisante nullité, Emmanuel Macron est élu pour faire barrage à Marine Le Pen le dimanche 7 mai, sans ce travail, sans cette refondation, la "fille du borgne" sera à l'Elysée au printemps 2022 et disposera d'une majorité parlementaire.

Au boulot !

Frédéric FARAVEL
Mandataire fédéral de la motion B du PS Val-d'Oise

Sans enjamber le 7 mai, refonder l'alternative à gauche...
Sans enjamber le 7 mai, refonder l'alternative à gauche...
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23 avril 2017 7 23 /04 /avril /2017 20:58

Comme en 2002, la gauche sort éliminée du premier tour de l'élection présidentielle ; à une différence près... le score total de la gauche est bien plus catastrophique (à peine 28%, le pire jamais cumulé à une présidentielle), comme le laissait imaginer les reniements et les échecs du quinquennat de François Hollande (qui sur les questions européenne, économique et sociale aura fait l'exact contraire de ce à quoi il s'était engagé devant les citoyens). Par sa politique, il aura fracturé la gauche, durablement peut-être, il aura également inscrit les rapports de la gauche socialiste et des Français sous le signe de la défiance, durablement sans doute.

Pourtant un temps, avec la réussite (inespérée) de la primaire de la gauche et l'élan réel de la campagne interne de Benoît Hamon, avec ensuite la dynamique de fond de Jean-Luc Mélenchon, on a pu espérer que la gauche saurait se reconstruire et retrouver enfin le sens de son projet et de ses valeurs. Las, on ne dira jamais assez à quel point leur incapacité partagée à s'accorder et se rassembler place aujourd'hui la gauche et surtout la France dans une impasse.
J'espère que désormais l'intelligence prévaudra et que pour les élections législatives la gauche saura se rassembler sur la base des projets de ses deux candidats pour qu'un groupe parlementaire d'opposition fort puisse combattre les politiques de faillite économique et de régression sociale qui s'annoncent.

Car si le réactionnaire François Fillon est heureusement écarté, les projets portés par Emmanuel Macron sont du point de vue économique, social et européen à la fois dans la continuité libérale, mais aggravés, de François Hollande et dans une certaine convergence avec les propositions de François Fillon.

Tout le monde connaît mon opposition viscérale à l'extrême droite et à Marine Le Pen, comme à son père auparavant et à tous leurs séides ; je ne confond pas la droite et l'extrême droite, même si depuis Nicolas Sarkozy la droite s'est donnée beaucoup de mal pour nourrir la confusion. Cependant, ce soir, j'ai bien plus peur qu'auparavant car deux courses vers l'abîme nous sont présentées : le nationalisme xénophobe et le libéralisme technocratique... Emmanuel Macron propose de poursuivre en l'aggravant la politique de François Hollande qui a échoué et qui a été rejetée au point que celui-ci a renoncé à se représenter. Il propose même des orientations que la droite réactionnaire partageait (autonomie des établissements scolaires, parmi tant d'autres) ou n'osait pas imaginer (déconstruction de l'assurance-chômage).
Ces politiques ont fait prendre 5 points au Front National en 5 ans, il lui a permis d'atteindre plus de 27% aux élections régionales. On imagine ce que pourraient donc être les conséquences de la perpétuation de ces politiques. Enfin le profil présenté par Emmanuel Macron, fait de libéralisme éculé, de technocratie sourde et d'indifférenciation politique droite-gauche, propose une incarnation presque parfaite à l'argumentation du FN sur l'UMPS ou LRPS.

En conscience, je ne peux soutenir une personnalité et une politique qui serviraient de marchepied à Marine Le Pen en lui permettant une nouvelle progression qui lui apportera la victoire en 2022 avec sans doute une majorité parlementaire à la clef. Je ne veux pas soutenir  quelqu'un qui permettra à l'extrême droite d'arriver en meilleure position plus tard. On ne peut pas combattre l'extrême droite avec quelqu'un qui nourrira sa dynamique.
Si donc il faudra faire battre Marine Le Pen et son programme de haine le 7 mai, jamais il ne faudra donner la moindre caution à l'orientation de celui qui sera sûrement élu. Dès aujourd'hui, nous devons nous mobiliser pour dénoncer l'extrême droite comme les libéraux lors des élections législatives et engager une opposition frontale à leurs projets dans le prochain hémicycle de l'Assemblée Nationale.

Nous devons maintenant construire une nouvelle gauche qui soit capable de conjuguer toutes ses cultures et d'offrir une espérance et un projet neuf qui a pu parfois, même imparfaitement, émerger des campagnes de Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon ou Arnaud Montebourg. Cette nouvelle gauche devra combattre tout à la fois la voie du libéralisme technocratique dépolitisé, la droite radicalisée qui n'hésitera pas à dériver encore, et enfin l'extrême droite en lui opposant un projet politique et culturel puissant et diamétralement différent.
Voila comment nous ferons reculer durablement l'extrême droite ; voila comment nous ferons renaître l'esprit de la République sociale.

Frédéric FARAVEL
membre des instances nationales du PS
membre du bureau fédéral du Val-d'Oise du PS

Macron-Le Pen : reculer pour mieux sauter ? Probablement, sauf si une nouvelle gauche nait...
Macron-Le Pen : reculer pour mieux sauter ? Probablement, sauf si une nouvelle gauche nait...
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27 janvier 2017 5 27 /01 /janvier /2017 18:31

Manuel Valls, François Hollande ou Emmanuel Macron confondent "culture de gouvernement" et la "culture de LEURS gouvernements" : ceux qui ont conduit à l'échec du fait du renoncement à leurs engagements devant les citoyens, renoncements qui ont nourri une nouvelle et forte progression de l'extrême droite, renoncements qui ont créé une situation politique qui risque de conduire tout candidat étiqueté "socialiste" a une défaite massive en juin prochain... et donc condamner la gauche à ne plus gouverner, et à ne plus gouverner avant longtemps si cette revendication de la "culture de LEURS gouvernements" continue d'empêcher la gauche de se retrouver, de se rassembler.


Je ne connais pas - quelle que soit leur sensibilité - de socialistes qui n'aspirent pas à gouverner parce que - contrairement aux "mouvementistes" - gouverner c'est agir sur le réel et donc potentiellement le transformer, transformer la société (pour ceux qui en ont l'ambition et la conviction).
Par contre, j'en connais des centaines de "responsables" dits socialistes qui ont arrêté de penser et qui nous expliquent que les nécessités de la gestion justifient leur abdication en faveur de l'immobilisme (pour les moins atteints) ou trop souvent en faveur du libéralisme.


"On est socialiste à partir du moment où l'on a considéré ce fait essentiel : le patronat et le salariat s'engendrant l'un l'autre et s'opposant l'un à l'autre, à partir du moment où l'on se refuse à accepter ce fait comme nécessaire et éternel, à partir du moment où l'on a cessé de dire : « Bah ! c'est l'ordre des choses ; il en a toujours été ainsi, et nous n'y changerons rien », à partir du moment où l'on a senti que ce soi-disant ordre des choses était en contradiction flagrante avec la volonté de justice, d'égalité, de solidarité qui vit en nous." Ces mots de Léon Blum rédigés en 1919 à l'attention des nouveaux adhérents du Parti Socialiste SFIO devraient résonner en nous et nous bousculer à nouveau.


En 2008, les inénarrables Jean-Noël Guérini et Gérard Collomb avaient rédigé pour le congrès de Reims une contribution générale intitulée "La ligne claire" qui expliquait qu'un programme socialiste serait l'addition des expérimentations locales des collectivités dirigées par le PS, en tout cas de celles qui étaient les plus raisonnables et les plus "gestionnaires"... c'était l'affirmation par excellence de la défaite de la pensée et du volontarisme, l'abandon de la transformation de la société.
C'est un peu ce qui est arrivé de 2012 à 2017 et qui risque donc de nous conduire pour longtemps à ne plus gouverner si nous ne redressons pas la barre rapidement.

Merci à Claude Askolovitch d'avoir déconstruit dans l'article qui suit l'interprétation absconse portée par les Valls, Hollande, Macron et consorts de leur culture de gouvernement.

Frédéric FARAVEL

Vous pouvez lire son analyse ici sur le site Slate.fr

 

Benoît Hamon et Manuel Valls, lors du débat du second tour de la primaire de gauche le mercredi 25 janvier 2017

Benoît Hamon et Manuel Valls, lors du débat du second tour de la primaire de gauche le mercredi 25 janvier 2017

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27 novembre 2016 7 27 /11 /novembre /2016 21:03
Débat à la salle Gavroche samedi 26 novembre 2016
Débat à la salle Gavroche samedi 26 novembre 2016
Débat à la salle Gavroche samedi 26 novembre 2016
Débat à la salle Gavroche samedi 26 novembre 2016

Débat à la salle Gavroche samedi 26 novembre 2016

Diversité, difficultés et richesse du Front Populaire.
Qu'en reste-t-il ?

Soirée débat organisée par Le Lab' de Bezons – samedi 26 novembre 2016 19h00 - Maison de Quartier Gavroche - 35 rue des Barentins

J'intervenais aux côtés de Frédérick Genevée, Président du Musée d'Histoire Vivante à Montreuil et directeur des archives nationales du Parti Communiste Français.

Avant-propos :

Je suis membre du Conseil National du Parti Socialiste. J'y siège au titre de la motion B « à gauche pour gagner ! » qui réunit les « frondeurs » et l'aile gauche du PS et qui a rassemblé 30% des suffrages à son dernier congrès ; je suis le mandataire départemental de cette motion qui a reçu le soutien de 25% des adhérents valdoisiens du PS.

Mon intervention sera forcément partielle au regard du temps imparti ; elle sera également évidemment partiale, car j'assume parfaitement d'avoir sur le sujet un point de vue politique orienté.

Nous nous attacherons ici à traiter des conditions politiques qui ont permis la création du Front populaire, les conditions politiques dans lesquelles s'est accomplie sa victoire électorale, « l'exercice du pouvoir » et enfin celle qui ont présidé à son délitement (rapide).

en fin d'article vous trouverez tableaux électoraux et panoramas des Chambres de 1924 à 1936

Introduction :

L'historiographie traditionnelle veut que le Front Populaire soit né le 12 février 1934 lorsque les manifestants socialistes et communistes ont fait converger à la stupeur des organisateurs leurs cortèges respectifs, appelant à l'unité contre le fascisme, après la manifestation des Ligues d'extrême droite du 6 février 1934 contre le gouvernement Daladier empêtré dans l'affaire politico-financière Stavisky.

S'il est vrai que des comités contre la menace fasciste se créent spontanément dès le lendemain de la manifestation d'extrême-droite, il faut introduire quelques éléments de relativisme :

  • l'appareil du PC ne souhaite pas à ce moment l'unité et dénonce de la même manière un régime corrompu. Les cadres du PC envoyés dans la manifestation avaient consigne de se poster devant le cortège socialiste pour convaincre les militants de rejoindre leur parti ;

  • il n'y a à ce moment pas réelle menace d'extrême-droite pour la IIIème République, le gros des manifestants – c'est-à-dire les Croix-de-Feu du Colonel de La Rocque – du 6 février 1934 n'ont pas traversé la Seine, contrairement à quelques centaines de militants des Camelots du Roi et de l'Action Française ;

  • sans minimiser l'événement et le nombre des morts, il faut comprendre cette manifestation et ses conséquences comme une instrumentalisation de la droite parlementaire pour obtenir la chute du gouvernement Daladier – ce qu'elle obtiendra...

Les facteurs de la création du Front Populaire dépassent donc largement la spontanéité militante du 12 février 1934. Ils découlent tout à la fois d'une prise de conscience des menaces fascistes à l'échelle internationale et d'une volonté de répondre à la crise économique qui frappe durement le pays après avoir mis un certain temps avant de traverser l'Atlantique.

On peut étudier donc les conditions politiques en plusieurs étapes :

  1. le changement de stratégie du Komintern et une coalition de type nouveau au service de la mobilisation anti-fasciste ;

  2. une coalition qui ne peut masquer de profondes divisions ;

  3. la question du pouvoir et la dynamique du mouvement social ;

On verra ensuite quel bilan en tirer...

Congrès de Tours de décembre 1920, Cartel des Gauches, Léon BlumCongrès de Tours de décembre 1920, Cartel des Gauches, Léon BlumCongrès de Tours de décembre 1920, Cartel des Gauches, Léon Blum

Congrès de Tours de décembre 1920, Cartel des Gauches, Léon Blum

I- le changement de stratégie du Komintern et une coalition d'un type nouveau au service de la mobilisation anti-fasciste

C'est le PCF qui permet la création du Front Populaire. Sans changement de stratégie politique des Communistes, cette construction politique eut été impossible.

Après le ralliement des deux-tiers des adhérents socialistes à la IIIème Internationale en décembre 1920, la SFIC puis le PC a connu plusieurs phases :

  1. une lutte entre fractions pour construire l'identité communiste française, une organisation politique d'un type nouveau, où se dénoue les quiproquos entre les nouveaux militants révolutionnaires et certains chez les plus anciens qui pensaient que les 21 conditions d'adhésion à la 3ème étaient une vaste blague... Dans la bascule instable entre les différents groupes, les scissions et les exclusions se multiplient ;

  2. une lutte entre Trotskystes et ceux qui défendent la ligne portée par le Kremlin pour le contrôle de l'organisation ;

  3. une reprise en main complète à partir de 1927-1928 par le Komintern lui-même dans la main de Staline depuis qu'il a définitivement écarté tous ses concurrents du Kremlin (Trotsky, puis Boukharine, puis Kamenev et Zinoviev). À partir de cette date, le PC qui va s'incarner à partir de 1930 (qui s'est repenti de ses supposées sympathies trotskystes) dans la personne de Maurice Thorez, va être un élève appliqué des consignes du Komintern.

Or, durant toute la période et plus encore à partir de la dernière phase, l'ennemi politique principal désigné est la social-démocratie et son équivalent en France : la SFIO et sa principale figure, Léon Blum. En 1929, le PC maintiendra son candidat au 2nd tour à Paris dans la circonscription de Blum dans le but avoué de le faire perdre... C'est pourquoi Blum atterrira dans l'Aude quelques mois plus tard à la demande des socialistes locaux pour revenir à la Chambre des Députés.

La stratégie du Komintern se traduit en Allemagne par l'aveuglement complet du KPD, qui conduit des grèves dans le métro de Berlin avec les syndicats nazis et refuse l'alliance avec le SPD en 1932 et 1933 pour empêcher l'arrivée d'Hitler au pouvoir : il sera le premier à en faire les frais.

Pourtant, la situation ne change pas tout de suite : la coopération militaire entre l'URSS et l'Allemagne – établie sous la République de Weimar – se poursuit jusque début 1934.

Le pacte germano-polonais du 26 janvier 1934 est la première alerte pour Staline, rendant tangible dans son esprit qu'Hitler a bel et bien pour stratégie politique d'étendre « l'espace vital » de la race aryenne vers la Russie en réduisant les « sous-hommes slaves » en esclavage. La mort d'Hindenberg et la purge des SA sont des éléments supplémentaires démontrant qu'Hitler en concentrant tous les pouvoirs devient une menace réelle.

La priorité désormais pour l'URSS et Staline sera de conclure des alliances de revers avec les Démocraties occidentales : Staline a besoin de budgets militaires croissants à l'ouest et les partis communistes qui le peuvent doivent être mis au service de cette stratégie.

Donc lorsque Maurice Thorez appelle le 26 juin 1934 les socialistes à l'unité avec le PCF se conjuguent plusieurs éléments :

  • une aspiration unitaire à la base face à la menace fasciste et aussi aux échecs politiques de la stratégie précédente (le PCF a perdu de nombreux électeurs entre 1928 et 1932, contrairement aux périodes précédentes) ;

  • une validation politique du Komintern dont la priorité géopolitique change et qui tire les enseignements de la tragédie allemande.

À Compter de ce moment et jusqu'à la fin de 1937 (si tant est qu'on puisse considérer que le Front Populaire dura jusque là), le PCF peut être considéré comme l'un des meilleurs élèves de la stratégie d'unité.

Ainsi la Victoire d'une coalition de gauche, où serait partie prenante le PC, est perçue par le Komintern et par l'URSS comme une garantie supplémentaire et un renforcement des engagements du pacte franco-soviétique conclu par le cabinet Laval le 2 mai 1935.

Le « Front Populaire », l'expression est trouvée par Eugen Fried, représentant du Komintern en France, est d'abord formé le 27 juillet 1934 par le Pacte d'unité d'action entre deux partis marxistes, la SFIO et le parti communiste, qui devient officiellement PCF à cette époque.

Le Front Populaire rassemble donc des partis politiques : SFIO et PCF, d'une part, mais aussi le Parti d'unité prolétarienne (issu de deux scissions du PC), le Parti frontiste (scission de gauche du Parti Radical), mais également la CGT (socialisante) et la CGT-U (communisante) – qui vont se réunifier en mars 1936 au congrès de Toulouse après 15 ans de scission –, le Comité de Vigilance des Intellectuels Anti-fascistes (Paul Rivet, Paul Langevin et le philosophe Alain), la Ligue des Droits de l'Homme mais également de nombreuses associations de jeunesse, paysannes et d'anciens combattants.Au-delà de la presse nationale et locale des partis socialiste et communiste le Front Populaire bénéficie également du soutien d'un journal de gauche indépendant : Le Canard Enchaîné.

Edouard Herriot, président du Part Républicain Radical et Radical-Socialiste - Paul Faure, secrétaire général de la SFIO - Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste françaisEdouard Herriot, président du Part Républicain Radical et Radical-Socialiste - Paul Faure, secrétaire général de la SFIO - Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste françaisEdouard Herriot, président du Part Républicain Radical et Radical-Socialiste - Paul Faure, secrétaire général de la SFIO - Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français

Edouard Herriot, président du Part Républicain Radical et Radical-Socialiste - Paul Faure, secrétaire général de la SFIO - Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français

II- Une coalition qui ne peut masquer de profondes divisions

Malgré cette mobilisation sociale et politique sans précédent, cette coalition ne peut à elle seule créer une dynamique majoritaire. Maurice Thorez prend donc l'initiative de déborder la SFIO par la droite en appelant le 10 octobre 1934 à Nantes à « l'alliance des classes moyennes avec la classe ouvrière » et à la constitution d'un rassemblement non seulement ouvrier mais « populaire » ; clairement il appelle le Parti Radical d’Édouard Herriot à rejoindre le Front Populaire, ce qu'il refuse d'abord mais qu'il finira par accepter à l'été 1935 pour trois raisons :

  • la pression des « Jeunes Turcs » du Parti Radical – c'est-à-dire son aile gauche (Pierre Cot, Jean Zay, Pierre Mendès France, Jean Moulin) – qui sont en désaccord avec les alliances de droite et la politique de déflation, mais aussi d’Édouard Daladier qui veut récupérer l'espace politique qu'il a perdu au lendemain du 6 février 1934 ;

  • la conclusion du pacte franco-soviétique de Mai 1935, qui fait de l'URSS l'alliée de la France, permet au PCF de voter les budgets militaires (Maurice Thorez n'aura de cesse d'ailleurs de rassurer le parti radical en s'adressant à son électorat : c'est le sens de la main tendue aux artisans, aux commerçant, aux anciens combattants et même... aux catholiques) ;

  • le parti radical n'a plus le luxe de refuser l'alliance avec la SFIO, comme il l'a fait en 1932, les élections municipales de mai 1935 ont sanctionné un nouveau recul du parti radical sauf là où il était allié aux socialistes.

Le Part Radical adhère donc à la dynamique unitaire antifasciste, mais la nécessité de sa présence va limiter fortement la portée du programme du Front Populaire qui sera donc défensif, modéré et ambigu :

  1. défense de la démocratie :

    1. désarmement et dissolution des Ligues ;

    2. publication des bilans financiers des organes de presse pour permettre au public de connaître leurs commanditaires ;

    3. promotion des droits syndicaux et de l'école laïque ;

  2. défense de la paix :

    1. désarmement relatif ;

    2. promotion de la sécurité collective ;

    3. négociation dans le cadre de la SDN ;

    4. nationalisation des industries d'armement ;

  3. programme économique :

    1. réformer la Banque de France ;

    2. réduction de la semaine de travail sans réduction de salaire ;

    3. plan de grands travaux d'utilité publique ;

    4. création d'un fonds national de chômage et d'un régime de retraite pour les vieux travailleurs ;

    5. création d'un office national des céréales.

La modération de programme s'explique par les profondes divisions du Front populaire entre ces membres, la volonté du PCF de ne surtout pas froisser le Parti Radical, et des divisions au sein même des deux piliers de la coalition [sans compter que plusieurs partis rejoignant peu à peu le Front Populaire et sa dynamique politique sont des scissions du Parti Radical (Parti frontiste ou PRS Camille-Pelletan), de la SFIO (PSdF-UJJ) ou du PCF (PUP)]...

Une lutte à mort oppose en fait Parti Radical et la SFIO. Dans les votes populaires, la SFIO dépasse depuis plusieurs scrutins le parti radical en voix.

Les socialistes ont été très déçus par le soutien au gouvernement de « Cartel des Gauches » en 1924-1925 (listes communes et soutien sans participation). Le Canard Enchaîné tire la conclusion de cette expérience à sa chute en avril 1925 : « Quelle que soit l'opinion que l'on porte sur le gouvernement de M. Herriot force est bien de reconnaître que les questions essentielles de son programme, il les a respectées... Respectées au point de ne pas vouloir même y toucher. » (toute ressemblance avec des situations politiques actuelles n'est pas purement fortuite).

La SFIO avait publié en 1932 un programme minimal baptisé « Cahiers de Huyghens » pour négocier avec le Parti Radical après coup, ce dernier avait rejeté tout ce qui est surligné en jaune :

  1. réduction des crédits militaires ;

  2. Nationalisation des fabrications d'armement ;

  3. Équilibre des budgets sans réduction des crédits sociaux ;

  4. Protection de l'épargne par un contrôle des banques ;

  5. Contre la spéculation, création d'offices publics du blé et des engrais ;

  6. Déchéance des compagnies de chemins de fer et création d'un réseau unique d'intérêt général ;

  7. Création de l'assurance-chômage et de l'assurance contre les calamités agricoles, avec nationalisation des assurances privées ;

  8. semaine de 40 heures sans réduction du salaire hebdomadaire ;

  9. Amnistie...

Léon Blum en avait conclu une opposition de vue complète.

L'échec des négociations post-électorales de 1932 va d'ailleurs créer une crise grave dans la SFIO. Le 14 juillet 1933, le congrès de la Mutualité est le théâtre de l'offensive des « Néos », conduite par l'aile droite parlementaire (Pierre Renaudel, Barthélemy Montagnon, Adrien Marquet) et certains jeunes loups eux-mêmes parlementaires (Marcel Déat). La crise naît des frustrations gouvernementales et de la dénonciation de la pusillanimité de Blum. Mais au-delà des débats sur la politique économique – qui auraient pu être fructueux –, la violence des propos, l'appel au modèle mussolinien « Ordre-Autorité-Nation » (Marquet) pour séduire les classes moyennes et les détourner du fascisme, tend évidemment le congrès.

La scission aura lieu plus tard : en novembre 1933, le conseil national de la SFIO constate que 7 députés ont rompu la discipline en soutenant un cabinet radical/droite et les exclut. 28 députés, 7 sénateurs et 20 000 adhérents partiront en dissidence en fondant le Parti Socialiste de France – Union Jean-Jaurès.

Les élections vont mal se passer car le Parti Radical est lui-même divisé : son aile droite accepte difficilement ou pas du tout le Front Populaire. Aucun candidat radical ou presque ne fera campagne sur le « programme commun ». Très souvent, les fédérations départementales du Parti Radical susciteront des candidats radicaux indépendants, ce qui aboutira à l'absence de député de gauche dans le Doubs, le Parti Radical faisant élire contre la SFIO en accord avec la droite plusieurs candidats comme François Peugeot dans la circonscription de Montbéliard. Dans le Puy-de-Dôme, les Radicaux en feront les frais au profit de la SFIO. Dans l'Aude les radicaux tentent de faire battre Léon Blum... On pourrait prendre des exemples nombreux département par département.

Le PCF fait campagne sur le programme du Front Populaire, la SFIO fait campagne sur son programme et celui du Front Populaire...

Les résultats sont « étonnants » : la Gauche n'augmente pas en suffrages, ceux-ci ont été redistribués, avec un gain de 6 points pour le PCF, une stagnation de la SFIO, un chute pour le Parti Radical et une bonne tenue de tous les petits partis de gauche liés au Front Populaire.Les règles de désistement de 2nd tour ayant joué correctement la majorité est acquise et la SFIO devance largement le Parti Radical pour la première fois de l'histoire.

Marcel Déat, Adrien Marquet, Pierre Cot, Jean Zay, Pierre Mendès FranceMarcel Déat, Adrien Marquet, Pierre Cot, Jean Zay, Pierre Mendès France
Marcel Déat, Adrien Marquet, Pierre Cot, Jean Zay, Pierre Mendès FranceMarcel Déat, Adrien Marquet, Pierre Cot, Jean Zay, Pierre Mendès FranceMarcel Déat, Adrien Marquet, Pierre Cot, Jean Zay, Pierre Mendès France

Marcel Déat, Adrien Marquet, Pierre Cot, Jean Zay, Pierre Mendès France

Front Populaire : campagne et victoire électoralesFront Populaire : campagne et victoire électorales
Front Populaire : campagne et victoire électoralesFront Populaire : campagne et victoire électorales

Front Populaire : campagne et victoire électorales

III- La question du pouvoir et la dynamique d'un mouvement social inattendu

Léon Blum a longtemps fait son possible pour écarter son parti du pouvoir, jugeant que l'unité de la SFIO n'y résisterait pas.

Il a théorisé un distinguo entre conquête et exercice du pouvoir :

  • conquête du pouvoir : les partis ouvriers disposent de la majorité absolue – ou le prenne à l'issue d'un épisode révolutionnaire – et de tous les leviers, ils engagent la transformation sociale et le changement du régime de la propriété ;

  • exercice du pouvoir : les partis ouvriers sont dans une coalition qu'ils ne dominent pas, mais en position de force, ils engagent des réformes profondes mais pas la transformation sociale.

La menace fasciste – et la crise interne à la SFIO de 1933 (éviter le pouvoir n'a pas préservé l'unité du parti) – l'amène à concevoir l'idée d'une occupation défensive du pouvoir, à laquelle la SFIO ne saurait se dérober. Dans le cadre d'une occupation défensive, on fait des compromis et on est un gestionnaire loyal du système capitaliste, on n'engage pas la transformation de la société par surprise.

Le « pari » des responsables socialistes, c'était qu'une fois de plus le Parti Radical arriverait en tête en nombre de sièges (malgré son retard de suffrages) et que la SFIO n'éviterait pas cette fois-ci la participation au gouvernement mais comme junior partner. Ce qui explique que la SFIO n'ait pas choisi de demander un programme plus offensif à partir du moment où le PCF n'y poussait pas non plus pour rassurer le parti radical. Or le discrédit du Parti Radical explique le transfert d'une partie de son électorat vers la SFIO, une partie des électeurs de la SFIO votant pour la première fois communiste rassurés par la dynamique unitaire.

Le programme de la SFIO est beaucoup clivant : nationalisations massives, congés payés, délégations ouvrières, conventions collectives, etc. plus tout ce qu'il y a dans les « Cahiers Huyghens » ; certains pensent qu'une partie des parlementaires modérés de la SFIO ont lâché la bride à l'aile gauche, convaincus que ce programme n'avait aucune chance d'être appliqué.

C'est donc totalement surpris que Léon Blum constate les résultats : 72 PCF (+62), 6 PUP (-3), 149 SFIO (+17), 110 Parti Radical (-50), 40 divers gauche (dont 29 apparentés socialistes). Il se voit contraint d'accepter le pouvoir dans des conditions très particulières. C'est ainsi qu'il faut comprendre que le soir de la victoire Bracke ait dit « Les difficultés commencent » ce qu'il retraduira de manière plus positive le 10 mai 1936 devant le conseil national de la SFIO « enfin, les difficultés commencent pour nous ».

Blum se conçoit donc dans la posture de l'occupation défensive du pouvoir. C'est ainsi qu'il faut comprendre le légalisme de Léon Blum, celui-ci refusant d'anticiper la prise de fonction du nouveau cabinet, bien que le patronat le lui ait demandé. Tout juste a-t-il accepté de recevoir pendant ce délai constitutionnel le délégué général du Comité des Forges, Lambert-Ribot, par l’intermédiaire de Paul Grunebaum-Ballin. En effet, la pratique institutionnelle de l'époque impliquait que la nouvelle Chambre et le nouveau cabinet ne se réunissent pas avant début juin alors que le 2nd tour avait lieu le 3 mai 1936.

Or le mouvement social débute le 11 mai et prend une ampleur inédite, qui rendra enfin sa dignité à la classe ouvrière aux yeux du monde.Au regard du programme de Front Populaire, le mouvement social donne à Léon Blum une force inattendue et donc une voie de passage entre l'occupation et l'exercice du pouvoir : les acquis sociaux et économiques sont donc d'abord une victoire des travailleurs en lutte et une rencontre avec un programme politique qui n'aurait jamais dû être mise en œuvre.

Front Populaire : grèves et gouvernement
Front Populaire : grèves et gouvernement
Front Populaire : grèves et gouvernement
Front Populaire : grèves et gouvernement

Front Populaire : grèves et gouvernement

IV- Quel bilan ?

Le Front Populaire n'a pas résisté à ses contradictions internes et aux soubresauts internationaux.

La priorité du Komintern est de sécuriser l'alliance française, pas les progrès sociaux. Donc le PCF va devoir tenir les deux bouts en terme de stratégie :

  • soutenir et amplifier la mobilisation sociale, mais sans pouvoir agir directement sur le pouvoir car Staline refuse que le PCF entre au gouvernement ce que souhaitait Maurice Thorez ;

  • profiter de cette situation de « ministère des foules » pour demander la fin des grèves, car il est temps notamment que les usines d'armement (nationalisées) recommencent à tourner.

La SFIO, comme s'en doutait Léon Blum, n'était pas prête à gouverner (il y aura d'ailleurs une nouvelle scission avec les amis de Marceau Pivert qui partiront créer le Parti Socialiste Ouvrier & Paysan avec le renfort d'une partie de trostkystes qui avaient rejoint la SFIO). Non pas qu'elle et ses ministres n'en aient pas les compétences ou des idées sur la forme et la conduite d'un gouvernement (Blum avait largement théorisé la question après son expérience de chef de cabinet de Marcel Sembat durant la guerre et il a initié des innovations majeures dans la machine gouvernementale), mais :

  1. Blum n'avait pas les moyens d'aller au bout de la politique qu'il aurait sans doute voulu mener car les partis « prolétariens » n'étaient pas majoritaires, et donc Blum n'a de fait pas voulu renverser le système. Encore une fois, il y du vrai et du faux dans ce qu'on lui reproche mais Le Canard Enchaîné résume bien l'affaire :
    « Léon Blum, vous êtes trop chic. Vous jouez le fair-play avec les tricheurs. Vous leur prêtez une honnêteté, une franchise, un courage dont ils sont dépourvus. Or, vous avez charge d'âmes.
    Si vous ne renoncez pas à votre charmante gentillesse, si vous n'enfermez pas à double tour les 200 familles dans leur caveau, les 200 familles vous grignoteront et la vieille France deviendra quelque chose comme une nouvelle Espagne. Qui commande ? Vous avez la parole.
     »
    Henri Jeanson, Le Canard Enchaîné – 5 août 1936

  2. Les socialistes n'étaient pas armés en terme de théorie économique pratique. Les théories de Keynes ont plus facilement franchi l'Atlantique que la Manche. Elles commencent tout juste à être mises en œuvre par Roosevelt. Il n'y a pas encore de retour d'expérience. Dans cette logique et pour satisfaire le Parti Radical, les membres du Front Populaire se sont engagés à ne pas dévaluer le Franc : c'était idiot et il fallut le faire dans le pire moment alors qu'on eut pu le faire dès juin 1936. Enfin, dégât collatéral de la crise des « Néos », la question du planisme (théorisé par le socialiste belge Henri de Man) et donc la planification démocratique n'a pas été débattue et intégrée, faisant prendre plus de 10 ans de retard aux outils disponibles pour une politique de gauche.

La première conséquence des soubresauts internationaux impliquent une rupture avec la vulgate socialiste de l'époque : la SFIO, traumatisée par la Guerre, sa participation à l'Union Sacrée et la scission de 1920 qui en découle, est pacifiste jusqu'à l'irrationnel. Elle prône le désarmement unilatéral la baisse des crédits militaires. Or Blum découvre une armée française dans un tel état de dénuement et de désorganisation (conséquences des conceptions de Pétain comme ministre de la défense) qu'il doit engager un plan quinquennal de réarmement, une relance de l'industrie militaire, une réorganisation de l'armée... il auditionnera avec intérêt le Colonel De Gaulle sur sa théorie de la guerre de mouvement. Mais par contre un de ses proches qui a le tort d'être « belliciste anti-fasciste » se verra interdire d'être ministre de la défense pour rassurer les socialistes et les radicaux ; il s'agit de Léo Lagrange dont vous connaissez le bilan comme secrétaire d’État à la jeunesse et aux sports chargé de gérer les premiers congés payés. Le pacifisme de la gauche explique également le manque de réaction face au réarmement de la Ruhr par Hitler qui est intervenu en février 1936.

Sur le terrain du pacte franco-soviétique, il faut noter un changement de posture de l'état-major français qui ne tarissait pas d'éloges sur l'Armée Rouge avant le Front Populaire et commence à contester la pertinence de cette stratégie dès l'installation du cabinet Blum : les purges staliniennes n'ont pourtant pas commencé et n'ont pas encore affecté l'état-major soviétique, ce n'est donc pas la raison de ce changement de pied. Il faut croire que l'idée d'un cabinet socialiste soutenu par les communistes refroidit les généraux et, sur le moyen terme, les conceptions militaires de Pétain vont peu à peu reprendre le dessus. Ce manque de confiance entre Occidentaux et Soviétiques explique en partie le revirement du Pacte Germano-Soviétique d'août 1939.

Au pacifisme profond de la gauche française s'additionnent l'hostilité affirmée des Radicaux et des Britanniques au soutien à la République Espagnole. Blum se sachant incapable de soutenir la République proposera la démission de son gouvernement, celui du Frente Popular lui demandera de rester malgré tout en poste, préférant un gouvernement neutre mais bienveillant à Paris que des Radicaux hostiles. Avec Vincent Auriol (ministre des finances et des douanes) et Jean-Pierre Cot (ministre de l'air, dont le directeur de cabinet est Jean Moulin), Blum organisera le passage en contrebande d'un maximum de matériel. La « non intervention » faisait un pari (insensé ?) sur le fait que Britanniques et Radicaux constateraient la perfidie de l'Allemagne et de l'Italie et comprendraient qu'il fallait agir. Malheureusement, il aura quitté le pouvoir entre temps et le soutien ouvert des fascismes à Franco n'aura jamais fait bouger Britanniques et Radicaux.

La somme de ces contradictions a conduit à la chute du gouvernement Blum. Il essuie un vote de défiance du Sénat, dominé par les Radicaux, sur les questions financières ; en soi, cela n'obligeait pas à la démission du cabinet, mais Léon Blum ne pouvait que constater qu'il n'avait plus de marges de manœuvre avec un Parti Radical redevenu ouvertement hostile et dont les principaux responsables jugeaient déjà que les concessions faites étaient excessives. Le Radical Sarraut reprend la présidence du conseil, refuse la participation des communistes que Thorez avait été autorisé à lui proposer. Les Radicaux vont gérer majoritairement les affaires courantes avec des ministres socialistes.

Dès le début 1938, après l'Anschluss, et l'échec de la formation d'un deuxième gouvernement Blum – qui voulait se donner les moyens financiers et militaires que la situation exigeaient –, les Radicaux et Daladier en tête vont retrouver leurs alliances à droite, déconstruire les acquis du Front Populaire, signer les accords de Münich...

Il est peu pertinent de dire que le Front Populaire existait encore fin 1937...

Conférence sur les 80 ans du Front Populaire à Bezons - Samedi 26 novembre 2016Conférence sur les 80 ans du Front Populaire à Bezons - Samedi 26 novembre 2016
Conférence sur les 80 ans du Front Populaire à Bezons - Samedi 26 novembre 2016Conférence sur les 80 ans du Front Populaire à Bezons - Samedi 26 novembre 2016Conférence sur les 80 ans du Front Populaire à Bezons - Samedi 26 novembre 2016

Tableau de l'évolution électorale des élections législatives de 1924 à 1936

Panoramas des Chambres des Députés de 1924 à 1936

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18 novembre 2016 5 18 /11 /novembre /2016 17:55

Dimanche prochain aura lieu le premier tour de la primaire de la droite et du centre, qui doit désigner le candidat du parti Les Républicains et de l'UDI.

La confusion étant totale à gauche, je sais que nombreux sont les électeurs de gauche qui s'interrogent sur la pertinence d'aller participer à cette consultation, jusque dans les rangs du Parti Socialiste et pourquoi pas parmi les militants de la motion B "à gauche pour gagner !" [qui rassemble l'aile gauche du PS et ceux qu'on appelle les "frondeurs"].

Je comprends que beaucoup s'interrogent sur la situation politique, que vous soyez nombreux à être dépités par l'état dans lequel le quinquennat de François Hollande a plongé la gauche et le pays, que vous soyez nombreux à douter que la gauche puisse encore être présente au second tour de l'élection présidentielle… mais d'ici dimanche, je souhaitais rappeler que la stratégie du « moindre mal » – s'assurer la désignation de Juppé pour éviter un candidat pire – n'a jamais rien donné de bon, que cette réalité est valable aussi bien pour la primaire de droite que pour la recomposition de la gauche.

Je me permets d'insister sur quelques points :

  1. Il n'y a pas eu de déplacements massifs d'électeurs de droite en 2011 pour les primaires citoyennes qui justifieraient « moralement » qu'on s'autorise à faire de même en 2016 pour le camp adverse. Au-delà de quelques provocations gratuites et marquantes (comme Madame Mothron à Argenteuil), ces votes n'ont jamais pesé sur les résultats, tout porte à considérer (si on prend du recul sur les consultations similaires aux États-Unis ou en Italie, ou si on regarde les enquêtes d'opinion) que le nombre d'électeurs de gauche allant voter à cette primaire ne sera jamais assez significatif pour peser sur les résultats. Si donc il n'y a aucune capacité à perturber un jeu qui sera déterminé par les électeurs de la droite et du centre, pourquoi s'exposer aux désagréments qui suivent ;

  2. On participe à une primaire lorsque l'on partage des valeurs avec le camp qui les organise. C'est le sens de la charte que nous avions publiée en 2011 et que nous demandions de signer aux votants ; c'est celui de celle que Les Républicains ont éditée pour leur propre consultation. Stricto sensu, ce qui sera à signer « ne casse pas trois pattes à un canard », puisque les « valeurs de la droite et du centre » n'y sont pas définies. Mais vous avez pu constater quelles étaient aujourd'hui – après trois débats télévisés – les valeurs de la droite et du centre au regard des déclarations de chacun des sept candidats. Le fait même que les six autres candidats acceptent de débattre avec M. Jean-Frédéric Poisson en dit long sur les valeurs qui leurs sont communes. On a constaté à quel point les débats volaient haut par ailleurs, abordant finalement peu leurs programmes tous plus réactionnaires les uns que les autres. Et en écoutant bien les uns et les autres, je suis de moins en moins convaincu que nous partagions quoi que ce soit de commun avec eux ;

  3. Plus la participation à cette primaire sera importante, plus le candidat qui sera désigné en tirera de la légitimité. Plus il sera difficile de lui contester d'être présent au second tour à sa place, plus la dynamique électorale sera importante, plus son élection « probable » au second tour de l'élection présidentielle pourra devenir écrasante. Si nous devions revenir dans l'opposition, nous nous serions encore plus affaiblis – comme si nous en avions besoin avec les quatre années et demi que nous venons de subir – pour contester le programme de régression du nouveau président et reconstruire une gauche digne de ce nom ;

  4. Les Républicains n'ont pas exactement copié le dispositif que nous avions mis en place en 2011 pour les primaires citoyennes. En effet, aucun engagement n'a été pris pour détruire les listes électorales ainsi réalisées (au-delà des gens qui avaient « volontairement » accepté d'être recontactés). Vous vous exposeriez donc à recevoir leur propagande à l'issue de la consultation ad vitam aeternam... Personnellement j'évite le masochisme.

* * *

Mais au-delà de toutes ces considérations, je veux réaffirmer que pour ma part je ne me résigne pas à ce que la gauche soit morte et que d'ici l'élection présidentielle rien ne puisse être fait pour éviter le naufrage et la débandade.

S'il faut participer à une primaire, c'est à celle de la gauche. C'est celle-là qu'il faut faire réussir, y compris malgré tous ceux qui cherchent encore à la faire trébucher. Cela passe par nous assurer qu'il y aura suffisamment de bureaux de vote : il n'est pas nécessaire d'être membre du PS pour être assesseur ou même président d'un bureau de vote.

Cela passe aussi par nous mobiliser en faveur des candidats qui portent une alternative à la politique de François Hollande et Manuel Valls ; et au second tour pour le candidat représentant cette alternative. Nous devons convaincre tous ceux qui ont été déçus par le quinquennat – que ce soit des électeurs socialistes, écologistes ou du Front de gauche – de venir s'exprimer pour mettre en échec une ligne politique qui a affaibli le pays, aggravé les divisions sociales, fracturé la gauche comme jamais auparavant. Seule la victoire d'une alternative à gauche à cette primaire peut encore créer une dynamique qui rebatte les cartes à gauche et permette à notre camp politique de déjouer le fatalisme d'un nouveau 21-Avril qui serait plus encore déflagrateur que le précédent.

Au-delà de l'agitation médiatique, ne nous laissons pas abuser : il n'y a pas de différences notables, sauf des postures et de nouvelles impostures, entre François Hollande, Manuel Valls et Emmanuel Macron, qui ont défendu ensemble les mêmes choix gouvernementaux néo-libéraux, qui les ont imposés au forceps (avec le recours au 49.3) en dépit de notre programme, de nos valeurs et des engagements très modérés de François Hollande lors de la précédente campagne présidentielle.

Et si jamais malgré cette primaire, nous n'arrivions pas à conjurer la défaite, seule la victoire d'une alternative à gauche dans cette primaire nous permettra d'avoir une base suffisante pour reconstruire une gauche de transformation sociale qui s'assume.

Camarades, je vous appelle au sursaut.

Camarades, je vous appelle à l'espoir.

Frédéric FARAVEL
mandataire fédéral de la motion B « à gauche pour gagner !

#Gauche : ne pas se tromper de Primaire !
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22 septembre 2016 4 22 /09 /septembre /2016 12:56

J'assistais hier soir au conseil fédéral de la fédération du Val-d'Oise du Parti Socialiste.

Chacune de ces réunions débute par un débat d'actualité politique et nous avons engagé ensuite la discussion sur le contexte dans lequel les primaires de la gauche vont être organisées.

Il me paraissait nécessaire de revenir sur les semaines passées et la colonisation du débat public par le thème de l'identité, porté par la droite et l'extrême droite. Tout le mois en effet fut occupé par la polémique sur les arrêtés anti-burkini à laquelle l'arrêt du conseil d'Etat ne semble pas voir mis fin, la droite et l'extrême droite demandant désormais à modifier la loi pour l'interdire, l'invocation du "trouble à l'ordre public" ayant été - logiquement - déboutée. On notera cependant que cette perspective se heurte à des écueils juridiques difficilement dépassables (comment interdire à des citoyens de se vêtir "librement" dans l'espace public ?), puisque même la loi sur le niqab n'avait pu se fonder sur l'argument de la laïcité mais avait dû s'appuyer sur des considérations d'ordre public en interdisant les pratiques visant à empêcher l'identification d'un individu dans l'espace public.

Que la droite cherche à chasser sur les plates-bandes xénophobes du Front National n'étonnera personne... Que cette posture tacticienne n'aboutisse qu'à légitimer un peu plus le discours de l'extrême droite est déjà assez dangereux en soi, mais il est plus que regrettable que le Premier Ministre ait cru bon d'apporter son soutien aux maires de droite - mais aussi certains de gauche - qui avait publié ces arrêtés.

De fait, depuis plusieurs années, la gauche se fait dicter le tempo et le thème du débat politique par une droite radicalisée - qui n'a plus grand chose de républicain - et le Front National. Les défenseurs de la ligne de Matignon ont rétorqué à cela que la gauche avait eu tort de laisser la thématique identitaire à la droite et au FN et qu'il était indispensable d'investir ce débat pour apporter une réponse de gauche, une réponse républicaine (comme si tous ceux qui s'autodéfinissent "républicains" y donnaient le même contenu) à la recherche de l'identité nationale. Si c'était cela qui était fait - et parfois c'est le cas comme lorsque le Premier Ministre fut contraint de répondre aux outrances de Laurent Wauquiez lors du débat sur le prorogation de l'état d'urgence à l'Assemblée Nationale ou lors du discours de François Hollande, salle Wagram (qui au passage mit à jour les divergences flagrantes existant sur ce sujet entre le Président de la République et son Premier ministre) -, on pourrait leur donner quitus. Malheureusement, l'exécutif et ses soutiens n'apportent pas de réponse offensive aux interrogations sur l'identité mais acceptent les termes et la logique du débat tel qu'il est imprimé par ce que le Premier secrétaire du PS appelle le bloc réactionnaire. Pour preuve l'instrumentalisation catastrophique du débat initié par François Hollande et Manuel Valls sur l'inscription dans la constitution de la déchéance de nationalité lor de la tentative avorté de réfome constitutionnelle.

Est-on vraiment obligé de se faire constamment dicter - sur les réseaux sociaux et dans les médias - le tempo et les "thèmes de campagne" par la droite et l'extrême-droite ?
N'a-t-on pas des sujets plus urgents pour la vie quotidienne de nos concitoyens (notamment économiques et sociaux) que de dire "la droite c'est des méchants, ce sera pire avec eux" ou "la droite réécrit l'Histoire de France" ou "quelle est la véracité du récit national ?" après la sortie de Sarkozy sur "nos ancêtres les Gaulois" à Franconville...?

Le problème est évidemment plus profond et dépasse le cadre hexagonal... En abandonnant sa mission de transformation sociale, la gauche occidentale – dont la plupart des dirigeants se sont convertis au social-libéralisme version Clinton-Blair – a perdu son audience auprès des classes populaires, qu'elle était censée  - au moins dans l'imaginaire collectif - représenter, défendre, auxquelles elle avait vocation à apporter l'émancipation sous toutes ses formes (économique, sociale, culturelle et personnelle). Le socialisme démocratique n'est pas un économicisme, il porte une vision du monde et ne peut transformer la société qu'à la condition qu'il ait mené et remporté la bataille culturelle : l'ouverture sur le monde, l'acceptation des différences, la prédominance de la science sur la croyance, mais aussi la solidarité et l'échange appartiennent à son message. En oubliant la question sociale, les sociaux-libéraux ont ouvert un espace particulièrement évident pour que les nationaux-populistes imposent la question identitaire comme le cœur du débat politique. Jean-Marie Le Guen - tout à la fois secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement (en mode pompier pyromane) et animateur des "réformateurs" (les amis de Manuel Valls -, d'ailleurs, a validé cette analyse en affirmant que la question identitaire avait désormais remplacé pour de bonnes raisons (selon lui) la question sociale. En France, la question de l'identité ne peut se résoudre qu'à la condition d'être liée à la République. Aujourd'hui le doute républicain s'insinue parce que l'égalité recule ; nous ne pourrons donc engager la reconquête de l'hégémonie culturelle - nécessaire à notre mission de transformation sociale - qu'à la condition de remettre l'égalité et la République sociale au coeur de nos priorités. Car la République ne sera convaincante qu'adossée à la justice sociale. Jaurès disait qu'une fois devenue laïque la République devait devenir sociale et qu'elle ne resterait laïque qu'à la condition d'être sociale...

La crise de la gauche, au sortir de ce quinquennat, et dans un contexte international de désorientation profonde de la social-démocratie est donc multiforme. Les primaires devront à ce titre apporter quelques réponses à cette crise et ne pas se contenter d'être un simple mode de sélection de candidats. En 2011, le facteur essentiel de distinction entre les candidats à l'investiture socialiste pour les Présidentielles s'était concentré sur ce que les médias et les enquêtes d'opinion disaient de la capacité des uns et des autres à l'emporter au second tour contre le candidat sortant. Les électeurs des primaires avaient fait relativement abstraction des propositions des uns et des autres se déterminant en faveur de François Hollande car celui-ci était identifié comme ayant le plus de chance de gagner l'élection présidentielle.

La primaire de 2017 ne s'engage pas de la même manière. D'abord parce qu'à ce stade aucun des candidats à l'investiture ne semble être en mesure de garantir la présence de la gauche au 2nd tour de l'élection présidentielle (on y reviendra) - ce ne peut donc être une donnée discriminante entre eux, même si la dynamique que nous devons créer doit rompre le plafond de verre que François Hollande a construit au-dessus de tous ces remplaçants potentiels. Ensuite parce que le Parti Socialiste a choisi de ne pas préparer de programme pour l'élection présidentielle, considérant qu'un candidat à l'élection n'en tient de toute façon pas compte. Quand on connaît l'implication de la direction du PS en faveur du Président de la République sortant cela permet de mesurer le niveau de confiance qu'elle lui porte en réalité, de ce qu'elle pense de sa capacité de tenir ses propres engagements ou de tenir compte des propositions du principal parti qui le soutient.

En l'absence du programme du PS, l'enjeu autour de la vision et des propositions programmatiques de chacun des candidats va devenir essentiel. Chacun des candidats fera la différence dans sa capacité à imposer sa vision et ses propositions dans l'électorat de gauche aux primaires. Dans ces conditions, l'expression de plusieurs candidatures à gauche de François Hollande n'est donc pas illégitime, à condition qu'elle se fondent sur des propositions différentes et que les candidats alternatifs gardent à l'esprit que l'objectif est d'offrir à la gauche un "véhicule" lui permettant de sortir de l'impasse politique dans laquelle nous ont enfermés François Hollande et Manuel Valls. Cela suppose que ces candidats alternatifs ne se détruisent pas les uns et les autres et privilégient des logiques de convergences et de rassemblement au premier et au second tours des primaires, un gentleman agreement bien compris qui n'a que faire des potentielles querelles d'ego et du crétinisme présidentialiste.

Enfin, si l'on s'en tient aux sondages électoraux actuels, tout en espérant qu'une dynamique soit engagée au sortir des primaires pour lesquelles plus d'un million d'électeurs se seraient déplacés, les primaires citoyennes de la Belle Alliance Populaire pourraient ne pas suffire à sortir de l'impasse. C'est pourquoi, plutôt que moquer l'appel de La Rochelle à des primaires de toute la gauche, les soutiens de la direction du PS devraient plutôt remercier les militants et responsables de la motion B pour avoir affirmer la nécessité d'un candidat de rassemblement de toute la gauche. Si aucune dynamique de rassemblement n'est engagée en dépassant les préventions d'une direction frileuse du PCF et d'un parti écologiste en déshérence, l'accumulation des candidats signficatifs de gauche ou dits de gauche conduit à l'élimination de chacun d'entre au soir du premier tour de l'élection présidentielle et nous condamne à assister à un second tour droite radicalisée/extrême droite. Si Jean-Luc Mélenchon avait une quelconque volonté de conquérir le pouvoir d'Etat, de recomposer la gauche et de permettre à une gauche recomposée d'agir, il viendrait battre François Hollande dans des primaires de toute la gauche. Si le PCF et EELV avaient eux-mêmes cette intention, ils participeraient à ces primaires pour faire battre François Hollande et cornériser Jean-Luc Mélenchon afin d'offrir à la gauche une chance d'être présente au 2nd tour de l'élection présidentielle.

* * *

Le chemin est encore long avant de dépasser de sortir de la seringue dans laquelle les sociaux-libéraux ont emprisonné la gauche. Il y a loin de la coupe aux lèvres avant d'en finir avec cette stratégie suicidaire de "deux gauches irréconciliables". Dans ces conditions, je privilégie donc le choix de la cohérence dans la vision politique, les propositions et les axes stratégiques déployées : la candidature de Marie-Noëlle Lienemann me paraît aujourd'hui - à 4 mois des primaires - la seule à faire preuve de cette cohérence et de ce serieux. C'est pourquoi je défendrai sa candidature afin qu'elle pèse le plus possible dans rendez-vous difficiles que la gauche a devant elle.

Frédéric FARAVEL

 

Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche et Arnaud Montebourg, candidats alternatifs à François Hollande pour les primaires, avec Christian Paul responsable de la motion B du PS, à La Rochelle le dimanche 11 septembre 2016

Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche et Arnaud Montebourg, candidats alternatifs à François Hollande pour les primaires, avec Christian Paul responsable de la motion B du PS, à La Rochelle le dimanche 11 septembre 2016

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