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sur l'auteur

Je m'appelle Frédéric Faravel. Je suis né le 11 février 1974 à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Je vis à Bezons dans le Val-d'Oise. Militant socialiste au sein de la Gauche Républicaine & Socialiste. Vous pouvez aussi consulter ma chaîne YouTube. J'anime aussi le groupe d'opposition municipale de gauche "Vivons Bezons" et je suis membre du groupe d'opposition de gauche ACES à la communauté d'agglomération Saint-Germain/Boucle-de-Seine.
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Gauche Républicaine & Socialiste

20 janvier 2021 3 20 /01 /janvier /2021 09:42
Emmanuel Macron n'est pas Républicain, il est concordataire

La République ne peut être ni concordataire ni même néo-concordataire. On ne peut pas prétendre renforcer les principes républicains lorsqu’on agit au mépris de ces principes !
J'ai découvert, comme d'autres, lundi 18 janvier 2021 enfin de journée, avec stupeur que le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin avait adressé un courrier électronique à l'ensemble des parlementaires pour leur communiquer officiellement une « Charte de principes pour l'Islam de France » (ci-dessous) en ces termes : « Permettez-moi de vous adresser le texte de la charte signé par les représentants de l’Islam en France, ce matin, en présence de Monsieur le Président de la République. »

Il est sidérant que le Président de la République soit présent lors d'une réunion interne du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) visant à valider et signer une telle Charte. Voilà une démarche qui – pas plus que la cérémonie vaticane à laquelle il s'est plié comme certains autres de ses prédécesseurs et qui l'a fait Chanoine de Latran – n'est ni républicaine ni respectueuse de la laïcité.

Disons le clairement : je n'ai pas d'avis négatif en soi sur le fait qu'une organisation confessionnelle et ses membres décident en interne – comme c'est le cas dans d'autres organisations confessionnelles – d'exprimer leur attachement aux valeurs de la République. Je n'insulterai jamais des croyants, quels qu'ils soient, en expliquant que l'expression de cet attachement supérieur qui doit rassembler tous les citoyens français ferait d'eux des « hérétiques » ou des « mécréants », comme un candidat à l'élection présidentielle l'a fait récemment. Ce genre de considérations ne m'intéresse pas et ne devrait d'ailleurs pas tomber sous la plume d'un militant laïque. Il y a dans cette Charte des positions qui peuvent être intéressantes, d'autres qui sont au-delà de mes préoccupations (et peu importe).

Non, le problème vient bien de la démarche de l'exécutif commise par le Président de la République et le ministre de l'Intérieur. La loi de 1905 et le principe de laïcité séparent les Religions et l’État, elles garantissent l'intérêt général en empêchant que des convictions religieuses imposent leur vue à la conduite des affaires publiques, établissent définitivement la souveraineté populaire face à toute tentative d'imposer un « droit divin ». Mais elles établissent aussi la neutralité et la non intervention de l’État dans les affaires internes des associations cultuelles pourvu qu'elles respectent les lois de la République (tout comme les lois sur la liberté d'association en général).

Comment donc interpréter le mépris évident de ces règles de la part de l'exécutif ? Faut-il considérer que le CFCM et ses membres sans cette Charte contrevenaient aux lois républicaine ? Évidemment non !

L'interprétation la plus logique est donc que c'est bien l'exécutif - la Présidence de la République et le gouvernement - qui est à l'origine de cette Charte dans une logique concordataire aberrante et absurde, qu'il avait dit pourtant écarter le 2 octobre 2020 lors du discours d'Emmanuel Macron aux Mureaux, sans être capable d'expliquer comment il l'écartait et sans convaincre qui que ce soit ! Emmanuel Macron joue ici le rôle d'un petit Napoléon Bonaparte ! L'exécutif contrevient donc à un principe cardinal de la République française, mais il agit aussi de manière contre-productive : un tel texte émanant d'une initiative interne et spontanée pourrait être considéré comme positif ; or ce texte semble avoir été imposé de l'extérieur ce qui est la meilleure manière à la fois de créer une polémique, de donner un prétexte pour le dénoncer pour ceux qui parmi les associations cultuelles ont des positions au minimum ambiguës et de ralentir l'infusion nécessaire du ralliement à la République chez certains croyants.

C'est d'ailleurs ce qui est en train de se passer ! En bas de la dite Charte transmise aux parlementaires, car il manque de manière visible plusieurs signatures… ce qui semble bien indiquer que le caractère interne de ce texte est plus que douteux. Enfin, le sénateur LREM des Français de l'étranger, Richard Yung, a hier vendu la mèche sur la nature profonde de la démarche en indiquant sur son blog que « Emmanuel Macron a par ailleurs donné deux semaines aux fédérations absentes pour signer le texte. » Le caractère néo-concordataire du locataire de l'Élysée est ici totalement démontré et c'est la République qui en fait les frais.

L'impératif du respect des principes républicains est valable par tous les citoyens français, qu'ils soient croyants, agnostiques ou athées, qu'ils soient président de la République ou Madame et Monsieur tout le monde.

Frédéric FARAVEL

"Charte de l'islam de France" transmise lundi 18 janvier 2021 aux parlementaires ... avec les signatures et celles qui manquent

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13 janvier 2021 3 13 /01 /janvier /2021 11:15

Le populiste Sadyr Japarov, propulsé au pouvoir à la faveur du soulèvement populaire d’octobre 2020 contre le président Soroonbaï Jeenbekov, a largement remporté la présidentielle kirghize, dimanche 10 janvier. Ses opposants craignent une dérive autoritaire, dans la seule – et tumultueuse – démocratie d’Asie centrale.

Sadyr Japarov, 52 ans, l’homme fort du Kirghizistan depuis le départ du président Jeenbekov, en octobre dernier – poussé à la démission par la rue après des élections législatives présentée comme controversées – a remporté l’élection présidentielle avec près de 80% des voix, selon les résultats préliminaires fournis par la commission électorale.

Le leader nationaliste, qui avait démissionné de son poste de président en exercice pour faire campagne, n’aura donc pas besoin d’un second tour pour conserver les rênes du pays. Son rival Adakhan Madumarov, lui aussi nationaliste, est arrivé deuxième avec 6,7% des suffrages. Il a estimé que le résultat de l’élection était « éloigné de la réalité » et a promis de « réclamer justice par des moyens légaux ». Si les suffrages exprimés reflètent néanmoins l’indéniable popularité de Sadyr Japarov, notamment dans les milieux ruraux, la participation des Kirghiz, qui ont renversé trois présidents en 15 ans, est restée faible, souligne Eurasianet : « À 18 heures, deux heures avant la fermeture des bureaux de vote, seulement 33% d’entre eux s’étaient déplacés. Lors de la dernière élection présidentielle, en 2017, le chiffre était proche de 55% ». Cela n’a pas empêché Japarov de savourer sa victoire, lui qui purgeait, il y a encore trois mois, une peine de onze ans de prison pour l’enlèvement d’un gouverneur régional – une condamnation annulée par la justice après la révolte d’octobre.

Sadyr Japarov promet rien de moins que de sortir « dans un futur proche » de la crise le pays et d'« améliorer nos performances économiques », disant avoir trouvé en arrivant « au pouvoir [une] puissance et l’économie du pays […] en déclin ». La tâche qui l'attend est immense : Japarov est considéré par de nombreux analystes comme un populiste anti-establishment, ce qui le rend imprévisible aux yeux des investisseurs – c'est un comportement qui a été largement toléré pour le dirigeant de la première puissance mondiale mais qui l'est rarement chez ceux de petits pays enclavés. Ses déclarations passées appelant à la nationalisation des mines et autres ressources naturelles sont également une source d’inquiétude pour les financiers étrangers.

Le Kirghizistan est également réputé ingouvernable, la grande pauvreté, les rivalités de clans et les divisions régionales entre le Nord et le Sud ayant régulièrement empêché les gouvernements successifs de contrôler l’ensemble du pays. De plus, la corruption a gangrené beaucoup de gouvernements, profitant des lucratives routes de la contrebande traversant le pays, en provenance de Chine.

Changer les règles démocratiques pour redresser le pays ? Pas forcément rassurant…

C’est pourquoi l’élection présidentielle était également assortie d’un référendum « proposant de renforcer le rôle du président aux dépens du Parlement ». Les électeurs y ont répondu positivement à plus de 81%, même si une telle évolution pourrait mettre en danger la pluralité politique dans la seule réelle démocratie d’Asie centrale.

En réalité, Sadyr Japarov qui soutenait évidemment cette révision constitutionnelle veut créer une Constitution qui lui permettrait potentiellement de rester au pouvoir à vie. Tout pourra être désormais étroitement contrôlé et le gouvernement aurait, selon différentes sources, les armes pour mettre en prison quiconque s'opposerait à lui un peu trop ouvertement.

Une chose est sûre, l’évolution de l’ex-république soviétique de 6,5 millions d’habitants sera suivie de près par Moscou, qui possède toujours une base militaire dans le pays et reste la destination privilégiée de l’émigration kirghize. Des relations que Japarov compte cultiver : Malgré ses positions nationalistes, il a promis à maintes reprises de conserver des liens étroits avec Moscou. Il l’a même répété dimanche, juste après avoir glissé son bulletin dans l’urne : « La Russie est notre partenaire stratégique. »

Reste une interrogation : les nouveaux pouvoirs dont M. Japarov dispose désormais lui donneront sûrement les coudées franches par temps clair ou par petit crachin politique. Mais face à une crise plus profonde, il n'est pas forcément dit que les Kirghiz qui ont souvent renversé leurs présidents démocratiquement élus ne fassent de même avec le Khan supplémentaire que compte désormais l'Asie centrale.

Frédéric Faravel

Sadyr Japarov, ex premier ministre et nouveau président élu du Kirghizistan

Sadyr Japarov, ex premier ministre et nouveau président élu du Kirghizistan

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12 janvier 2021 2 12 /01 /janvier /2021 17:10

Lors du conseil municipal du mercredi 16 décembre 2020, la majorité municipale divers droite de Bezons présentait des tableaux de créations et de suppressions de postes pour délibération.

Deux problèmes étaient posés :

1- plusieurs éléments entre les deux tableaux ne correspondaient pas, au regard des promotions de grades qu'elles étaient censées mettre en œuvre... Sur ce sujet nous n'avons pas eu de réponse précise.

2- ces promotions de grades ou d'échelons auraient dû faire l'objet d'une consultation légalement obligatoire en amont des commissions administratives paritaires. Ce qui n'a pas été le cas, les CAP étant convoquées deux jours après le conseil. L'avis des CAP n'est que consultatif, soit, mais il est obligatoire. Qu'est-ce qui empêchait la municipalité de réunir deux jours plus tôt les CAP ?

Nous avons eu droit à des explications particulièrement nébuleuses de la part de Mme Menhaouara, Maire de Bezons, et de M. Cuvillier, son premier adjoint... Ils n'ont pas su expliquer, contrairement à ce que la Maire a affirmé, que les représentants du personnels (élus par leurs collègues) n'aient pas été consultés en amont comme cela est la règle. Si les CAP doivent redonner un avis le 18 décembre 2020, le conseil municipal devra-t-il donc à nouveau délibérer en janvier ou en février 2021 sur les suppressions de postes ouverts en trop ?

De plus, nous avons appris implicitement qu'une réorganisation profonde des services municipaux étaient en cours : quand donc les représentants du personnel et les conseillers municipaux seront informés et consultés ?

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Responsable du groupe "Vivons Bezons"

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11 janvier 2021 1 11 /01 /janvier /2021 16:16

Lors du conseil municipal du mercredi 16 décembre 2020, la prime Grand Âge et la prime COVID du SIAAD ont enfin été adoptées.

C'était une demande pressante des personnels concernés, qui s'inquiétaient de voir la date butoir s'approcher sans perspective. Mme Florelle Prio, conseillère municipale du groupe "Vivons Bezons" avait d'ailleurs fortement alerté le conseil municipal lors de la séance précédente du samedi 21 novembre et demandé sa mise à l'ordre du jour du conseil qui précéderait la fin de l'année 2020.

Nous nous réjouissons donc que ces deux primes soient désormais rendues possibles par ces deux délibérations, cela tardait !

Au passage, nous avons rappelé que la première était pérenne et ne devait pas être spécifiquement liée à la crise sanitaire et la pandémie de COVID 19 comme cela était par erreur indiqué dans le dossier de séance ; nous avons également exprimé notre vigilance sur les modalités de calcul de la prime COVID du SIAAD et nous nous interrogeons toujours sur le fait que le choix d'un forfait jour soit réellement plus adapté à la prise en compte du nombre d'heures travaillées.

Nous nous rapprocherons des agents pour mesurer les impacts de ce choix de la majorité municipale divers droite.

Frédéric Faravel
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Responsable du groupe municipal "Vivons Bezons"

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10 janvier 2021 7 10 /01 /janvier /2021 18:55

Retour sur le conseil municipal du mercredi 16 décembre 2020.

La majorité municipale divers droite dirigée par Mme Menhaouara a finalement fait adopter une charte des réseaux sociaux dont une large partie vise à autoriser la Maire à censurer l'expression sur les comptes réseaux sociaux de la Ville des opinions politiques qui lui déplaisent. Nous l'avions déjà prévenue le 21 novembre que c'était une mise en cause directe de la liberté d'expression des citoyens et des Bezonnais. Il existe un équilibre fragile dans la loi française entre expression et sanction, il est aberrant de chercher à le compliquer encore à des fins politiciennes autoritaires. La loi permet déjà de supprimer et de sanctionner les commentaires insultants, racistes, appelant à la haine ou faisant l'apologie du terrorisme par exemple : il n'y a pas besoin d'en rajouter. Non Mme Menhaouara considère que toute opinion politique qui lui déplaît doit pouvoir être censurée.

Nous étudions comment faire casser juridiquement cette décision dangereuse ; nous signalerons au Préfet dans les prochains jours cette délibération et nous appelons toutes les Bezonnaises et Bezonnais qui sont choqués par ces méthodes à se rapprocher de nous en écrivant à vivonsbezons@gmail.com pour préparer ensemble les démarches nécessaires.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste
Responsable du groupe municipal "Vivons Bezons"

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7 janvier 2021 4 07 /01 /janvier /2021 14:52

Hier le groupe municipal "Vivons Bezons" publiait un appel et un projet de vœu pour proposer la candidature de la commune de Bezons à l'accueil d'un centre de vaccination anti-COVID grand public. Aujourd'hui j'ai écrit au nom du groupe municipal à la Maire de Bezons pour lui demander de bien vouloir entamer les démarches nécessaires auprès de l'Agence Régionale de Santé. Vous trouverez la copie de ce courrier ci-dessous.

courrier du groupe municipal "Vivons Bezons" à la Maire de Bezons en faveur de la candidature de la commune à l'accueil d'un centre de vaccination anti-COVID grand public

courrier du groupe municipal "Vivons Bezons" à la Maire de Bezons en faveur de la candidature de la commune à l'accueil d'un centre de vaccination anti-COVID grand public

Par ailleurs, à l'appui de la proposition du groupe municipal "Vivons Bezons", la section Jacky-Leser du PCF de Bezons et la Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons ont pris l'initiative de lancer une pétition en ligne et sous format papier pour recueillir le soutien des habitants à cette démarche. Vous trouverez toutes les informations ci-dessous.

Frédéric Faravel
conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons

responsable du groupe municipal "Vivons Bezons"

pour rejoindre la pétition suivre l'adresse suivante : https://forms.gle/dkUUakV7gfMkLtzG7

Deux initiatives complémentaires pour obtenir l'accueil d'un centre de vaccination anti-COVID grand public à Bezons
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6 janvier 2021 3 06 /01 /janvier /2021 15:24

L'année 2021 s'ouvre sur un espoir : celui du vaccin contre le COVID-19. Les premières vaccinations ont commencé, pour les personnes vulnérables en EHPAD et pour les soignants exposés. Mais il faut que le nombre de personnes vaccinées augmente vite si nous voulons être collectivement protégés : c'est la condition pour sortir enfin de cette terrible crise sanitaire !

C'est pourquoi le groupe des conseillers municipaux "Vivons Bezons" propose que notre Ville soit volontaire pour accueillir un centre de vaccination grand public afin que les Bezonnais qui veulent se faire vacciner puissent enfin le faire sans tarder ! Nous proposerons un vœu en ce sens lors du prochain conseil municipal que vous trouverez ci-dessous et qui sera adapté si nécessaire en fonction de l'évolution de la situation.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Responsable du groupe municipal "Vivons Bezons"

proposition de vœu pour la candidature de Bezons comme centre de vaccination anti-COVID grand public

proposition de vœu pour la candidature de Bezons comme centre de vaccination anti-COVID grand public

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21 décembre 2020 1 21 /12 /décembre /2020 16:00

Mercredi 16 décembre 2020, le conseil municipal de Bezons était appelé à se prononcer sur le projet de règlement intérieur du conseil municipal qui encadre son fonctionnement, les droits des élus et la mise en œuvre de la démocratie municipale.

Avant que mon collègue Arnaud Gibert intervienne, je suis revenu sur une partie (seulement) des nombreuses irrégularités et illégalités qui parsèment ce règlement intérieur et met en cause gravement la démocratie locale ; Arnaud Gibert pointe clairement ensuite le problème : ce texte et sa méthode d'élaboration sont tout à la fois une farce et une déclaration de guerre.

Nous saisirons le Préfet du Val-d'Oise et nous déposerons une requête au tribunal administratif de Cergy, car c'est la démocratie et la liberté d'expression des 66% de Bezonnaises et Bezonnais qui n'ont pas voté pour la maire qui sont en jeu.

Frédéric FARAVEL
Conseiller municipal et Communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons
Responsable du groupe "Vivons Bezons"

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17 décembre 2020 4 17 /12 /décembre /2020 16:17

Dans quelques jours, le Parti Communiste Français fêtera ses 100 ans. C'est en effet du 25 au 30 décembre 1920 que se tint le fameux congrès de Tours qui scinda durablement le mouvement ouvrier français en deux, avec d'un côté les partisans du socialisme démocratique et de l'autre le communisme tel qu'il était alors défini par Lénine et Trotski. C'était un temps d'avant les congés payés et les formations ouvrières et socialistes devaient profiter des fêtes religieuses chômées pour organiser leurs congrès.

De la SFIO au PC-SFIC

Cette scission profonde vient à la fois de loin et fut en même temps un coup de tonnerre ; elle représente plus une puissante réplique intellectuelle, idéologique et psychologique du déclenchement de la Première Guerre Mondiale que des débats internes et anciens qui précédèrent et accompagnèrent la vie tumultueuse de la première SFIO ou même des Révolutions russes de 1917. Il faut solder la trahison de l'Internationale ouvrière qui n'a pas su empêcher le conflit par une action concertée, solder la trahison bien concrète celle-ci du SPD cœur du marxisme international et à sa suite d'à peu près toutes les représentations parlementaires socialistes qui ont voté les crédits de guerre puis se sont engagées dans les Unions Sacrées et autres Burgfrieden.

Les conséquences démographiques de la Grande Guerre sont également majeures : le parti qui sort de la guerre n'a plus les mêmes adhérents et n'a plus les mêmes responsables. Jean Jaurès a été assassiné ; Édouard Vaillant, le vieux militant blanquiste, est mort en 1915 ; Jules Guesde est malade. Les effectifs militants de la SFIO ont été comme toute la société française durement frappés par l'hécatombe des tranchées ; les adhérents de 1918 sont donc plus jeunes et regardent évidemment depuis février 1917 vers la Révolution en Russie qui vient de prendre un tournant radical en novembre avec le « putsch » bolchévique.

Ces jeunes militants sont donc plus enclins à écouter les arguments de Fernand Loriot, Boris Souvarine et Pierre Monatte, principaux animateurs du courant pro-bolchéviques. Ils veulent régénérer idéologiquement et presque spirituellement un parti qui a failli comme le reste des partis social-démocrates face à la guerre. Le sentiment de culpabilité et de trahison incite également des parlementaires comme Marcel Cachin à abandonner leur « social-chauvinisme » de 1914 pour retrouver une forme de pureté politique dans la transformation du parti.

Marcel Cachin, Fernand Loriot, Boris Souvarine, Pierre Monatte, Ludovic-Oscard Frossard, principaux artisans du basculement de la SFIO dans l'Internationale Communiste

Marcel Cachin, Fernand Loriot, Boris Souvarine, Pierre Monatte, Ludovic-Oscard Frossard, principaux artisans du basculement de la SFIO dans l'Internationale Communiste

Il y aura eu en réalité de multiples malentendus autour des fameuses conditions d'admission du parti français à l'Internationale Communiste. Ces conditions s'élevaient à 9 lors du voyage à Moscou ; elles sont portées à 21 en août après le départ des deux délégués français1 Ludovic-Oscar Frossard et Marcel Cachin. Ces conditions, principalement rédigées par Lénine, imposent un mode de fonctionnement autoritaire, excluant tous les réformistes et s'engageant à un soutien sans faille envers Moscou pour la révolution prolétarienne mondiale. Bien des responsables de la majorité de la SFIO qui se prépare à rejoindre la nouvelle internationale considèrent que ces conditions sont de pure forme et qu'ensuite le parti poursuivra sa vie : c'était sans compter la volonté des plus bolchéviques de construire non seulement un nouveau parti, mais aussi un militant nouveau et un Homme nouveau sur les décombres de la civilisation bourgeoise, et des dirigeants de l'Internationale.

C'est le 27 décembre 1920 que Léon Blum prononça son fameux discours qui va être une référence essentielle à la définition du socialisme démocratique français dans la lignée de Jean Jaurès durant plusieurs décennies. Il oppose au centralisme démocratique et la primauté des « directions clandestines » dans le parti que veulent imposer Lénine et le parti bolchévique la représentation proportionnelle et la démocratie dans le parti ; il oppose à la dictature du parti, avant-garde déconnectée de la réalité du peuple, sur la société une analyse de la « dictature du prolétariat » qui la rend compatible avec la démocratie représentative en tant que « dictature » de la majorité sur la minorité pour peu que cette majorité soit cohérente avec l'expression populaire ; il oppose la transformation de la société conduite par cette avant-garde léniniste, par la violence politique si nécessaire, à une transformation de la société qui commence avant la prise du pouvoir par la conquête progressive de ce qui sera conceptualisé plus tard par Gramsci comme une hégémonie culturelle, permettant la transformation économique révolutionnaire. Selon Léon Blum, le bolchevisme s'est détaché du socialisme et du marxisme parce qu'il confond la prise du pouvoir avec la Révolution, le moyen avec la fin, qu'il oriente toute sa tactique vers cette conquête du pouvoir, sans tenir compte ni du moment, ni des circonstances, ni des conséquences, qu'il tend vers la conservation du pouvoir politique absolu, bien qu'il se sache hors d'état d'en tirer la transformation sociale. Lui qui n'est pourtant pas un intellectuel qui s'est construit dans l'idéologie marxiste à l'origine mène durant son discours une démonstration marxiste implacable pour démontrer à quel point le Léninisme s'en détache. Pour lui il s'agit d'une doctrine entièrement nouvelle et Blum aura de nombreux accents prophétiques dans lesquels nombreux sont ceux qui y voient l'annonce des terriblement dévoiement staliniens et de l'implacable marche vers un césarisme sanglant rendu nécessaire pour contraindre un peuple qui ne voudrait plus du parti bolchévique.

« Sur tous les terrains, au point de vue doctrinal comme au point de vue tactique, [le congrès de l'Internationale Communiste] a énoncé un ensemble de résolutions qui se complètent les unes les autres et dont l’ensemble forme une sorte d’édifice architectural, entièrement proportionné dans son plan, dont toutes les parties tiennent les unes aux autres, dont il est impossible de nier le caractère de puissance et même de majesté. Vous êtes en présence d’un tout, d’un ensemble doctrinal. »

Léon Blum

Léon Blum

« Je ne connais, pour ma part, en France qu’un socialisme, celui qui est défini par les statuts, et qui est un socialisme révolutionnaire. Personnellement, je ne connais pas deux espèces de socialisme, dont l’un serait révolutionnaire et dont l’autre ne le serait pas. Je ne connais qu’un socialisme, le socialisme révolutionnaire, puisque le socialisme est un mouvement d’idées et d’action qui mène à une transformation totale du régime de la propriété, et que la révolution, c’est, par définition, cette transformation même. […] Révolution, cela signifie, pour le socialisme traditionnel français : transformation d’un régime économique fondé sur la propriété privée en un régime fondé sur la propriété collective ou commune. C’est cette transformation qui est par elle-même la révolution, et c’est elle seule, indépendamment de tous les moyens quelconques qui seront appliqués pour arriver à ce résultat. […] Mais l’idée révolutionnaire comporte ceci : qu’en dépit de ce parallélisme, le passage d’un état de propriété à un autre ne sera pas par la modification insensible et par l’évolution continue, mais qu’à un moment donné, quand on en sera venu à la question essentielle, au régime même de la propriété, quels que soient les changements et les atténuations qu’on aura préalablement obtenus. Il faudra une rupture de continuité, un changement absolu, catégorique. […] Cette rupture de continuité qui est le commencement de la révolution elle-même a, comme condition nécessaire, mais non suffisante, la conquête du pouvoir politique. »

« Ouvrez votre carte du Parti. Quel est l’objet que le parti socialiste jusqu’à présent se donnait à lui-même ? C’est la transformation du régime économique. Ouvrez les statuts de l’Internationale communiste. Lisez l’article dans lequel l’Internationale définit son but. Quel est ce but ? La lutte à la main armée contre le pouvoir bourgeois. »

« Quand il y a juxtaposition d’organes publics ou clandestins, à qui appartient nécessairement l’autorité réelle ? Où réside-t-elle ? Par la force des choses, dans l’organisme clandestin. Cela est fatal, et les thèses reconnaissent cette nécessité. Paul Faure vous a lu les textes : c’est toujours l’organisme clandestin qui doit contrôler effectivement l’organisme public. Comment ces organismes se formeront-ils ? Est-ce qu’à l’issue de ce congrès, après avoir nommé votre comité directeur public, vous allez procéder à la nomination du comité clandestin ? Est-ce que vous allez mettre aux voix la désignation de cet organisme ? Votre comité directeur occulte ne pourra donc pas naître d’une délibération publique de votre congrès, il faudra qu’il ait une autre origine. Il faudra que sa constitution vous soit apportée du dehors. Ceci revient à dire que, dans le Parti qu’on veut nous faire, le pouvoir central appartiendra finalement à un comité occulte désigné – il n’y a pas d’autre hypothèse possible – sous le contrôle du comité exécutif de l’Internationale elle-même. Les actes les plus graves de la vie du Parti, ses décisions seront prises par qui ? Par des hommes que vous ne connaîtrez pas. »

« Nous pensons que tout mouvement de prise du pouvoir qui s’appuierait sur l’espèce de passion instinctive, sur la violence moutonnière des masses profondes et inorganiques, reposerait sur un fondement bien fragile et serait exposé à de bien dangereux retours. Nous ne savons pas avec qui seraient, le lendemain, les masses que vous auriez entraînées la veille. Nous pensons qu’elles manqueraient peut-être singulièrement de stoïcisme révolutionnaire. Nous pensons qu’au premier jour où les difficultés matérielles apparaîtraient, le jour où la viande ou le lait arriveraient avec un peu de retard, vous ne trouveriez peut-être pas chez elles la volonté de sacrifice continu et stoïque qu’exigent, pour triompher jusqu’au bout, les mouvements que vous envisagez. Et ceux qui auraient marché derrière vous la veille seraient peut-être, ce jour-là, les premiers à vous coller au mur. Non, ce n’est pas par la tactique des masses inorganiques entraînées derrière vos avant-gardes communistes que vous avez des chances de prendre le pouvoir. Vous avez des chances de prendre le pouvoir dans ce pays, savez-vous comment ? Par de vastes mouvements ouvriers à caractère organique, supposant une éducation et une puissance de moyens poussés aussi loin que possible. Vous ne ferez pas la révolution avec ces bandes qui courent derrière tous les chevaux. Vous la ferez avec des millions d’ouvriers organisés, sachant ce qu’ils veulent, quelles méthodes ils emploieront pour aller au but, prêts à accepter les souffrances et les sacrifices nécessaires. »

Léon Blum conclut en espérant que la rupture ne soit pas définitive : « Nous sommes convaincus, jusqu’au fond de nous-mêmes, que, pendant que vous irez courir l’aventure, il faut que quelqu’un reste garder la vieille maison. […] Dans cette heure qui, pour nous tous, est une heure d’anxiété tragique, n’ajoutons pas encore cela à notre douleur et à nos craintes. Sachons nous abstenir des mots qui blessent, qui déchirent, des actes qui lèsent, de tout ce qui serait déchirement fratricide. Je vous dis cela parce que c’est sans doute la dernière fois que je m’adresse à beaucoup d’entre vous et parce qu’il faut pourtant que cela soit dit. Les uns et les autres, même séparés, restons des socialistes ; malgré tout, restons des frères qu’aura séparés une querelle cruelle, mais une querelle de famille, et qu’un foyer commun pourra encore réunir. »

La motion Paul Mistral sur le refus de s'engager dans la voie des exclusions réclamées par Zinoviev est repoussée le 30 décembre par 3247 voix contre 1398. Les minoritaires quittent alors le congrès avant son achèvement, laissant la salle à la majorité communiste, qui fonde la Section Française de l'Internationale Communiste (SFIC, rapidement rebaptisée PC-SFIC).

La tribune du Congrès de Tours entre les 25 et 30 décembre 1920

La tribune du Congrès de Tours entre les 25 et 30 décembre 1920

Le nouveau parti connaîtra des débuts difficiles, violemment ballotté dans les luttes de pouvoir qui suivent le retrait de Lénine du devant de la scène dès 1922 puis sa mort en janvier 1924. La « bolchevisation du parti » exigée par les jeunes du congrès de Tours contre les « vieux socialistes » (comme le secrétaire général Frossard) finira par leur être fatale quand celle-ci deviendra synonyme de mise au pas du PC-SFIC par la troïka Kamenev-Zinoviev-Staline puis par Staline seul. Ainsi six ans après le congrès de Tours, des principaux acteurs qui ont obtenu l'adhésion de la SFIO à l'Internationale Communiste il ne reste plus que Cachin. Cette période n'en est pas moins riche de combats courageux et légitimes contre l'occupation de la Ruhr en 1923 ou la Guerre du Rif en 1925, qui vaudront à plusieurs des dirigeants du parti d'être emprisonnés. Mais le PC-SFIC sur les ordres du Komintern s'enfonce dans une impasse stratégique avec la stratégie « classe contre classe » qui assimile socialistes et fascistes, les alliés potentiels et anciens frères aux ennemis mortels. De 1926 à 1928, Pierre Sémard tentera la stratégie de « front unique » à un moment où la bride du parti russe s'était relâchée ; mais alors que ses efforts commençaient à payer et que le PC-SFIC remontait la pente, fin 1926, Staline évince définitivement ses anciens alliés Zinoviev, Kamenev et son rival de toujours Trotski, qui participaient encore à la direction collégiale depuis la mort de Lénine. La stratégie « classe contre classe » de rupture avec les socialistes a donc de nouveau les faveurs du Komintern qui pousse en avant les JC (Jeunesses communistes, alors dirigées par Doriot, également député de Saint-Denis) pour mettre en œuvre cette ligne ultra sectaire. Sémard n'y résistera pas.

Le PCF, parti de la classe ouvrière … vraiment !

Cette stratégie perdurera jusqu'en 1934 et à la prise de conscience du danger fasciste en France, et de la menace géopolitique nazie par Staline : les intérêts géopolitiques du dictateur soviétique et la nécessité politique française et du parti rebaptisé PCF correspondent enfin. Au passage Doriot converti entre temps à l'alliance avec la gauche aura été exclu par Maurice Thorez pour des questions de discipline ; on connaît ensuite son parcours vers le fascisme et la collaboration active avec l'occupant nazi. Sans cette conversion soudaine et bienvenue, jamais la réunification de la CGT n'aurait été possible, jamais le Front populaire n'aurait été possible, jamais le mouvement social n'aurait été victorieux dans la foulée d'élections législatives qui donnent pour la première fois à la SFIO la première représentation parlementaire et au PCF 72 députés (contre 23 en 1932). Il est frappant de constater la modération du programme du PCF à cette occasion qui répond à la modération du programme officiel du Front populaire, quand le programme électoral propre de la SFIO était beaucoup plus radical et sera de fait largement mis en application lors de l'été 1936 : sans cette modération du PCF et sa « main tendue aux catholiques », les résultats auraient été différents.

C'est le début de la « nationalisation » du PCF, son intégration complète dans l'échiquier républicain. Si l'on écarte la parenthèse désastreuse du pacte germano-soviétique – conséquence des errements géostratégiques de Staline et de l'incapacité psychologique et politique des partis communistes de cette époque à désobéir à Moscou – c'est la renaissance du Parti Communiste Français comme organisation essentielle à la République française. Dès avant l'été 1941 et l'opération Barbarossa, les cadres communistes vont s'impliquer dans la Résistance d'abord par des initiatives spontanées puis dès l'été 1941 par une volonté concertée et de plus en plus efficace qui en fera un des atouts majeurs dans la Libération du pays – en tant que parti et au travers des mouvements de Résistance qui lui sont liés (Front National, Francs Tireurs et Partisans, MOI) – et dans le rapport de force nécessaire à l'indépendance de la France face aux intentions initiales des Anglo-Saxons dans la reconstruction de l'Europe.

Si le programme du Conseil National de la Résistance – qui continue d'être une référence historique et pratique pour l'ensemble de la gauche – doit plus dans son élaboration à Daniel Mayer et ses camarades socialistes, sa mise en œuvre à la Libération et l'effort nécessaire pour la Reconstruction du pays ont une dette immense à l'égard du PCF. À jamais, la création de la Sécurité Sociale restera associée à l'action et à la mémoire d'Ambroise Croizat. Malgré la rupture de 1946-1947 – une nouvelle fois sur ordre de Moscou – au prétexte du rejet du Plan Marshall et de défendre l'indépendance nationale et l'échec des grèves insurrectionnelles de 1947, le PCF et la CGT – passée dans l'orbite communiste – ont contribué comme aucun autre parti français à cette époque à « nationaliser » la classe ouvrière française, à donner une représentation politique à ses aspirations et à l'incarner humainement, pratiquement depuis les conseils municipaux jusqu'à l'Assemblée nationale, mais aussi dans les usines. C'est le PCF que cela plaise ou non qui a apporté – bien que tous les ouvriers français ne soient pas communistes – aux ouvriers français leur pleine dignité et leur pleine place dans notre pays comme citoyens.

Malgré les ambiguïtés politiques de la direction nationale du PCF, il faut aussi souligner l'engagement parfois au prix de leur vie de nombreux militants, cadres et intellectuels communistes pour les indépendances et contre la guerre civile en Algérie. Le PCF a eu également une attitude irréprochable face à la constitution de la Cinquième République et aux dérives inévitables qu'elle allait générer surtout après sa modification en 1962 pour faire élire le président de la République au suffrage universel. Il y a évidemment les retards à reconnaître la réalité du rapport Kroutchev sur les crimes de Staline, mais la normalisation politique fit rapidement son effet.

Léon Blum, Maurice Thorez et Roger Salengro à la tribune d'un rassemblement du Front Populaire

Léon Blum, Maurice Thorez et Roger Salengro à la tribune d'un rassemblement du Front Populaire

Pour des socialistes, la conception de l'union de la gauche c'est le congrès d'Epinay de juin 1971, le choix du PS avec Mitterrand de mettre un terme au préalable de la réduction des écarts idéologiques avec le PCF avant d'élaborer un programme commun de la gauche pour privilégier celui-ci. Ce n'est pas faux, mais ce n'est pas toute la vérité. Il y a évidemment le choix de soutenir François Mitterrand comme candidat unique de la gauche à l'élection présidentielle de 1965 ; il y a ensuite le « manifeste de Champigny » par lequel le Comité central du PCF tente de tirer la leçon de Mai-68 et de la bérézina électorale qui l'a suivi en avançant vers l'union de la gauche et en ouvrant la voie à l'eurocommunisme ; c'est Guy Mollet qui refusera la reconduction de l'expérience présidentielle de 1965 en 1969 et lors des élections municipales de mars 1971 c'est le PCF qui fut souvent unitaire pour deux, soutenant parfois des maires socialistes là où ses résultats électoraux auraient pu l'inciter à prendre le leadership.

Il est faux de dire que la stratégie d'union de la gauche fut fatale au PCF : dans le bastion de gauche qu'étaient les Bouches-du-Rhône dans les années 1970, c'est lui qui en profite face à un PS deferriste qui n'a pas renoncé à être une nouvelle forme de SFIO. Le PS ne prend le leadership que là où les socialistes ont compris qu'un nouvelle ère s'ouvrait, qu'il fallait être inventif et dynamique. Évidemment, l'élection présidentielle de 1981 solde définitivement la prééminence du PS sur la gauche. Mais le PCF ne fut jamais remplacé politiquement dans la population française. La crise de la sidérurgie sera le début d'un nouveau processus de rupture entre le PS et la classe ouvrière ; rupture qui, après le presque rejet du traité de Maastricht en 1992, allait coûter la qualification au second tour de l'élection présidentielle de Lionel Jospin en 2002. La gauche – au-delà de toutes les considérations sur les modifications sociales parmi les ouvriers – en fait toujours les frais.

Le soviétisme est mort, mais l'idéal de la République sociale vit

Entre temps, l'URSS s'était effondré après que la guerre d'Afghanistan ait démoralisé l'empire soviétique et que la chute du Mur de Berlin l'eut dépouillé de ses « satellites ». C'était sans doute le sens de l'histoire : la course à l'armement avec les États-Unis d'Amérique ont sans doute donné le coup de grâce économique à Moscou, mais la nature même du régime, la dictature héritière du totalitarisme stalinien, n'était pas tenable, car il représentait un dévoiement total de l'idéal socialiste et communiste né au XIXème siècle et qu'il prétendait réduire à lui seul. Ce régime était d'ailleurs à mille lieux de la réalité politique, militante, municipale et parlementaire que vivaient et défendaient les militants et les élus du PCF. Ce parti et ces militants ont sûrement pâti de leur incapacité à rompre avec l'Union soviétique lorsqu'elle n'avait pas engagé son dégel... mais d'une manière générale, c'est l'ensemble de la gauche européenne qui a subi les contrecoups de l'effondrement soviétique : d'une part, parce que la faillite du modèle soviétique et bolchévique a semblé signifié pour beaucoup d'acteurs et de commentateurs intéressés la preuve de la déchéance de toute espérance socialiste, de toute vision de gauche ; d'autre part, parce que les social-démocraties occidentales et (même) les eurocommunismes – pas si éloignés que cela au bout du chemin – fonctionnaient souvent comme des propositions politiques de compromis, ni le capitalisme américain débridé, ni le dirigisme autoritaire soviétique. Une fois le second tombé, la faiblesse idéologique interne de ces compromis ne leur a pas permis de résister au néolibéralisme et à son « petit frère » le social-libéralisme, la « troisième voie ».

Robert Fabre (MRG), François Mitterrand (PS) et Georges Marchais (PCF)

Robert Fabre (MRG), François Mitterrand (PS) et Georges Marchais (PCF)

C'est peut-être là une des chances de la gauche française : ressourcer nos racines dans une particularité de notre histoire et de actualité politique, la République et la fusion jauressienne entre le Socialisme et la République, continuation ambitieuse de l'idéal révolutionnaire. En cela, l'évolution du PCF après guerre le fait très largement converger avec la tradition de la gauche républicaine. Ce parti est aujourd'hui traversé comme toute la gauche française de débats fébriles au regard de l'évolution de la société française. Mais tous les éléments de rupture qui avaient séparé communistes et socialistes français en 1920 n'ont eux plus aucune actualité. Plutôt que de faire un « Congrès de Tours à l'envers », plutôt que de sommer les militants communistes de revenir à la « vieille maison » qu'ils n'ont jamais connue, le temps pourrait venir d'être constructifs et de bâtir une large et grande maison de la Gauche Républicaine, abritant toutes celles et tous ceux qui ont pas abandonné leur foi dans l'idéal révolutionnaire et dans la République sociale.

Frédéric FARAVEL
conseiller municipal et communautaire Gauche Républicaine et Socialiste de Bezons

100 ans de Parti Communiste Français … vers une maison commune de la Gauche Républicaine ?

1Les 21 conditions d'adhésion à l'internationale communiste :

1. La propagande et l'agitation est subordonnée par l'IC et le comité central du parti.

2. Élimination des éléments réformistes et centristes au sein du parti, doit être privilégié des travailleurs.

3. Le parti communiste doit faire des actions illégales pour remplir le devoir révolutionnaire.

4. Propagande communiste, même illégale, au sein des troupes

5. Action communiste systématique au sein des campagnes.

6. Refus du compromis internationaliste[précision nécessaire], prône la révolution anti-capitaliste.

7. Rupture avec les centristes et les réformistes.

8. Les partis doivent mener la lutter contre leurs gouvernements, pour les peuples opprimés.

9. Des noyaux communistes doivent noyauter les syndicats, soumis au parti.

10. Opposition totale à l'internationale syndicale d'Amsterdam

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15 décembre 2020 2 15 /12 /décembre /2020 13:50
Coralie Delaume (photo de Margot Lhermitte)

Coralie Delaume (photo de Margot Lhermitte)

Nous* avons appris tôt ce matin du 15 décembre 2020 le décès de Coralie Delaume, essayiste de talent, d’un cancer foudroyant.

Notre première pensée va à sa famille et à ses proches à qui nous adressons nos plus sincères condoléances et dont nous partageons la peine.

Coralie Delaume était connue de beaucoup d’entre nous avec qui elle avait créé des relations intellectuelles fortes. Son départ aujourd’hui est d’autant plus difficile et douloureux à relater que nous perdons une amie.

Elle avait fait la démonstration dans plusieurs ouvrages d’une réelle profondeur et rigueur intellectuelle, une qualité qu’on voudrait plus fréquente aujourd’hui et dans notre génération. Coralie écrivait de manière limpide et pédagogique, elle savait défendre un point de vue âpre, assumer des débats difficiles et délicats sans jamais tomber dans l’agressivité comme on le rencontre trop souvent et toujours avec un grand respect pour ses interlocuteurs.

Nous lui sommes profondément reconnaissant de nous avoir accompagnés durant toutes ses années – que nous venions de Maintenant la Gauche, du Mouvement Républicain et Citoyen ou d’ailleurs – dans notre réflexion politique. Elle a contribué avec quelques autres à remettre au cœur du débat politique la nécessité d’une critique salutaire de la dérive ordo-libérale de la construction européenne. Elle a su donner à de nombreux militants de gauche les armes et les arguments pour remettre au centre des préoccupations politiques la question de la souveraineté, populaire, nationale – des concepts qui avaient été trop souvent détournés dans les décennies précédentes. Elle avait ainsi apporté sa pierre à la résurgence de la Gauche républicaine et de l’idéal de la République sociale qui avaient tant manqué à notre pays.

Nous vous encourageons toutes et tous à lire ses essais notamment Europe, les États désunis (2014), Le Couple franco-allemand n’existe pas (2018) ou encore celui co-écrit avec David Cayla, La fin de l’Union Européenne (2017). C’est en étant pris par son écriture, son sérieux mais aussi sa causticité que vous lui rendrez le meilleur hommage.

Coralie, que te dire ? Que nous continuerons le combat et la réflexion qui nous liaient, bien sûr… mais avant tout nous conserverons la mémoire de ton sourire et de ton humanité.

 

* j'ai écrit ces lignes pour la Gauche Républicaine et Socialiste

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